(Montréal) Le remplacement du toit du Stade olympique de Montréal vient de se compliquer de façon majeure et on peut s’attendre à une explosion du coût de ce projet.

L’organisme responsable du Parc olympique a été forcé d’annuler l’appel de propositions qui était en cours et a plutôt choisi de conclure un contrat de gré à gré avec le Groupe Pomerleau-Canam pour réaliser un projet « radicalement différent de ce qu’il était lors de l’approbation du dossier d’opportunité, il y a bientôt six ans », peut-on lire dans un communiqué publié mercredi.

Cette différence radicale découle d’une analyse technique effectuée par des experts externes et internes du Parc olympique qui « a révélé la nécessité de remplacer l’anneau technique du Stade pour se conformer au nouveau Code du bâtiment ».

Une tâche colossale

L’anneau technique est cet immense ovale de béton sur lequel vient s’appuyer le toit. Il a un périmètre de près d’un demi-kilomètre (468 mètres) et un diamètre qui varie de 104 à 175 mètres selon l’endroit de la mesure dans l’ovale.

La Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique, l’ancienne Régie des installations olympiques, ne voulait pas compliquer le dossier en y ajoutant un deuxième contrat séparé pour l’anneau technique qui aurait sans doute été tout aussi complexe que le premier.

Le contrat unique vise à « poursuivre le développement de la solution technique et raffiner l’estimation budgétaire pour le remplacement de l’anneau technique et de la toiture du Stade olympique de Montréal ». La Société du Parc olympique espère ainsi pouvoir « compléter d’ici la fin de l’automne, le dossier d’affaires et de le soumettre au gouvernement pour son approbation ».

« En conformité avec la loi »

L’organisme estime, selon son communiqué, que « compte tenu du contexte actuel et de la réalité du marché, il y a de plus un intérêt à mettre en place une approche collaborative conformément à ce qui a été récemment déployé par la Société québécoise des infrastructures ».

Le président-directeur général du Parc olympique, Michel Labrecque, assure que « tout ce processus s’est fait en conformité avec la Loi sur les contrats des organismes publics, sous la supervision d’un vérificateur indépendant et en consultation avec le ministère du Tourisme et la Société québécoise des infrastructures ».

La toiture a atteint la fin de sa vie utile il y a plusieurs années. En 2017, le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait annoncé son remplacement, un projet qui devait être livré en 2022 et pour lequel on parlait à l’époque d’un déboursé de 200 à 250 millions.

En 2019, l’échéancier avait été reporté à 2024 alors que l’on évoquait « la complexité du dossier ».

Une longue histoire d’échecs

L’historique de cette toiture est une longue liste d’échecs, tous plus retentissants les uns que les autres.

Le Stade olympique, conçu par l’architecte français Roger Taillibert, avait ouvert ses portes à temps pour les Jeux olympiques de 1976, mais le mât devant tenir le toit amovible n’avait été complété qu’en 1987, année où la première toile de kevlar avait été installée. Usée par un long entreposage, la toile avait déchiré à deux endroits en août 1988 lors d’une tempête avec des vents de 80 km/h. Le mois suivant, elle s’était déchirée à nouveau lors d’une manœuvre.

Trois autres déchirures étaient survenues en avril 1991 à la suite de vents violents et une autre, longue de 120 mètres, était apparue en juin de la même année.

En 1993, la Régie des installations olympiques abandonnait l’idée de rétractabilité et la toile devait devenir fixe jusqu’à son remplacement, en mai 1998, par la toile de la firme Birdair, fixe elle aussi. Mais dès le mois de janvier suivant, cette nouvelle toile se déchirait à la suite d’une tempête de neige suivie de pluies abondantes, envoyant quantité de neige, de glace et d’eau alors que l’on préparait le Salon de l’auto, qui avait été annulé.

Entre août 2002 et juin 2020, le dossier a fait l’objet de plusieurs appels d’intention, d’appels d’offre et d’ententes qui n’ont mené nulle part, jusqu’à la qualification du Groupe Pomerleau-Canam en juin 2020, qui était suivie d’un appel de propositions en mai 2021. C’est ce dernier appel de propositions qui vient d’être annulé, puisqu’il n’est plus question que d’un toit, mais aussi de tout l’anneau technique à remplacer.