Des organismes de la communauté juive s’unissent pour demander aux gouvernements de Québec et d’Ottawa de fournir davantage de ressources et d’effectifs pour protéger les écoles juives de la province. Cette demande survient alors que deux établissements scolaires ont été visés par des coups de feu dans les derniers jours à Montréal.

« Notre communauté est très préoccupée par ces incidents et nos enfants sont effrayés et nerveux à l’idée d’aller à l’école », soulignent les lettres envoyées aux premiers ministres François Legault et Justin Trudeau. Elles portent l’en-tête du Conseil de la communauté juive de Montréal et sont signées par 100 membres.

Elles ont été envoyées le 12 novembre, jour où l’école Yeshiva Gedola-Merkaz, dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, a été visée par des tirs de projectiles. L’établissement avait aussi été ciblé par des coups de feu, tout comme l’école Azrieli Talmud Torah, dans la nuit de mercredi à jeudi.

« Malheureusement, comme nous le savons tous, il ne s’agit pas d’un incident isolé », soulignent les signataires. Ils rappellent que des cocktails Molotov ont aussi été lancés sur une synagogue et un organisme de Dollard-des-Ormeaux, la semaine dernière.

« Nous demandons au gouvernement d’en faire plus afin d’assurer notre sécurité et de protéger nos écoles, nos synagogues et nos institutions », écrivent les auteurs.

Le Conseil de la communauté juive de Montréal affirme que les cinq millions de dollars investis pour la sécurité privée par le gouvernement Trudeau il y a une semaine ne sont pas suffisants devant la montée des crimes antisémites. Le Conseil demande également que les formalités administratives soient assouplies afin que les organismes puissent avoir accès plus facilement au financement.

Devant la montée des crimes haineux en France, les lieux de culte et les écoles sont surveillés par des militaires et des policiers. Le Conseil de la communauté juive de Montréal n’a pas voulu s’avancer sur la possibilité de faire intervenir l’armée et a affirmé qu’il laisserait la décision entre les mains des élus.

À Québec, cette piste de solution a été catégoriquement écartée pour le moment, selon nos sources. Le cabinet du ministre de la Sécurité publique a d’ailleurs confirmé, lundi soir, être en train de rédiger une réponse aux demandes de la communauté juive.

La pénurie de policiers crée « un enjeu »

Dans les lettres, les auteurs se disent reconnaissants du travail des policiers, à Montréal. De son côté, la mairesse Valérie Plante a toutefois reconnu, lundi, que la pénurie de policiers crée « un enjeu » pour la surveillance et la protection des lieux fréquentés par la communauté juive de Montréal.

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« Il y a un enjeu autour de la pénurie » de policiers, a dit Mme Plante, questionnée sur les demandes de la communauté.

« En ce moment, tout est mis en place par le SPVM pour que les écoles et d’autres endroits soient surveillés et protégés », a-t-elle précisé en marge d’une conférence de presse sur la démission de Dominique Ollivier. « Nous considérons toutes les options. » Questionnée sur l’absence du chef Fady Dagher pendant cette crise, Valérie Plante a fait valoir qu’elle avait entièrement confiance en l’état-major du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Au moment d’écrire ces lignes, le ministère de la Sécurité publique du Canada n’avait pas répondu à nos questions.