La numéro 2 de l’administration Plante a démissionné à l’avant-veille de la présentation de son budget, lundi, affirmant qu’il devenait « absolument impossible » de continuer à faire son travail.

Cette démission survient 10 jours après le début des révélations concernant ses dépenses de voyages et de restaurants à l’époque où elle dirigeait l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

Elle a en fait l’annonce à 15 h à l’hôtel de ville de Montréal, seule devant son lutrin.

« Il est important pour moi que l’avenir de la Ville se poursuive de façon sereine », a dit Mme Ollivier, sans que sa voix flanche. « C’est pourquoi j’ai annoncé à Mme Plante mon intention de me retirer des fonctions de présidente et de membre du comité exécutif. » Plusieurs femmes noires élues sous la bannière de l’administration Plante s’étaient déplacées pour assister à cette annonce.

Mme Ollivier a expliqué sa démission en évoquant une quantité importante de messages « violents, misogynes et racistes » reçus dans les derniers jours. « Vous comprenez que dans ce genre de contexte là, alors que nous avons d’importants rendez-vous devant nous. […] Ça devient absolument impossible de permettre que la controverse actuelle mine la confiance de la population. »

Elle demeure élue locale dans Rosemont–La Petite-Patrie et compte témoigner devant une commission du conseil municipal.

« Elle a fait face à la musique »

« Le climat n’était plus favorable à l’exercice de ses fonctions », a ajouté Valérie Plante, une heure après l’annonce de la principale intéressée. « Mme Ollivier a assumé ses gestes, elle a fait face à la musique, elle a pris les décisions difficiles qui s’imposaient. »

Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, prend la relève comme président du comité exécutif. C’est le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, qui présentera le budget 2024 mercredi, aux côtés de Mme Plante.

Mme Ollivier pourrait revenir au sein de l’administration Plante, mais « elle ne sera plus jamais présidente du comité exécutif », a précisé la mairesse.

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Luc Rabouin, Valérie Plante et Benoit Dorais

La mairesse a ajouté que « des questions insoutenables restent sans réponse » et que les dirigeants de l’OCPM devaient prendre leurs responsabilités. Ils n’ont « plus la confiance du conseil municipal », a clairement affirmé Mme Plante.

Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem, a affirmé que la décision de Dominique Ollivier « était la chose à faire ». « Ça commençait à miner la confiance de la population envers l’administration municipale au complet », a-t-il déploré. « Les gestes qui ont été posés n’étaient pas à la hauteur de la fonction. […] Éthique, moralement, on n’a pas le droit. »

M. Salem a estimé que Valérie Plante « va sortir affaiblie » de cet épisode.

Voyages à travers le monde

Depuis le début du mois, Mme Ollivier était au centre d’une controverse entourant ses frais de déplacements et de restaurants à l’époque où elle dirigeait l’OCPM, entre 2014 et 2021. Un souper d’huîtres à 347 $ pour deux personnes dans un restaurant parisien avait particulièrement marqué les esprits. Les dépenses ont été révélées par les médias de Québecor.

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Dominique Ollivier

Avec à peine une quinzaine d’employés, l’OCPM est le service de la Ville de Montréal qui coûtait le plus en dépenses de représentation. L’état-major de l’organisation a visité l’Espagne, le Mexique, le Brésil, l’Angleterre, la Tunisie, le Maroc, l’Australie, la Suisse, la Côte d’Ivoire et le Mozambique dans les dernières années.

La semaine dernière, Mme Ollivier avait admis que la confiance des citoyens était ébranlée à la suite de ces révélations. « Ce n’est pas parce que des dépenses sont légales et permises qu’elles sont acceptables », selon la présidente du comité exécutif. « Je regrette particulièrement que certaines dépenses affectent le sentiment de confiance de la population et je suis la première à dire que les choses doivent changer au sein de l’OCPM. » Jusqu’à vendredi dernier, Valérie Plante défendait bec et ongles sa numéro 2.

En tant que présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier devait présenter le budget de la Ville de Montréal mercredi.

Née en Haïti en 1964, Mme Ollivier a une formation en génie et une maîtrise en administration publique de l’École nationale d’administration publique, selon le site internet de sa formation politique. Elle a longtemps milité au Parti québécois et travaillé dans les cabinets péquistes et bloquistes avant d’arriver sur la scène municipale. Elle a été présidente l’OCPM de 2014 à 2021.

L’histoire jusqu’ici

2014 : Après une carrière dans le monde politique, Dominique Ollivier est nommée à la tête de l’Office de consultation publique de Montréal. Dans les sept années suivantes, elle multiplie les voyages à l’étranger et les repas au restaurant.

2021 : En pleine campagne électorale, Mme Ollivier devient candidate au sein de l’équipe de Valérie Plante, qui la présente comme la future présidente de son comité exécutif.

2 novembre 2023 : Les médias de Québecor commencent à publier une série de reportages sur les dépenses de Mme Ollivier à l’époque où elle dirigeait l’OCPM.

13 novembre 2023 : Mme Ollivier démissionne.