Plusieurs organismes ont dénoncé mardi la hausse des prix du transport collectif, prévue début juillet dans le Grand Montréal. Ils réclament la mise en place d’une tarification sociale, basée sur le revenu, une mesure qui fait jaser depuis longtemps, mais qui semble encore loin dans la liste des priorités gouvernementales.

« On était là d’abord pour dénoncer la cherté des tarifs actuels, mais surtout, la hausse du 1er juillet sur le billet unique, qui va vraiment cibler les personnes à faible revenu pour qui une passe de bus à 90 $, ça ne rentre pas dans le budget », martèle la coordonnatrice de la Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP), Julie Corbeil.

Son groupe, soutenu par le Mouvement pour un transport public abordable (MTPA), s’était réuni en matinée devant la Tour de la Bourse, où les bureaux de la ministre de la Solidarité sociale, Chantal Rouleau, se trouvent. « Ça devient absolument impossible pour certaines personnes de se déplacer, alors que c’est essentiel pour avoir accès au travail, à la santé, à l’éducation », persiste Mme Corbeil.

Fin avril, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) avait annoncé que les tarifs du transport collectif augmenteraient de 3 % cette année dans la métropole, dès le 1er juillet. Les titres unitaires « tous modes » dans les zones A, ABC et ABCD augmenteront donc de 0,25 $ dès juillet, avec une logique similaire pour un aller-retour, les 10 passages et les abonnements mensuels. Résultat : un billet pour circuler dans l’île de Montréal coûtera dorénavant 3,75 $, et l’abonnement mensuel grimpera de 94 $ à 97 $.

À quand une tarification sociale ?

Parce que la hausse constante des tarifs « fait en sorte que l’on condamne certaines personnes à l’immobilité », la mise en place d’une tarification sociale basée sur le revenu est devenue urgente, juge la TROVEP. « Ça prend une mesure mise en place dans une perspective d’aller vers la gratuité, pour garantir une inclusion financière sans limites et sans obstacles », soutient Julie Corbeil à ce sujet.

À l’ARTM, le porte-parole Simon Charbonneau concède « qu’une tarification basée sur le revenu mérite d’être étudiée plus en profondeur » avec le gouvernement du Québec, la Communauté métropolitaine de Montréal et les municipalités concernées. « Cette décision n’appartient pas exclusivement à l’ARTM puisqu’il s’agit d’une mesure au caractère fondamentalement social », affirme M. Charbonneau.

Une tarification sociale des transports en commun est déjà en vigueur dans plusieurs villes européennes. Dans la province, la Ville de Québec a décidé au printemps d’accorder un rabais de 33 % sur les abonnements au Réseau de transport de la Capitale (RTC) à tous ses citoyens à faibles revenus.

À Montréal, c’est plus compliqué toutefois. En mai, la mairesse Valérie Plante avait réitéré croire à la nécessité de la mesure, qu’elle avait d’ailleurs évoquée dès son élection en 2017. Or, « présentement, l’ARTM ne dispose ni des leviers ni des fonds pour financer une telle mesure », affirme Simon Charbonneau.

« La pandémie qui sévit depuis deux ans a eu des impacts majeurs sur les finances publiques et la baisse drastique des revenus que nous subissons dans le transport collectif a creusé davantage le problème », soutient le porte-parole.

En 2023, le transport collectif du Grand Montréal faisait « face à un manque à gagner de 500 millions et une hausse de l’IPC de 6,2 % pour boucler le budget finançant les services existants », rappelle-t-il encore. « L’indexation annuelle qui était de 2 % en moyenne au cours des dernières années a été limitée à 3 % cette année. Dans les circonstances, c’est tout de même une victoire. »

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse