En difficulté financière, la Société de transport de Montréal (STM) devra finalement éliminer 230 postes, l’équivalent d’une baisse de 5 % sur sa masse salariale. Le transporteur assure que ces compressions n’affecteront pas le niveau de service, mais ne cache pas qu’il craint pour la suite en 2025.

« C’est la dernière chose qu’on veut faire, mais on se doit d’équilibrer notre budget », a laissé tomber jeudi la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, en conférence de presse dans le centre-ville.

Des compressions de 50 millions avaient déjà été annoncées lors du dernier budget, mais il restait encore un manque à gagner de 46 millions à éponger.

Trois mesures permettront de combler une importante partie de ce manque à gagner résiduel, soit 36 des 46 millions. La suppression de 230 postes permettra d’abord à elle seule de dégager au moins 25 millions. Tous les travailleurs concernés, qui ont été rencontrés dans les derniers jours, sont des employés ou des cadres « non liés directement à l’offre de service ».

Autrement dit, il ne s’agit pas de chauffeurs d’autobus ou de conducteur de métro. Des départements administratifs, comme l’approvisionnement, la communication ou la comptabilité, seront les plus touchés. Environ 70 % des postes étaient déjà vacants ; ce sont donc 60 personnes qui perdront un emploi actif.

Les dépenses baisseront aussi de neuf millions en matière de biens et services, ce qui inclut par exemple les campagnes de communication. Une somme de deux millions sera retirée du budget d’exploitation de certains projets, dont le remplacement des trains AZUR. Il restera donc 10 millions au manque à gagner de la STM. Au total, les coupes seront de l’ordre de 86 millions.

« Ça me rend triste. Vous savez à quel point je suis attachée à la STM. […] Ceci étant dit, les temps sont durs pour tout le monde. On le voit dans différentes organisations. Même à la Ville de Montréal on a pris des mesures budgétaires », a réagi la mairesse Valérie Plante, en faisant ainsi référence aux compressions de près de 115 millions décrétées par son administration en octobre.

Un service préservé… à court terme

Pour le moment, le niveau de service demeurera intact, ce à quoi s’était formellement engagée la société au cours des derniers mois. La fréquence du transport adapté sera quant à elle augmentée de 29,5 %, permettant de retrouver le niveau de 2019.

N’empêche, Mme Léonard ne cache pas qu’elle a beaucoup d’inquiétudes pour la suite. « C’est certain qu’on craint pour l’offre de service de 2025, a-t-elle affirmé. Au moins, comme on bascule vers des pistes de réduction de dépenses récurrentes, on ne partira pas avec un déficit d’année en année, mais c’est certain qu’on a encore des inquiétudes. »

Le tout survient alors que s’amorceront bientôt de nouvelles négociations en vue de la mise sur pied d’un cadre de financement « récurrent et prévisible » sur cinq ans dans le transport collectif, un mandat que s’est donné la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Les discussions à court terme, pour 2024, s’étaient terminées abruptement en décembre dernier, après des semaines de négociations sur la place publique.

« Ce qu’on souhaite avoir, c’est de la prévisibilité, que ça ne se règle pas à la fin de l’année », s’est limitée à dire Mme Léonard sur le sujet, jeudi.

Québec lancera aussi des audits de performance sur les dix sociétés de transport du Québec, avec pour objectif d’évaluer les dépenses de ces opérateurs. « Notre objectif à travers ça va être de démontrer l’efficacité de la STM », a persisté la DG, en assurant que son groupe est déjà audité par plusieurs firmes externes dans le cadre de ses activités régulières.

165 millions en trois ans

En trois ans, soit depuis l’année financière 2022, l’opérateur de transport collectif aura donc effectué des coupes budgétaires de l’ordre de 165 millions au total. Ces compressions avaient été de 27 millions en 2022, puis de 52 millions en 2023, pour finalement atteindre 86 millions en 2024.

Lors de son plan budgétaire préliminaire à la mi-novembre, que La Presse avait d’abord révélé, la STM avait initialement évoqué la suppression des 120 postes. Vu l’augmentation des compressions, on savait toutefois depuis que la STM, dont les finances sont fragiles comme l’ensemble des sociétés de transport, devrait supprimer plus de postes. Le chiffre de 255 postes a même été évoqué à un moment.

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

En savoir plus
  • 100 millions
    À plus long terme, la STM a réitéré jeudi qu’elle s’engage aussi « sur un plan de réduction des dépenses récurrentes de 100 millions sur cinq ans ». Autrement dit, les coupes risquent de continuer de se multiplier au cours des prochaines années.
    SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL