(Hamilton et Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau convoque ses homologues des provinces à une rencontre le 7 février à Ottawa afin de discuter d’une nouvelle entente pour augmenter les transferts en santé.

M. Trudeau a confirmé la tenue de cette rencontre au dernier jour d’une retraite du cabinet à Hamilton. Le premier ministre du Québec François Legault et celui de l’Ontario Doug Ford ont rapidement confirmé leur présence.

M. Trudeau a précisé qu’il ne s’attendait pas à « signer » une entente formelle avec ses homologues provinciaux dès le 7 février.

« Ce n’est pas pour signer [une entente]. C’est une rencontre de travail où nous allons présenter notre vision pour nous permettre d’avancer ensemble. […]. On devrait pouvoir conclure dans les semaines qui viennent de bons accords », a indiqué le premier ministre.

« C’est une rencontre de travail. Ce ne sera pas le moment de célébrer. Mais je pense que c’est un moment où les Canadiens vont pouvoir voir, avec beaucoup de positivisme, les différents paliers de gouvernement se rassembler pour régler les problèmes d’aujourd’hui et pour les années à venir », a-t-il ajouté.

L’entente que souhaite conclure Ottawa serait d’une durée de 10 ans, a confirmé une source libérale mardi soir. Cette entente serait toutefois réévaluée après cinq ans afin de tenir compte des changements démographiques et d’ajuster les montants si cela s’avère nécessaire.

Parallèlement, Ottawa entend signer des accords bilatéraux avec chacune des provinces afin de tenir compte de leurs besoins. Certaines provinces pourraient ainsi utiliser cet argent pour leurs priorités respectives en matière de soins de santé, comme la santé mentale, les soins primaires, ou encore s’attaquer plus rapidement à la liste d’attente en chirurgie, selon des informations obtenues par La Presse.

Depuis plusieurs mois, les premiers ministres des provinces demandent à Ottawa d’augmenter les transferts en santé à la hauteur de 28 milliards de dollars. Une telle hausse ferait en sorte que le gouvernement fédéral payerait 35 % la facture totale liée aux coûts des soins de santé, comparativement à 22 % aujourd’hui, selon les calculs des provinces.

M. Trudeau a refusé de divulguer les investissements supplémentaires que son gouvernement est prêt à faire. Mais il est d’ores et déjà acquis que ce ne seront pas les 28 milliards de dollars que réclament les provinces.

« On sait qu’on a un montant approprié à proposer aux provinces. On est sûrs qu’on va avoir des discussions là-dessus. Mais pour nous, la grande préoccupation n’a jamais été juste le montant d’argent. Les Canadiens savent très bien qu’au cours des années, il y a eu beaucoup d’investissements dans le système de santé qui ne se sont pas toujours traduits par de meilleurs résultats. Ce sur quoi nous travaillons maintenant, c’est de s’assurer qu’on met l’accent sur les résultats », a-t-il expliqué.

Prenant la parole plus tard en point de presse, le ministre de la Santé Jean-Yves Duclos et son collègue des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc ont dit avoir bon espoir qu’Ottawa et les provinces parviendront à parapher des ententes d’ici quelques semaines, avant la présentation du prochain budget fédéral.

Le ministre Duclos a fait valoir que ces ententes pourraient permettre de faire entrer les réseaux de santé dans la modernité, notamment au chapitre du partage des données.

« Il y a trois raisons pour lesquelles je crois que ça va être effectivement le cas. La première, c’est que la technologie existe déjà. La deuxième, c’est qu’on est en retard par rapport à d’autres pays et qu’on veut donc suivre leur exemple. La troisième, c’est que la difficulté d’accéder à des données en santé mène à des pertes de vie et il y a des pertes considérables d’argent », a avancé M. Duclos.

Le gouvernement fédéral a transféré 45,2 milliards aux provinces pour les soins de santé cette année. Les transferts augmenteront de 10 % à compter du 1er avril pour atteindre 49,4 milliards en 2023-2024.

Réactions de l’opposition

Le chef conservateur Pierre Poilievre n’a pas voulu préciser quelle somme il souhaiterait voir sur la table en point de presse à Ottawa. Il s’est contenté d’énumérer trois priorités : réduire les listes d’attente, embaucher du personnel (et faciliter la reconnaissance des diplômes de ceux qui arrivent de l’étranger) et augmenter le nombre de médicaments et de traitements approuvés. Il est demeuré évasif lorsqu’on lui a demandé de présenter sa vision sur la place du privé en santé.

Son adversaire néo-démocrate Jagmeet Singh, de son côté, n’en veut pas plus.

Là où il donne raison à son adversaire politique, c’est sur l’urgence de grossir les rangs des employés du réseau de la santé. « Si le premier ministre ne s’engage pas à embaucher plus de travailleurs, ça va être un échec », a-t-il soutenu.

Le chef néo-démocrate juge par ailleurs décevant le fait que la rencontre du 7 février soit une réunion de « travail », et qu’il n’est ainsi pas prévu qu’elle débouche sur une entente. « Ça ne roule pas assez vite, parce qu’on est dans une situation de crise, donc les actions nécessaires pour y répondre sont des actions urgentes », a-t-il laissé tomber.