Le premier tronçon du Réseau express métropolitain (REM) devrait être en service d’ici 30 à 45 jours, en vertu d’un préavis envoyé lundi par CDPQ Infra aux sociétés de transport. Une dernière étape préalable au lancement du train léger, la « marche à blanc », débutera ce mercredi entre la station Brossard et la gare Centrale.

Cet ultime exercice, qui consiste à exploiter le système à sa fréquence et sa vitesse normale, mais sans aucun usager, durera environ quatre semaines. Selon le déroulement de cette marche à blanc, une date officielle de mise en service du REM pourra être confirmée « au cours des prochaines semaines », a indiqué lundi CDPQ Infra, dans un bref communiqué.

Dans les heures qui ont suivi, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a toutefois confirmé lundi avoir reçu un « premier préavis de 30 à 45 jours concernant l’arrivée du REM », ce qui signifie que le réseau devrait être opérationnel d’ici la mi-août, tout au plus.

« Pour nous, c’est une excellente nouvelle. C’est une autre étape de franchie. On va maintenant accompagner les usagers dans cette transition-là », s’est limité à dire le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau.

Dans les prochains jours, les voitures du REM circuleront « avec des fréquences similaires au futur service », précise la Caisse. Elle rappelle que pour atteindre cette étape finale, « les équipes ont complété différents jalons décisifs dans les 12 derniers mois, c’est-à-dire l’électrification complète des 16,6 km de l’antenne Rive-Sud, la traversée du pont Samuel-De Champlain et un troisième hiver consécutif de tests intensifs ».

Autrement dit, tout cela doit maintenant fonctionner à la perfection pour espérer livrer le projet à la fin du mois de juillet. CDPQ Infra a d’ailleurs déjà dit publiquement que son objectif était d’obtenir un taux de fiabilité globale supérieur à 95 % pendant au moins 10 jours consécutifs.

« Nous sommes prêts »

La mise en service du premier tronçon du REM avait de nouveau été reportée ce printemps. Mi-mai, La Presse révélait que l’étape cruciale de « marche à blanc » n’était même pas encore commencée. Il s’agissait alors du troisième report pour ce tronçon, qui devait à l’origine être inauguré à la fin de 2021. Le coût total du projet, lui, ne sera dévoilé qu’après le lancement. Il devrait dépasser les 7 milliards de dollars annoncés jusqu’ici. Selon nos informations, une hausse de la facture de 30 % ne peut être exclue.

Dans l’industrie du transport collectif, on se prépare déjà à entamer une vaste transition avec l’arrivée du REM, la plupart des opérateurs devant procéder à des refontes majeures de leurs réseaux.

La Société de transport de Montréal a d’emblée salué le lancement de cette « marche à blanc ». « Nous sommes prêts à l’arrivée du REM », assure sa porte-parole Justine Lord-Dufour, en rappelant qu’une nouvelle desserte de bus sera mise en place L’Île-Des-Sœurs et à la Cité-du-Havre dès le jour 1, afin « d’avoir des correspondances plus efficaces » avec l’arrêt du système de train léger.

Chez exo, la porte-parole Catherine Maurice abonde en ce sens. « Nous sommes prêts à mettre en service notre nouveau réseau dans les secteurs Chambly-Richelieu-Carignan et Le Richelain-Roussillon dès la mise en service du REM », a-t-elle soulevé, se disant confiante que son groupe a « réuni les conditions gagnantes pour attirer une nouvelle clientèle, qui aura dorénavant de bonnes raisons de laisser l’auto à la maison ».

« Notre réseau redessiné, sur lequel nous travaillons depuis cinq ans, pourra enfin être lancé. […] Tout est prêt pour accueillir et accompagner nos clients dès le premier jour », a quant à lui promis le directeur par intérim du Réseau de transport de Longueuil (RTL), Sylvain Gonthier.

De son côté, le directeur général de Vivre en Ville Christian Savard, espère surtout que la phase finale de tests n’annonce pas de nouveaux retards.

« Symboliquement, rater la rentrée de septembre, ça ne serait pas idéal d’un point de vue réputationnel pour le REM. Cela dit, si pour une raison ou une autre, on est obligés de prolonger la marche à blanc, il y a une marge de manœuvre avant septembre. Ça serait bien d’avoir deux semaines à moindre capacité avec des usagers, avant que tout le monde revienne de vacances, que les universités reprennent », observe-t-il.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, n’a pas tardé à réagir lundi. « La marche à blanc du REM est une excellente nouvelle. Il s’agit d’une étape cruciale qui nous rapproche de la mise en service. Plus tôt que tard, nous pourrons inaugurer ce nouveau moyen de transport qui changera notre façon de nous déplacer dans la région de Montréal. Nous continuerons de suivre le dossier de près », a-t-elle indiqué.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a aussi évoqué « une excellente nouvelle ». « Tout le monde partage l’objectif de voir cette option de transport entrer en fonction rapidement, de façon fiable et sécuritaire et cette étape est cruciale pour y arriver », a-t-elle déclaré.

Avec Tommy Chouinard et André Dubuc

En savoir plus
  • 30
    La Caisse de dépôt a une obligation légale de prévenir au moins 30 jours à l’avance différents partenaires du moment où le train sera en service, dont les sociétés de transport.
    CDPQ INFRA
    2024
    Au centre-ville, dans l’ouest de l’île et dans la couronne nord, il faudra pour l’instant attendre au moins jusqu’à la fin de 2024 pour le REM, le chantier étant encore durement touché par la découverte d’explosifs présents depuis un siècle dans le tunnel du mont Royal en juillet 2020. Quant au tracé devant relier l’aéroport au centre-ville, la livraison est prévue en 2027 seulement, des travaux de construction de la station devant d’abord avoir lieu jusqu’en 2026.
    CDPQ INFRA