La dernière locataire d’un l’immeuble montréalais situé en face de la place Émilie-Gamelin, qui fait face à l’éviction puisque l’édifice sera rasé, a menacé de poursuites les élus du conseil d’arrondissement de Ville-Marie qui ont émis le permis de démolition il y a deux semaines.

« C’est révoltant ! Vous devriez tous avoir honte et certains d’entre vous devraient démissionner ! Nous allons tous nous retrouver en cour avec ceci », a crié Carla White, qui a fait un esclandre mardi soir lors de la séance du conseil d’arrondissement.

Mme White a fait entendre sa colère pendant plusieurs minutes aux élus, qui tentaient de la calmer, sans succès.

Carla White habite un modeste appartement dans un édifice situé à l’angle des rues Saint-Hubert et Sainte-Catherine, derrière l’ancien restaurant Da Giovanni. Le propriétaire des lieux, le développeur immobilier Mondev, veut démolir ces immeubles pour construire une tour résidentielle de 16 étages, comptant 176 logements.

Un permis de démolition a été demandé par Mondev l’année dernière, mais la Ville de Montréal refusait de le délivrer tant que le promoteur ne s’entendrait pas avec la dernière locataire pour qu’elle quitte les lieux moyennant une compensation satisfaisante.

Mme White a déjà refusé un chèque de 20 000 $ ainsi qu’un plus bel appartement dans le secteur à seulement 400 $ par mois, selon l’entreprise.

Éric Michaud, coordonnateur du Comité logement de Ville-Marie, qui a pris la parole calmement au conseil d’arrondissement après le départ fracassant de Mme White, a demandé aux élus comment ils avaient pu délivrer le permis de démolition en sachant qu’il n’y avait toujours pas d’entente entre le propriétaire et la locataire et que cette dernière risquait de se retrouver à la rue.

Selon la loi, en l’absence d’entente, Carla White aura seulement droit à une compensation équivalente à trois mois de loyer ainsi qu’au remboursement de ses frais de déménagement.

« De par la loi, avec les démarches qui ont été entreprises et les propositions qui ont été faites à Mme White, et qui nous ont été communiquées, on était dans l’obligation administrative d’émettre le permis de démolition », a répondu Robert Beaudry, conseiller municipal du secteur. « Mais on espère encore qu’il y aura résolution au bénéfice de Mme White. »

« On a été hyper sensibles dès le jour un à la situation de Mme White, dont on a entendu le cri du cœur. Mais on est allé aussi loin que la loi et la réglementation nous le permettent », a-t-il ajouté.

M. Michaud a aussi déploré le fait que le projet de Mondev ne comporte pas de logements sociaux, alors que sévit une grave crise de l’habitation et que les besoins sont criants dans cette partie du centre-ville. »