CDPQ Infra doit tenter de « réduire à la source » le bruit et les nuisances autour des secteurs résidentiels, estime la Santé publique de Montréal, qui se dit impatiente de voir les mesures que proposera en août le promoteur du Réseau express métropolitain (REM) dans Pointe-Saint-Charles, Griffintown et L’Île-des-Sœurs.

« De façon générale, on doit réduire à la source, autrement dit, s’il y a des aspects techniques qui peuvent être modifiés au niveau du projet pour réduire l’émission de bruit, on éloignerait le bruit des résidences », a expliqué jeudi le directeur médical adjoint de la Direction de santé publique de Montréal, le DDavid Kaiser, en marge d’une conférence de presse.

Il réagissait à un reportage de La Presse selon lequel le REM, qui a entamé mercredi son ultime phase de tests avant son grand départ au plus tard à la mi-août, dépasse à certains moments les seuils jugés acceptables par la Santé publique en matière de bruit, une situation qui inquiète certains riverains.

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Des mesures prises mercredi avec un sonomètre ont permis de constater que le bruit généré par le REM dépasse régulièrement les 70 décibels, parfois même la barre des 75. C’est le cas au belvédère d’observation de Pointe-Saint-Charles et au parc Saint-Patrick, à la frontière du même quartier et de Griffintown. Ces deux endroits se situent respectivement à 300 mètres et à seulement quelques dizaines de mètres des rails.

Pour M. Kaiser, l’essentiel est d’envisager plusieurs mesures. « C’est sûr que des barrières physiques, dans certains cas, peuvent être utiles », a-t-il notamment illustré, en référence au mur antibruit réclamé par de nombreux citoyens dans le secteur de Pointe-Saint-Charles, entre autres.

Vitesse, fréquence, rails

En entrevue, l’expert en santé publique a aussi cité « la vitesse et la fréquence à certains moments de la journée » comme des éléments potentiels pour réduire les nuisances associées au bruit du REM. « Après ça, il y a des aspects plus techniques sur les rails, les roues, il y a plein de choses qu’on peut faire, en gardant en tête que l’impact à 6 h en soirée n’est pas la même chose qu’à minuit », soutient David Kaiser.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le Dr David Kaiser, directeur médical adjoint de la Direction de santé publique de Montréal

Les impacts du bruit environnemental sur la santé à long terme « passent beaucoup par la perturbation du sommeil » et « le risque de maladies cardiovasculaires », a-t-il rappelé. Selon le ministère de la Santé, une exposition au bruit est en effet associée à une hausse du risque de maladies cardiovasculaires « à partir d’un niveau de 55 décibels sur une période de 24 heures ». Une exposition « prolongée à des bruits forts », soit plus de 75 décibels pendant 8 heures par jour, peut même « causer une perte d’audition ».

« C’est un peu comme avec l’aéroport. Personne n’aime ça avoir un avion qui passe au-dessus, mais un avion à 7 h du soir, ce n’est pas la même chose qu’à 1 h du matin. Si on mettait un couvre-feu réel à 23 h, les impacts sur la santé des gens, on les réduirait de façon extrêmement importante », a poursuivi le directeur médical.

Pour le REM, « je pense qu’il faut voir aussi en fonction des mesures qu’on va avoir », a-t-il insisté. « Il faudra voir réellement dans le détail où sont les endroits où on peut jouer sur la fréquence, la vitesse et certaines mesures techniques, dans une logique où on se dit que le pire, ça va être dans les heures où les gens veulent dormir. On est en attente des mesures du promoteur », a-t-il conclu.

En mai, CDPQ Infra avait annoncé que des tests de son seraient effectués dans Griffintown, Pointe-Saint-Charles et L’Île-des-Sœurs pour déterminer si des mesures d’atténuation peuvent être prises. De premiers résultats de ces tests doivent être présentés aux citoyens au courant du mois d’août.