Valérie Plante ne craint pas de rejouer dans le même film qu’à Québec, même si c’est un tramway qui sera finalement recommandé au gouvernement Legault pour remplacer le REM de l’Est à 36 milliards. « Peu importe le mode », ajoute l’élue, il faut maintenant avancer pour développer la métropole.

« La réponse, c’est non, dans la mesure où M. Legault s’est engagé juste avant Noël […] en disant que c’est une volonté qu’il y ait un moyen de transport structurant dans l’est », a répondu la mairesse de Montréal, alors qu’on comparait sa situation avec celle du maire de Québec Bruno Marchand.

Ce dernier a vu son projet de tramway retourner à la planche à dessin en étant confié à CDPQ Infra, à la fin de 2023, après des années de débats et alors que des travaux préparatoires avaient même été lancés.

Vendredi, La Presse révélait que c’est un tramway qui sera finalement recommandé au gouvernement Legault pour remplacer le REM de l’Est plutôt que le tracé souterrain à 36 milliards proposé l’été dernier. Selon nos sources, ce changement permettrait de faire fondre le coût aux environs de 13 milliards.

Le tramway proposé compterait 31 kilomètres de rails et 28 stations, éloignées entre elles de 1,1 kilomètre en moyenne. Un rapport de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sera remis au gouvernement à la fin de janvier ou au début de février pour détailler cette nouvelle proposition.

À Québec, le maire Marchand a indiqué qu’il prendra connaissance de l’analyse de l’ARTM. « Je vais tout lire. Je vais m’informer. Je ne me dissocie pas, je ne me détache pas. C’est important », a-t-il dit. Mais pour la suite, il souhaite « passer à d’autre chose ». « Québec ce n’est pas juste un tramway. Je crois toujours au tramway. Ce n’est pas un rejet. […] Le gouvernement reprend le ballon et se donne six mois pour faire une analyse, on va collaborer. Maintenant que le gouvernement réponde, que la Caisse réponde. »

Plus lent, mais…

Mme Plante persiste toutefois : le tramway demeure un mode plus lent. « CDPQ Infra a quand même été choisie par le gouvernement en disant : on fait un train en hauteur parce que le tramway est trop lent. Moi, je me base essentiellement sur ce que les experts ont dit. »

Cela dit, la mairesse affirme maintenant vouloir surtout miser sur l’accélération des démarches, au bénéfice des citoyens. « Peu importe le mode, si on veut avoir des campus, si on veut développer de l’habitation, si on veut avoir des espaces verts, il faut du transport collectif. […] Peu importe le moyen de transport, il faut que ce soit efficace et rapide », a-t-elle martelé.

En demeurant prudente, Mme Plante a rappelé qu’il reviendra à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, de trancher. « C’est à elle aussi de commenter en premier sur le fond, comme elle a le rapport entre les mains. »

Or, au cabinet de la ministre, on se fait pour l’instant plutôt avare de commentaires, en indiquant vouloir prendre le temps de bien analyser le rapport de l’ARTM avant de s’avancer davantage.

Dans l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal, le conseiller Julien Hénault-Ratelle estime quant à lui que l’est de l’île a assez attendu. « Les études doivent être publiées rapidement. Montréal est exclue de la table des décisions : la mairesse ne joue pas son rôle de cheffe de file. À moins qu’elle espère que ce soit le gouvernement du Québec qui prenne les décisions pour Montréal ? », s’est-il questionné.

« Manque de volonté » ambiant

Chez Trajectoire Québec, la directrice générale Sarah V. Doyon espère surtout que cette nouvelle idée de tramway n’est pas qu’un « ballon d’essai ». « C’est ce qu’on trouve tous un peu décourageant en transport ces temps-ci : il y a un manque de volonté à réellement concrétiser les projets. Là, il faut avancer », dit-elle.

« Si ça rentre dans la fourchette de prix que les élus sont prêts à autoriser, alors allons-y, mais ne tergiversons pas encore 10 ou 20 ans. Il faut doter l’est d’un projet structurant, ça presse », persiste Mme Doyon.

Elle reconnaît toutefois aussi que le tramway « sera forcément moins rapide qu’un mode aérien ou souterrain ». « Cela dit, si le tracé permet de rejoindre plusieurs générateurs de déplacements dans l’est, ça reste très intéressant. Et ça serait surtout dommage de n’avoir rien du tout pour se rendre efficacement au centre-ville », conclut la DG, en disant surtout avoir hâte de voir les développements dans le dossier.

Avec Philippe Teisceira-Lessard et Gabriel Béland, La Presse