Le conseil municipal a accepté mardi d’éponger le déficit de 200 000 $ accumulé par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) en 2023, même si la mairesse Valérie Plante avait décrété un gel des fonds accordés à l’organisme, dont les dépenses ont fait scandale.

Les dépenses de l’OCPM dépassent de 193 037 $ le budget qui lui était alloué pour l’année en cours, pour un total de 3,2 millions, selon une mise à jour du budget par la trésorière de la Ville de Montréal.

En novembre, à la suite de révélations sur des dépenses exagérées des dirigeants de l’organisme en voyages et en repas au restaurant, notamment, l’OCPM a été mis en tutelle et sa présidente, Isabelle Beaulieu, a été destituée. Mme Plante avait aussi affirmé que l’organisme ne recevrait pas de fonds supplémentaires de la part de la Ville de Montréal.

Mais voilà, la Ville n’a pas le choix de payer pour ces dépassements budgétaires.

« Suite à l’analyse effectuée par le service des finances, celui-ci a constaté que des dépenses avaient été encourues sans bons de commande. Cette façon de faire va à l’encontre des bonnes pratiques. Le service des finances s’assurera que les politiques financières et budgétaires de la Ville applicables à l’OCPM soient respectées. Le service des finances en assurera le suivi », indiquent les documents soumis au conseil municipal.

Les frais de représentation, notamment, dépassent le budget de plus de 23 000 $.

« La mairesse avait dit qu’elle ne voulait pas prendre la responsabilité de nouvelles dépenses, mais l’administration n’a pas le choix de payer ce déficit. Cet organisme a grandement besoin d’encadrement », a souligné devant le conseil le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem.

« Les détenus gèrent la prison »

Dans un reportage publié dans le quotidien Montreal Gazette mardi, il était révélé que le secrétaire général de l’OCPM, Guy Grenier, détenait trois cartes de crédit accordées par l’organisme, et qu’il était également responsable d’approuver les dépenses.

« L’OCPM est laissé sans surveillance, à faire ce qu’il veut », a dénoncé le conseiller de l’opposition Alan DeSousa. « Les détenus gèrent la prison, on dirait. »

En réponse à ces reproches, le président du comité exécutif, Luc Rabouin, a rappelé le mandat donné à la vérificatrice générale de la Ville de faire un audit sur la gestion des dépenses de l’OCPM.

Au cours de la séance du conseil municipal, les élus ont aussi entériné la nomination d’un président par intérim pour diriger l’organisme : Philippe Bourke, un ancien patron du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, a été nommé pour un mandat de six mois.

M. Rabouin a souligné que cette nomination était « primordiale » afin qu’il n’y ait pas de période de latence dans les activités de l’organisme, en raison de plusieurs consultations importantes à venir.

Tout comme M. Rabouin, Aref Salem a souligné le rôle important joué par l’OCPM dans la démocratie municipale, en réitérant qu’il fallait conserver l’organisme.