Cet été, La Presse vous fait découvrir sept rues piétonnes de Montréal.

Entre les bars de loterie vidéo et les nouveaux restaurants huppés, les installations de balançoires roses et le béton, la rue Ontario est un véritable laboratoire de mixité sociale. En cette quatrième année de piétonnisation, un pas de plus a été fait pour favoriser la cohabitation : l’ajout d’une brigade d’intervention de rue.

Un duo d’intervenants de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) est présent sur le terrain pour désamorcer des situations de crise, de détresse ou de conflit, a annoncé la Ville de Montréal le 12 juillet dernier, en plus d’une série d’autres mesures destinées à soutenir les personnes en situation d’itinérance dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

La rue Ontario est piétonne jusqu’au 5 septembre entre Darling et Pie-IX.

Le refuge l’Étape, situé à proximité de la rue Ontario dans l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, continue également d’accueillir les personnes en situation d’itinérance.

Cohabiter

Balançoires, chaises avec faux gazon, couleurs vibrantes : le design de la rue Ontario est pensé pour refléter le caractère éclaté d’un quartier qui s’embourgeoise. « C’est tout le temps coloré, Hochelag, de plein de façons », souligne Chantal Boutin, résidante du quartier et ancienne serveuse au bar Le Trèfle.

On a choisi des « couleurs particulières propres à Hochelaga », affirme Éric Alan Caldwell, conseiller du district d’Hochelaga.

La rue est marquée d’empreintes contre Ray-Mont Logistiques, un projet important de transit de conteneurs près du port de Montréal, dont l’opposition est menée par de nombreuses personnes du quartier.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La rue Ontario porte des inscriptions exprimant l’opposition de résidants du quartier au projet de Ray-Mont Logistiques.

« Avec la piétonnisation, et l’habitude de la société de développement commercial et des autres partenaires de taguer la rue, on a décidé de s’afficher nous aussi », explique Anaïs Houde, co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-Nature Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui lutte contre les activités de l’entreprise.

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Les balançoires font partie des installations propres à la rue Ontario.

La place Simon-Valois et le Tim Hortons font déjà l’objet de signalements auprès de la brigade d’intervenants de rue, informe Alexandre Desjardins, directeur d’EMMIS.

Patrick Legault, directeur général de la société de développement commercial (SDC) de l’arrondissement, salue l’ajout d’une brigade d’intervention de rue. Cela permet aux commerçants du quartier d’appeler des intervenants pour « trouver de l’aide concrète pour ces personnes vulnérables, au lieu de privilégier la répression », dit-il. Il espère « ne plus jamais avoir recours à la police » dans des situations de crise.

L’itinérance est un enjeu de société qui transparaît dans le quartier. Ce n’est pas caché.

Mélissa Boudreault, copropriétaire de la librairie Le Renard Perché, rue Ontario

L’enjeu n’est toutefois pas unique à Hochelaga-Maisonneuve, un avis que partage Éric Alan Caldwell.

La rue piétonne permet de « profiter de la vie en ville », surtout dans un quartier où les résidants sont nombreux à ne pas quitter l’île durant l’été, renchérit-il.

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La piétonnisation est pensée « aux couleurs d’Hochelaga ».

Une rue dynamique et « en vie »

La piétonnisation est le fruit d’un effort commun entre l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et la SDC. La pandémie a jeté les bases d’une rue Ontario piétonne, qui servait à l’origine à agrandir l’aire des commerces, selon Éric Alan Caldwell.

Aujourd’hui, une programmation d’évènements culturels gratuits est aussi prévue afin « d’animer » le quartier, sans qu’il soit nécessaire d’en sortir, souligne Patrick Legault.

« Ça donne beaucoup de vie à la rue », affirme Axel Dansereau, un étudiant en journalisme à l’Université du Québec à Montréal qui travaille à la crèmerie Les Givrés, où il y a toujours une file.

Axel Dansereau est un de ceux qui restent à Montréal tout l’été. « J’en profite, autant pour aller travailler, pour faire mes courses que pour sortir », souligne l’étudiant.

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Axel Dansereau travaille à la crèmerie Les Givrés, rue Ontario. Il profite aussi de la rue piétonne à titre de résidant du quartier.

La piétonnisation va de pair avec de nombreux autres efforts pour fidéliser la clientèle du quartier. « Les gens consomment plus local qu’avant, depuis 10 ans », remarque Mélissa Boudreault du Renard Perché.

La copropriétaire de la librairie indépendante n’attribue pas la légère baisse d’achalandage pendant l’été à la piétonnisation, puisque sa clientèle est surtout composée de familles qui partent en vacances.

Les touristes sont nombreux à déambuler dans la rue depuis la piétonnisation, venant remplacer les bouquineurs locaux en vacances, estime Mélissa Boudreault. Les clients, surtout ceux qui ont de jeunes enfants, sont plus en sécurité grâce à la piétonnisation, estime-t-elle.

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La rue Ontario est une « zone lente » depuis deux ans. Piétons, vélos, trottinettes, planches à roulettes et patins doivent partager la route.

Depuis deux ans, la rue est partagée par piétons, vélos, trottinettes, planches à roulettes et patins, ce qui rend Valérie Ouimet, résidante du quartier, moins à l’aise qu’avant de marcher au milieu de la rue avec son jeune enfant.

Pour le conseiller du district d’Hochelaga, la piétonnisation, qui vise à augmenter l’achalandage dans la rue, s’inscrit dans l’historique des « ventes trottoirs » du quartier. Le projet continuera à s’adapter avec le temps, croit-il. Pour rester une rue où il fait bon vivre, pour tout le monde.

Portraits de passants
  • Marie-Josée mange son dîner pour la première fois dans l’installation qui se trouve devant la boutique où elle travaille. « C’est toujours plein de monde habituellement ! », s’exclame-t-elle.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Marie-Josée mange son dîner pour la première fois dans l’installation qui se trouve devant la boutique où elle travaille. « C’est toujours plein de monde habituellement ! », s’exclame-t-elle.

  • « C’est plus difficile pour aller à l’épicerie, mais en même temps, je découvre plein de marchés plus locaux », juge Valérie Ouimet, résidante du quartier.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    « C’est plus difficile pour aller à l’épicerie, mais en même temps, je découvre plein de marchés plus locaux », juge Valérie Ouimet, résidante du quartier.

  • « Ça dynamise la vie de quartier, il y a des plantes, c’est coloré », lance Chantal Boutin, ancienne serveuse au bar Le Trèfle rue Ontario, qui profite du soleil.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    « Ça dynamise la vie de quartier, il y a des plantes, c’est coloré », lance Chantal Boutin, ancienne serveuse au bar Le Trèfle rue Ontario, qui profite du soleil.

  • « C’est le fun, on voulait juste aller voir la nouvelle bibliothèque, mais on a vu que c’était piéton, donc on a continué à marcher ! », explique Félix-Antoine Banville, qui vient de déménager dans le quartier avec sa copine, Laurie Lavoie.

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    « C’est le fun, on voulait juste aller voir la nouvelle bibliothèque, mais on a vu que c’était piéton, donc on a continué à marcher ! », explique Félix-Antoine Banville, qui vient de déménager dans le quartier avec sa copine, Laurie Lavoie.

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