Lors de son arrivée en poste en février 2022, la présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Isabelle Beaulieu, a hérité d’une organisation mal gérée, sans cadre clair, sans code d’éthique, où les employés s’adonnaient à du « vol de temps », a-t-elle affirmé lors de sa comparution devant une commission municipale, vendredi matin.

« Il y avait beaucoup de lacunes, il en reste encore », a-t-elle affirmé dans sa présentation à l’hôtel de ville, où elle avait été convoquée par la Commission sur les finances et l’administration.

Mme Beaulieu affirme avoir mis en place de nombreuses mesures pour mettre fin aux pratiques discutables qui avaient cours sous le règne de sa prédécesseure, Dominique Ollivier, qui a présidé l’OCPM de 2014 à 2021.

Mais elle a aussi admis avoir fait des dépenses exagérées. « J’ai commis des erreurs, je le reconnais. Je les assume », a-t-elle dit.

Elle dit avoir notamment réduit le nombre de voyages lors de son arrivée en poste, en plus de mieux contrôler les heures de travail des employés pour améliorer la productivité. Depuis la controverse qui secoue l’organisme, il n’y a plus de voyages ni de repas aux restaurants pour les dirigeants, a-t-elle assuré.

En raison de plaintes au sujet du climat de travail, la présidente a mandaté en janvier une firme indépendante pour faire enquête. Elle dit avoir été confrontée à des employés hostiles, sympathisants de Projet Montréal (le parti de la mairesse Valérie Plante) et ayant des liens étroits avec Dominique Ollivier.

« Ce rapport d’enquête externe confirme les lacunes en gestion que j’ai constatées, ma volonté de changement et de productivité, ainsi qu’un contexte politique où certains employés voulaient me nuire », souligne-t-elle. « Toutes les recommandations du rapport d’enquête ont été suivies. Deux spécialistes en ressources humaines ont accompagné la direction. Un code d’éthique pour les membres du personnel a été créé, les politiques de ressources humaines ont été clarifiées et le travail se poursuit. »

Isabelle Beaulieu explique avoir demandé au personnel, à son arrivée, s’il y avait des règles ou politiques écrites au sujet de la gestion de l’Office, mais n’avoir rien obtenu. Mais cette semaine, on a trouvé dans les archives, dit-elle, « une note datant de 2017 dans laquelle le vérificateur général demandait à l’OCPM de modifier ses pratiques pour les voyages et restaurants ». La direction de l’époque avait rejeté les suggestions du vérificateur général.

Questionnée par les commissaires, qui sont des élus au pouvoir et dans l’opposition, au sujet de l’utilité des nombreux voyages des dirigeants, Mme Beaulieu a affirmé qu’ils ont permis à l’office de nouer des contacts avec des spécialistes en consultations publiques de partout dans le monde pour améliorer ses pratiques.

Dominique Ollivier a quitté l’organisme pour se lancer en politique municipale avec l’équipe de la mairesse Plante, et est devenue présidente du comité exécutif à la suite de son élection. Elle a démissionné de ce poste lundi, à la suite des révélations sur ses dépenses à la présidence de l’OCPM par les médias de Québecor, il y a deux semaines.

Cet après-midi, Mme Ollivier se présentera à son tour devant la commission.

Après la comparution d’Isabelle Beaulieu, le porte-parole de l’opposition en matière de finances, Alan DeSousa, s’est dit « révolté » par les révélations de l’avant-midi, notamment la pratique du vol de temps, qu’il a qualifiée de « fraude ». « Les citoyens ont été volés. Ils ont été trahis », s’est-il insurgé, en imputant la responsabilité de ces abus à l’ex-numéro deux de l’administration Plante.

La mairesse Plante, qui avait d’abord réitéré son appui à Mme Ollivier au début de la controverse, avant d’accepter sa démission, a répété à plusieurs occasions que Mme Beaulieu ainsi que Guy Grenier, secrétaire général de l’OCPM, n’avaient plus la confiance de son administration et qu’ils devraient démissionner.

Dominique Ollivier et Isabelle Beaulieu, qui étaient amies et ex-partenaires d’affaires, ont facturé et approuvé pendant plusieurs années des dizaines de milliers de dollars en frais de repas et de voyages, des dépenses difficiles à justifier, ce qui a choqué la population et les élus.

Mme Ollivier a notamment dépensé près de 18 000 $ au restaurant en quatre ans, dont un repas d’huîtres à Paris de 347 $ avec un collaborateur et ex-partenaire d’affaires. Une mission en Afrique a coûté 23 000 $ aux contribuables. Et Mme Beaulieu s’est acheté des écouteurs à 900 $ avec des fonds publics.