Pressée par des organisations écologistes, la Société de transport de Montréal (STM) songe à interdire l’affichage relié à l’industrie des énergies fossiles dans le métro et les autobus. Une révision du cadre publicitaire est en cours à ce sujet.

« On a pris la décision de réviser le cadre, parce que comme vous, on se questionne. […] Un affichage sur les énergies fossiles, à titre personnel, je peux vous dire que ça va à l’encontre de mes valeurs et des ambitions de la société de transport », a expliqué mercredi le président de la STM, Éric Alan Caldwell.

Il répondait ainsi à plusieurs membres d’organisations écologistes s’étant déplacés au conseil d’administration de l’opérateur pour réclamer des changements.

Plusieurs groupes, dont Greenpeace, Équiterre, l’Association québécoises des médecins pour l’environnement (AQME), demandent en effet à la STM « d’interdire la publicité des industries, produits et services liés aux combustibles fossiles, tels que les services publics d’essence et de gaz ». On demande aussi de mettre fin aux affichages liés « aux véhicules à moteur à combustion interne ».

Mi-août, l’entreprise de vélos en libre-service BIXI avait fait retirer toutes ses installations d’une publicité liée à l’industrie des sables bitumineux. Il s’agissait d’affiches de l’Alliance Nouvelles voies, un lobby des principaux acteurs de l’industrie pétrolière canadienne.

Les publicités du groupe, dont les six sociétés produisent environ 95 % du pétrole canadien issu des sables bitumineux, faisaient notamment valoir que l’exploitation de ces sables bitumineux sera carboneutre d’ici 2050. Or, selon les groupes écologistes, cette prémisse s’appuie « sur des technologies de capture et de stockage du carbone qui se sont jusqu’à maintenant révélées inefficaces et coûteuses ».

Cette publicité était aussi présente dans certaines installations de la STM, qui soutient l’avoir depuis retirée. « Cette campagne-là, elle est terminée. Il ne devrait plus y avoir d’affiches. […] Ça a suscité des débats et une réflexion », a dit M. Caldwell. Il précise toutefois qu’une révision des normes publicitaires de la STM implique de réaliser des « analyses juridiques », puisque ses annonceurs sont tenus de respecter le Code canadien des normes en publicité.

Depuis plusieurs années, le contenu publicitaire qu’on retrouve dans le métro ou les autobus passe par fournisseur commercial de la STM, Trangesco. Ce dernier n’a toutefois « aucun droit de censure au-delà des règles qui encadrent les publicités au Canada », avait soutenu la société par le passé. Une révision du cadre publicitaire impliquerait donc de revoir certaines juridictions.

« Il y a une évolution du débat public et, je crois, du rôle de la STM dans la société. […] Toutes les autres sociétés de transport au Canada, bref le balisage de ce qui se fait ailleurs, ça fera partie de la réflexion », a mentionné Éric Alan Caldwell.

Des changements en vue à L’Île-des-Sœurs

La STM a par ailleurs promis mercredi des changements à sa desserte de L’Île-des-Sœurs d’ici trois mois. Le service devrait notamment être « bonifié » sur la principale ligne, la 168, qui a fait l’objet de nombreuses plaintes depuis l’arrivée de la refonte liée au Réseau express métropolitain (REM). « On devrait réajuster la 168 avec ce qu’il est faisable de faire, mais oui l’objectif est de bonifier le service, de regarder pour en donner le soir et la fin de semaine », a concédé la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, en parlant de « 12 semaines » avant des changements.