Les tarifs du transport collectif augmenteront de 3 % cette année dans le Grand Montréal. Les usagers de Longueuil et Laval, ulcérés par la hausse qui avait été encaissée en 2022, auront toutefois droit au gel de certains tarifs.

« Il y a des réseaux où on a vu des hausses de 10 %, donc on est très fiers de limiter ça à 3 %, afin de retrouver la perte d’achalandage. Tout le monde doit faire sa part », affirme le directeur général de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), Benoit Gendron, en entrevue avec La Presse.

Sans surprise, l’ARTM blâme l’inflation pour cette hausse de 3 %, plus forte que celle observée ces dernières années. « C’est une hausse de 1 [point de pourcentage] par rapport aux cinq dernières années, mais cela dit, c’est grandement limité dans le contexte. On est bien conscients de la réalité des usagers. On veut garder nos titres attractifs », a soutenu mercredi le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau.

Au cours des dernières années, la hausse moyenne des tarifs était de 2 %. Or, cette année, l’ARTM dit devoir composer avec une forte hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC), qui a bondi de 6,2 % entre janvier 2022 et janvier 2023.

Depuis l’an dernier, l’ARTM regroupe ses « tarifs métropolitains » en quatre zones dans le Grand Montréal : la zone A (Montréal), la zone B (Laval et Longueuil) et les zones C et D (couronnes nord et sud). Deux principaux titres existent : l’un « tous modes », qui permet d’utiliser le métro, le REM, le bus et les trains de banlieue, et un autre appelé « bus partout », pour utiliser tous les réseaux de bus.

IMAGE FOURNIE PAR L’ARTM

Les zones tarifaires de l’ARTM.

Gel à Laval et Longueuil

Les titres unitaires « tous modes » en zones A, ABC et ABCD augmenteront donc de 0,25 $ dès juillet, avec une logique similaire pour un aller-retour, les 10 passages et les abonnements mensuels. Un billet pour circuler sur l’île de Montréal coûtera dorénavant 3,75 $, et l’abonnement mensuel grimpera de 94 $ à 97 $.

Une exception demeure toutefois : le « tous modes AB », qui permet de transiter entre Laval, Montréal et Longueuil, demeurera inchangé. Seul le titre mensuel augmentera pour ce titre, passant de 150 $ à 155 $.

L’Autorité tente ainsi d’acheter la paix avec les usagers de Laval et de Longueuil, qui avaient dénoncé l’an dernier le fait de devoir débourser 5,25 $ pour un titre unitaire, contre 3,50 $ par le passé. Sous le feu des critiques, l’ARTM avait reculé, faisant passer le titre à 4,50 $ et baissant plusieurs autres titres. On ignore toutefois quelle décision sera prise l’an prochain, le prix devant en théorie revenir à 5,25 $ d’ici 2025.

On vient couper la poire en deux. Le gel de cette cette année prend compte du fait que ce titre, on ne l’avait pas abaissé aussi bas qu’on aurait pu l’abaisser.

Benoit Gendron, directeur général de l’ARTM

Vu le report de l’antenne Rive-Sud du REM, un titre transitoire de 10 passages, le « Transit RTL-REM », sera aussi disponible au coût de 35,75 $. Son équivalent mensuel coûtera 119 $, mais ne permettra pas de correspondance à Montréal.

Dans un communiqué, l’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS) dénonce toutefois qu’un trajet en REM à partir de Brossard devra s’effectuer avec un titre valide pour les zones A et B, même s’il s’agit d’un trajet entre les stations de Brossard. « L’usager occasionnel qui veut se déplacer avec le REM entre deux stations à Brossard devra payer 4,50 $, contre 3,75 $ pour un trajet en autobus. Pourtant, un déplacement entre L’Île-des-Sœurs et la gare Centrale à Montréal coûtera 3,75 $, peu importe le mode. Deux poids, deux mesures », martèle le porte-parole Axel Fournier.

24 heures et trois jours pour tous

Ils étaient déjà disponibles sur l’île de Montréal, mais ils le seront maintenant dans toute la région métropolitaine : les titres « 24 heures » et « trois jours » de l’ARTM arriveront aussi le 1er juillet prochain. En zone AB, un titre de 24 heures coûtera 12,75 $, alors qu’un titre « trois jours » coûtera 27 $, des prix légèrement plus élevés qu’en zone A.

D’ailleurs, ces nouveaux titres seront disponibles dès le 1er juin en zone AB, afin « d’accommoder les festivaliers » qui transitent entre Montréal, Laval, et Longueuil. « Ce sont des titres qui vont être appréciés dans des contextes de déplacements plus atypiques. On pense beaucoup au télétravail, aux sorties culturelles », affirme M. Charbonneau.

Ces nouveaux titres sont une nouvelle réponse au changement des habitudes en transport collectif, selon lui. « Les journées les plus achalandées dans nos réseaux depuis 18 mois, ça demeure le mardi, le mercredi et le jeudi », illustre-t-il en ce sens.

L’ARTM lancera dès le mois de mai une campagne d’information, 60 jours avant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs. Des équipes seront aussi sur le terrain pour informer les usagers à l’arrivée du REM.

Lisez « Métro à Laval et Longueuil : l’ARTM réduit ses prix en réponse aux critiques »
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  • 76 %
    C’est le taux d’achalandage prépandémique à travers le Grand Montréal, selon les dernières données disponibles. L’ARTM note toutefois une reprise plus grande dans certains secteurs, notamment dans les bus, qui frôlent dans certains cas les 85 à 90 %. Les destinations vers le centre-ville de la métropole demeurent encore les plus touchées.
    ARTM