BIXI Montréal, qui soufflera ce jeudi ses 15 bougies, se dotera à compter de l’an prochain de « mégastations » pour s’attaquer au problème récurrent de stations vides ou inaccessibles dans certains secteurs. De véritables carrefours contenant jusqu’à 400 points d’ancrage feront leur apparition en 2024 au cœur de la métropole, a appris La Presse.

Ce qu’il faut savoir

  • BIXI Montréal fêtera ce jeudi ses 15 ans. Le nom du service de vélopartage avait été officiellement publié en septembre 2008.
  • Pour répondre à la problématique des stations vides, vu le fort achalandage, l’organisme compte mettre sur pied d’ici 2024 des mégastations, avec jusqu’à 400 points d’ancrage.
  • Cette année marquera par ailleurs la première saison hivernale de BIXI, ce qui laisse augurer plusieurs défis majeurs.

« Ça va être essentiellement des hubs où on pourra recharger les vélos électriques, en prendre de nouveaux, mais aussi faire des réparations sur place et offrir d’autres services liés au vélo de façon générale, en dehors de notre propre écosystème », confie le directeur général de BIXI Montréal, Christian Vermette.

Le service de vélopartage, qui fêtera ce jeudi ses 15 ans lors d’une cérémonie spéciale au square Victoria, n’a jamais été aussi populaire à Montréal. En date de la semaine dernière, plus de neuf millions de déplacements avaient déjà été enregistrés, surpassant ainsi le record de 2022. Cinq journées record de 70 000 déplacements ont même été enregistrées pendant l’été. « On se dirige vers une année de 11 millions de déplacements. C’est complètement fou », dit M. Vermette.

Malgré ces succès, BIXI veut maintenant passer à une « autre étape » de sa croissance. Parce qu’avec 500 000 utilisateurs uniques, le service de vélopartage est de plus en plus victime de sa popularité.

En juin, La Presse a rapporté que de plus en plus d’usagers dénonçaient le fait que la hausse de l’achalandage ne s’accompagne pas d’efforts suffisants pour améliorer l’infrastructure. De plus en plus de bornes sont souvent vides après la pointe du matin, et leur nombre ne suffit plus à répondre à la demande.

Le concept des « mégastations » pourrait donc être une solution à ce problème. « Les gens n’auront plus à se casser la tête : ils sauront que là, il y a de la place et des ressources. Ça nous permettrait aussi de limiter les déplacements de nos camions, puisqu’on pourrait remettre les vélos sur la route localement et ainsi réduire notre empreinte écologique », note M. Vermette.

Plusieurs endroits ont déjà été identifiés pour implanter ces futures stations géantes, qui devraient contenir entre 300 et 400 points d’ancrage. On ignore encore avec précision où elles seront situées, mais le directeur marketing de l’organisme, Pierre-Luc Marier, confirme que ce sera au centre-ville. « Il faut aller dans le cœur. C’est un peu comme si on donnait un poumon aux opérations », détaille-t-il.

Une année pivot… et l’hiver

De façon générale, l’organisme veut aussi « élargir sa gamme de produits », évoque M. Vermette. « En Europe, le modèle du vélo-cargo est déjà bien implanté depuis plusieurs années et ça marche. Ici, c’est encore peu présent ou en tout cas très timide. C’est un exemple de choses qu’on regarde. »

« C’est une année pivot où on veut passer d’un impact certain à très important, autant qu’un système d’autobus. On est dans huit villes dans la grande région de Montréal, et avec la perspective du REM sur lequel on veut s’accrocher, on a une impulsion », ajoute M. Marier.

Tout cela survient alors que pour la première fois de son histoire, BIXI tentera de livrer le service en hiver cette année. Environ 150 des 850 stations seront ouvertes après le 15 novembre, dans sept arrondissements. Les vélos seront équipés de pneus à crampons.

On a cinq mois de plus pour aller chercher plus de déplacements, surtout en novembre et en décembre quand il n’y a pas encore trop de neige. Pour nous, c’est une super occasion. Le plafond de croissance, on vient le remonter.

Pierre-Luc Marier, directeur marketing de BIXI Montréal

Mais les défis seront nombreux, avoue le directeur marketing. « C’est un projet pilote dans lequel, au fond, il y aura plusieurs essais, tant sur les vélos que les stations. C’est sûr qu’il y aura plusieurs défis », dit-il.

Selon Christian Vermette, « ce qui stresse le plus les équipes, c’est le déneigement ». « On va avoir un arrimage avec la Ville de ce côté, mais c’est sûr que c’est nouveau. Si on veut être reconnus et non étiquetés comme le système qui est juste plaisant l’été, il faut qu’on puisse être là 12 mois », affirme le DG.

BIXI s’attend à un achalandage certes plus modeste qu’en été. « En général, on parle d’une rétention de 10 à 13 % des cyclistes pendant l’hiver. Ça donne une idée du potentiel. Mais on arrive avec une offre où les gens n’ont pas besoin de dégraisser la chaîne, de nettoyer le vélo, de changer les pneus », soutient M. Marier. « Je pense qu’on risque d’avoir une belle surprise », ajoute M. Vermette.

Pour la suite, à la Ville de Montréal, on se dit « déterminés à étendre » l’offre de services de BIXI encore davantage dans les prochaines années. « BIXI, c’est un maillon essentiel du transport actif, qui permet de faire de Montréal une ville plus résiliente », fait valoir la responsable de la mobilité, Sophie Mauzerolle.

10 000 vélos à remplacer

Chez BIXI, les hausses record d’achalandage surviennent au moment où l’organisme effectue une mise à jour importante de ses infrastructures, la plus importante des 15 dernières années. Au total, 1000 vélos seront remplacés chaque année durant les 10 prochaines années. Les plus vieux bolides, soit les vélos qu’on appelle « de première génération » et qui ont débarqué dans les rues de Montréal il y a 15 ans, devraient être remplacés de façon prioritaire, soit d’ici deux ou trois ans.

En savoir plus
  • 92 %
    C’est la proportion d’usagers se procurant un trajet ou un abonnement BIXI avec l’application mobile. Le reste le fait directement auprès des bornes physiques dans la rue.
    BIXI MONTRÉAL