BIXI n’a jamais été aussi populaire à Montréal. L’été est à peine commencé et l’organisme enregistre des hausses d’achalandage de 40 % par rapport à l’an dernier, en plus de deux journées record de 67 000 déplacements. Mais il y a un bémol : l’engouement est tel que le service est, dans certains secteurs, victime de sa popularité.

« C’est sûr que cette année, on va massacrer tous nos records », lance le directeur général de BIXI Montréal, Christian Vermette, en entrevue avec La Presse. Il qualifie ce début de saison de « complètement fou ». « L’an passé, on avait eu une hausse de 55 % suivant la pandémie. On s’attendait à un certain retour à la normale cette année, avec une augmentation plus standard autour de 10 %. Mais non, on est déjà à 40 %. Ça augmente sans cesse », poursuit M. Vermette.

Le nombre de déplacements quotidiens n’y est pas étranger. L’an dernier, le sommet moyen était d’un peu plus de 50 000 déplacements. En comparaison, la semaine dernière, deux journées de plus de 67 000 déplacements ont été enregistrées.

Même le vendredi férié, où normalement c’est tranquille, on a touché les 63 000 trajets. Il se passe vraiment quelque chose.

Christian Vermette, directeur général de BIXI Montréal

Ces hausses surviennent au moment où BIXI effectue une mise à jour importante de ses infrastructures, la plus importante des 15 dernières années. Jusqu’à 3000 points d’ancrage doivent être retapés cette année, pendant que 2000 autres seront mis en service graduellement.

Tout cela s’ajoute aux 1000 vélos en libre-service (VLS) que la Ville rajoute en moyenne chaque année, rappelle M. Vermette. « On en a 414 qui sont arrivés dans les derniers jours qu’on est en train de mettre sur la route. C’est énorme comme opération quotidienne », détaille-t-il.

Usagers face à des stations vides

Avec l’engouement, viennent toutefois des défis liés à la qualité du service. La hausse constante de l’achalandage ne s’accompagne pas d’efforts suffisants pour améliorer l’infrastructure du service, déplorent de plus en plus d’usagers sur les réseaux sociaux.

« Je trouve ça plus difficile cet été. Il y a moins de bornes près de chez moi, dans l’est du Plateau, alors que c’est densément peuplé. Clairement, le nombre de points d’ancrage n’est pas assez élevé pour le nombre de personnes », illustre Josiane Cossette, qui utilise les services de BIXI depuis déjà plusieurs années. Selon elle, dès que l’heure de pointe du matin est passée, « c’est pratiquement vide toute la journée ».

Le risque que les deux ou trois vélos qui restent soient partis quand on doit marcher plus de 400 mètres pour se rendre à une station, c’est très élevé. Ça devient excessivement difficile de planifier les déplacements, d’être à l’heure.

Josiane Cossette, résidante du Plateau-Est

Un système de réservation à court terme pourrait faire la différence, renchérit la résidante, qui appelle BIXI Montréal à remplir ses stations à moins grand volume pour desservir plus de secteurs. « Plus de roulement, ça faciliterait grandement la situation. Là, les bornes se vident littéralement sous nos yeux », soutient-elle.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Selon BIXI, son réseau compte plus de 10 000 vélos en libre-service, dont 2600 vélos électriques.

Sur la page Facebook de BIXI, une publication de Mme Cossette a rapidement été partagée par plusieurs autres. « Idem dans Villeray. J’adore le concept des BIXI, mais ces temps-ci, je fais parfois jusqu’à 3 stations avant de trouver un BIXI disponible. Et j’arrive en retard à mes rendez-vous », a renchéri Julie Lemire. « C’est une des raisons pourquoi je boude l’abonnement mensuel », a aussi soulevé Mathieu Duchesne.

« On essaie de suivre »

Christian Vermette, lui, jure que son équipe fait tout en son pouvoir pour améliorer la situation. Il reconnaît que dans « certains secteurs », surtout le Plateau-Mont-Royal et Rosemont, « certaines stations sont vides le matin ».

Il faut comprendre qu’on a un écart de 3000 vélos chaque jour entre les départs et les arrivées dans ces secteurs. Ça fait énormément de vélos à remonter chaque jour.

Christian Vermette, directeur général de BIXI Montréal

Afin d’éviter la congestion dans les stations, son groupe vient d’embaucher plus de personnel pour créer des « stations-dépôt ». « Ça nous permet d’avoir des gens sur place, aux points chauds, qui peuvent au moins mettre les vélos sur le côté quand les stations ne sont pas assez grandes », illustre M. Vermette.

Pour le reste, tout est une question d’investissements, selon le DG. « Si on augmente l’achalandage de 40 %, il faudrait théoriquement que les équipements suivent le même rythme. Mais ce n’est pas toujours aussi évident. La Ville a plusieurs autres enjeux à gérer. Nous, on s’ajuste comme on le peut, on essaie de suivre. »

« Sur 900 stations, c’est sûr qu’il va y en avoir des vides et d’autres pleines par moments. Les gens aimeraient avoir toujours un vélo à proximité, mais c’est un peu impossible présentement avec 67 000 déplacements. […] On se dit que bientôt, on va revenir vers des croissances plus normales de 10 %. Et d’ici là, on continue d’augmenter l’offre », conclut Christian Vermette.

Bientôt à Terrebonne

Une annonce aura par ailleurs lieu ce mercredi à Terrebonne, en présence du maire Mathieu Traversy et du directeur général d’exo, Sylvain Yelle, pour confirmer l’arrivée de trois premières stations BIXI à Terrebonne, dans la couronne nord. C’est exo qui sera responsable du projet, à court terme. Quelques dizaines de vélos seront mis en service dans un premier temps, dont la moitié devraient être entièrement électriques.

Source : Ville de Terrebonne