Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) vient d’abolir sa brigade d’étudiants qui vérifiait chaque été les avertisseurs de fumée de dizaines de milliers de logements montréalais, a appris La Presse.

L’état-major du SIM a indiqué qu’il préférait demander à ses pompiers de faire des visites ciblées en marge de leurs interventions régulières. L’opposition à l’hôtel de ville dénonce une décision « très inquiétante ».

Après 12 ans d’existence, la brigade de l’avertisseur de fumée « ne sera pas de retour » en 2023, a confirmé vendredi Chantal Bibeau, directrice adjointe au SIM, en entrevue téléphonique. « L’offensive se fera différemment cette année. »

« L’impact n’était pas ce qu’on souhaitait, a-t-elle continué. Les gens depuis la pandémie travaillent à la maison, les gens se plaignaient qu’on les dérangeait, il y avait beaucoup d’absents. » La brigade connaissait aussi des problèmes de recrutement.

La brigade de l’avertisseur de fumée a été créée en 2010. Chaque été, plus d’une quarantaine d’étudiants en sécurité incendie étaient embauchés pour « vérifier la présence et le bon fonctionnement de l’avertisseur de fumée » en cognant aux portes. Ils pouvaient aussi en fournir gratuitement. Jusqu’à l’an dernier, ils ont visité entre 30 000 et 50 000 foyers par été à cette fin, parfois davantage que les employés permanents du SIM.

« Merci d’œuvrer à sauver des vies et de veiller à la sécurité des Montréalaises et Montréalais ! », leur avait affirmé Valérie Plante en les visitant, en 2019, selon son compte Twitter.

« Travailler aux bons endroits »

Les programmes de prévention des incendies du SIM font la manchette depuis plusieurs semaines. Fin mai, le rapport annuel du service révélait que ses inspections de bâtiments étaient en chute libre depuis 2018. En cinq ans, leur nombre a été réduit de plus de moitié, passant de quelque 24 000 à environ 11 000.

Deux semaines plus tôt, le Globe and Mail révélait que le service avait imposé un moratoire sur une partie des inspections en matière d’issues de secours, déclenchant un tollé.

Chaque fois, le SIM a fait valoir qu’il opérait un tournant dans ses activités de prévention pour « mieux cibler [ses] activités d’inspection dans les endroits où ça fait une différence », a indiqué la semaine dernière le chef-pompier Richard Liebmann. « Avant, on était vraiment axés sur la quantité d’inspections. »

L’abolition de la brigade de l’avertisseur de fumée s’inscrit dans la même logique, a dit vendredi la directrice adjointe Bibeau.

On veut cibler les endroits où ça a un impact. Les pompiers vont le faire [la vérification de l’avertisseur de fumée] dans le cadre ou à proximité de là où ils ont fait des interventions.

Chantal Bibeau, directrice adjointe au SIM

Une équipe de pompiers qui se déplace à la suite d’un appel qui s’avère être une fausse alerte devra cogner aux portes avoisinantes pour vérifier l’avertisseur, a illustré Mme Bibeau. « On va dépasser les nombres qu’on faisait auparavant, mais surtout, on va travailler aux bons endroits », a-t-elle aussi indiqué.

La directrice adjointe a ajouté qu’« au fil des ans », le recrutement et la rétention des jeunes pour la totalité de l’été étaient de plus en plus difficiles. En 2022, la brigade a d’ailleurs affiché des résultats en baisse marquée, avec seulement 16 000 visites – deux fois moins que l’année précédente.

« Très préoccupant »

La décision d’abolir la brigade de l’avertisseur de fumée inquiète vivement l’opposition officielle à l’hôtel de ville.

« C’est très préoccupant, on parle de la sécurité des citoyens et des citoyennes ici », a réagi Abdelhaq Sari, d’Ensemble Montréal. « Cette administration, je ne lui confierais pas la sécurité publique de l’ensemble des Montréalais et des Montréalaises, ça, c’est clair. »

M. Sari se dit d’ailleurs déçu que l’abolition de la brigade de l’avertisseur de fumée n’ait pas été annoncée aux élus la semaine dernière, alors que l’état-major du SIM faisait le bilan de son année à l’hôtel de ville.

« On a beaucoup parlé d’une nouvelle approche en prévention dernièrement, a-t-il continué. Or, le service n’explique pas clairement ce que c’est que cette nouvelle approche. »