La multiplication des cônes orange dans les rues de Montréal fait peut-être rager les automobilistes, mais les nombreux chantiers des dernières années semblent graduellement porter leurs fruits. La Ville constate une baisse marquée des ruptures de canalisation, tandis que l’état des chaussées s’améliore peu à peu.

Moins de ruptures de canalisation

Le nombre de ruptures de canalisation (« bris d’aqueduc ») a diminué de moitié depuis 10 ans à Montréal. Selon les données du Service de l’eau, le taux de rupture pour 100 kilomètres d’égouts et de canalisations était de seulement 12,5 l’an dernier. Il s’agit d’une amélioration considérable par rapport aux dernières années. En 2014, on en comptait environ 24 pour 100 kilomètres. Évidemment, la pandémie pourrait avoir influencé ces chiffres à la baisse en raison de l’absence de véhicules en grand nombre, mais le fait que la baisse se poursuive en 2022 semble confirmer la tendance. Pour Maja Vodanovic, responsable de l’eau au comité exécutif, ces chiffres sont le résultat d’un changement de culture. « Avant qu’on se dote d’une Stratégie montréalaise de l’eau, on était tout le temps dans la gestion des urgences. Ça a changé aujourd’hui : on a un portrait très clair de l’ensemble de nos aqueducs et on investit là où c’est le plus criant, mais aussi de façon préventive », dit-elle.

Investissements en hausse

Les investissements sont aussi, plus que jamais, au rendez-vous. Et malgré l’amélioration de l’état des conduits, Montréal prévoit maintenir la cadence des chantiers.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Le Service des infrastructures de l’eau bénéficiera l’an prochain d’un budget de 30 % supérieur à celui de cette année.

Le Service des infrastructures de l’eau bénéficiera l’an prochain d’un budget de 700 millions, contre 573 millions cette année, une hausse de 30 % de ses ressources. « À l’époque des fusions, on était environ à 30 millions, pour vous donner une idée », glisse Mme Vodanovic à ce sujet.

Ça serait facile de dire qu’on va baisser les investissements, mais on ne ferait que pelleter les besoins immenses qui nous attendent par en avant. Et ça coûterait encore plus cher dans quelques années.

Maja Vodanovic, mairesse de Lachine et responsable de l’eau au comité exécutif

À Montréal, à chaque rupture dans le réseau de distribution d’eau ou le réseau d’égouts, les impacts sur le réseau routier se font généralement sentir assez durement. La chaussée peut notamment s’affaisser, ce qui demande des travaux plus importants sur un tronçon et entraîne des entraves et de la congestion.

Virage majeur dans les grandes artères

L’impact de la multiplication des chantiers se fait surtout sentir dans les principales artères de la métropole, où l’état des routes s’est davantage amélioré. D’après les données du Service des infrastructures du réseau routier, plus de la moitié (54 %) se trouvaient dans un bon ou très bon état au moment de la plus récente auscultation, en 2020. C’est nettement plus qu’en 2015, alors qu’à peine 21 % des artères obtenaient une telle cote. De façon générale, les grandes artères bénéficient de plus d’investissements soutenus de la Ville, comme en fait foi le chantier en cours rue Sainte-Catherine, par exemple.

Encore du chemin à parcourir pour les rues locales

Si les grands boulevards ont bénéficié du gros des investissements, les améliorations tardent davantage dans les rues locales. La proportion de rues locales en mauvais ou très mauvais état est passée de 30 % à 37 % entre 2010 et 2022 dans la métropole. « C’est préoccupant parce que ça laisse entendre que la Ville attend parfois trop longtemps, jusqu’à ce que le réseau soit en très mauvais état, pour le réparer. Il y a une tendance à corriger, ce n’est pas une bonne pratique. L’entretien doit être récurrent », juge d’ailleurs le porte-parole de CAA-Québec, David Marcille. « Il nous faut plus d’argent au niveau local », lâche Maja Vodanovic. « Notre budget local n’a pas augmenté depuis les fusions. Juste à Lachine, on a 3,7 millions pour faire nos rues, entretenir nos bâtiments et nos parcs. C’est comme impossible. Ça n’a jamais été révisé et c’est nettement insuffisant avec les coûts d’aujourd’hui », insiste l’élue municipale.

Nids-de-poule moins fréquents

Après un répit pandémique, le nombre de nids-de-poule, lui, est reparti à la hausse, mais demeure relativement faible par rapport à 2020. Durant les opérations menées l’hiver dernier, Montréal a dénombré 125 000 de ces trous dans la chaussée et leur colmatage a coûté 3,5 millions de dollars aux contribuables. C’est plus qu’en 2021 et en 2022, mais nettement moins qu’en 2019 et en 2020, où on avait dû respectivement s’attaquer à 175 000 et 150 000 nids-de-poule. En 2017, ce chiffre avait même dépassé la barre des 200 000. En règle générale, moins de nids-de-poule signifient aussi moins de plaintes et moins de dépenses, puisque chaque automobiliste dont le véhicule est abîmé par un trou dans la chaussée est en droit de réclamer une indemnité au service 311 de la Ville.