CDPQ Infra tempère les attentes : s’il n’y aura assurément « pas de troisième report » de la mise en service du premier tronçon du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud, les usagers devront toutefois prévoir une « période de rodage » des nouveaux systèmes jusqu’en septembre, afin de s’assurer de « corriger les imperfections ».

« Il y a des changements d’habitudes drastiques pour les clients auxquels on va forcément devoir s’ajuster, pour être sûrs qu’on réponde bien à la demande et de corriger les imperfections. Ce sera de faire en sorte que le système se dévermine, autrement dit », a expliqué vendredi le vice-président exploitation et opération du REM, Denis Andlauer, lors d’une visite des installations du REM à Brossard.

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Denis Andlauer, vice-président exploitation et opération du REM

Son groupe se donne jusqu’à la « prochaine rentrée », en septembre, afin de terminer cette phase de rodage. « Il y a des petites pannes qu’on ne verra pas tant que les clients ne seront pas à bord. Les portes, par exemple, ne se seront pas fait brasser tant qu’il n’y aura pas d’usagers en bon nombre », note M. Andlauer.

Lundi prochain, un exercice « d’évacuation complète d’une rame » est d’ailleurs prévu pour préparer les équipes. Des tests de fiabilité doivent aussi encore avoir lieu dans les prochaines semaines, dont ce que CDPQ Infra appelle la « marche à blanc », ce qui consiste à faire rouler le système du REM comme s’il était en service, du lundi au dimanche et du matin au soir, à la seule exception qu’il n’y a pas de passagers.

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Trains du REM poursuivant leur rodage sur le pont Samuel-De Champlain

Enfin, des formations du personnel « en système en mode dégradé » auront ensuite lieu, pour anticiper par exemple un incendie, une panne ou un problème technique.

Ce n’est qu’une fois tous ces tests terminés « que le REM sera mis en service », explique M. Andlauer.

On ouvrira dès que c’est entièrement fiable, mais on va prendre le temps nécessaire. […] On est plus près que jamais, on ouvrira dans quelques semaines.

Denis Andlauer, vice-président exploitation et opération du REM

Le responsable se fait toutefois sans équivoque : « il n’y aura pas de troisième report » du tronçon de la Rive-Sud, toujours prévu « ce printemps », soit avant le 21 juin prochain. Dimanche dernier, sur le plateau de Tout le monde en parle, le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Charles Emond, avait révélé que la mise en service du REM se ferait un « vendredi », sans toutefois s’avancer sur une date.

Des trains « en masse »

Environ 28 des 54 trains de deux voitures, ce qui équivaut également à 14 trains de 4 voitures, seront exclusivement consacrés à la mise en service du premier tronçon. Avec ces effectifs, « il n’y a aucun enjeu » à court terme, envisage Denis Andlauer. « On a des trains en masse » pour cette première étape, estime-t-il.

Si tout se passe bien, le trajet de 16 km entre Brossard et la gare Centrale du centre-ville de Montréal devrait prendre « moins de 18 minutes » avec le REM, qui comptera 5 stations. « C’est impossible de faire ça en voiture, je vous le dis tout de suite », poursuit le VP.

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Le trajet de 16 km entre Brossard et la gare Centrale du centre-ville de Montréal devrait prendre « moins de 18 minutes » avec le REM.

Dans plusieurs secteurs, dont entre les stations Du Quartier et Panama et sur le pont Samuel-De Champlain, les trains devraient rouler à une vitesse de pointe de 100 km/h. En moyenne, un train passera toutes les 3 min 30 s en heure de pointe, et toutes les 7 min 30 s en périodes creuses. Une fois tous les tronçons livrés, l’objectif est toutefois de passer à 2 min 30 s sur la branche centrale.

Entièrement automatisé et fonctionnant 20 heures sur 24, le système du REM pourra compter sur plusieurs installations pour « réveiller les trains » le matin et « leur donner un ordre », par exemple de faire 50 allers-retours entre Brossard et le centre-ville. La Presse a pu visiter vendredi l’atelier de remisage des trains, où les employés pourront donner virtuellement des missions à chaque train, à partir d’un centre de contrôle.

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Un train du REM arrive dans l’atelier de remisage à Brossard, lors de tests, vendredi.

On compte d’ailleurs « environ 250 employés » qui travailleront sur la livraison du premier tronçon, tant à l’entretien durant la nuit qu’au service à la clientèle durant la journée, ou encore aux technologies. D’ici quelques années, une fois le REM entièrement livré, ils seront plus de 400 travailleurs. Deux ateliers d’entretien léger ont été construits pour réparer les « bris mineurs » sur les trains, à Brossard et à Deux-Montagnes. Pour des réparations d’ordre majeur, les trains devront se rendre jusqu’à Saint-Eustache.

Pas de tests pendant la pluie verglaçante

Bon nombre de Montréalais se le demandaient : non, CDPQ Infra n’a pas effectué de tests de fiabilité du REM pendant le plus récent épisode de pluie verglaçante dans la métropole, qui a plongé des centaines de milliers de personnes dans le noir. La raison : des « travaux de finalisation » du consortium NouvLR étaient en cours, ce qui empêchait les trains de rouler. « Cela dit, je peux vous dire que l’ensemble de l’infrastructure, donc nos caténaires, les rails, les portes, tout a bien fonctionné », nuance néanmoins M. Andlauer à ce sujet.