L’administration Plante a alerté la police au sujet du mécanisme utilisé par deux promoteurs immobiliers pour encaisser plus d’un demi-million sans une seule transaction grâce au droit de préemption de Montréal.

L’élu responsable du dossier de l’Habitation, Benoit Dorais, l’a confirmé lundi au conseil municipal.

« C’est nous qui avons signalé, il y a déjà beaucoup de semaines, à trois entités de contrôle différentes, dont la police » la situation, a affirmé M. Dorais. « Pour moi, c’est important de le mentionner : nous gérons bien. »

La Presse a révélé lundi que les promoteurs Evan Paperman et Maximilian Cukier ont multiplié les offres d’achat sur les immeubles soumis au droit de préemption de la Ville de Montréal, depuis le début de l’année 2023. Leurs offres incluaient des indemnités importantes en cas d’exercice du droit de préemption, ce qui leur aurait permis de toucher 580 000 $ en quelques mois.

Quelques minutes avant l’intervention de Benoit Dorais, Valérie Plante avait promis lundi de « faire la lumière » sur la situation, ajoutant toutefois qu’« il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. […] Questionner le droit de préemption, alors qu’il y a une crise du logement, c’est inacceptable. »

La mairesse répondait aux questions du chef de l’opposition Aref Salem, au conseil municipal, qui dénonçait un « far-west » dans ce dossier. « La Ville paie trop cher », a-t-il déploré. « Malgré ça, aucun mécanisme de contrôle n’a été mis en place par l’administration afin de prévenir les dérapages spéculatifs et ce type de manigances. »

« Ce qu’on veut absolument éviter, c’est qu’il y ait des manœuvres, des façons de faire mises de l’avant par certains promoteurs pour faire la piasse. Pour nous, ce serait totalement inacceptable », a aussi affirmé la mairesse, lundi, en marge d’une conférence de presse. « Et entendez-moi bien : si c’est le cas, on va revoir le cadre réglementaire, on va trouver une solution pour ne pas que ça se reproduise. »

Le droit de préemption municipal, instauré en 2020, permet à une ville de se substituer à toute personne qui souhaite acheter un immeuble pour lequel elle a déclaré un intérêt. La Ville doit payer le prix offert.

MM. Paperman et Cukier assurent que leurs pratiques sont légales et conformes aux standards de l’industrie.

« Il ne faut pas remettre en question le droit de préemption, mais là on est en train de vérifier s’il y a des mécanismes qui peuvent venir profiter à des personnes », a indiqué Valérie Plante. « On suit chaque cas et c’est quelque chose qu’on avait déjà remarqué et qu’on est en train de vérifier. »