À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : pour la première fois depuis au moins dix ans, la plupart des épiceries situées dans les zones touchées par la pluie verglaçante seront ouvertes ce dimanche pour Pâques.

Des citoyens plongés dans le noir depuis des jours pourront ainsi regarnir leurs réfrigérateurs après avoir dû jeter leurs aliments périmés.

C’est le cas de Dina Karampatsou, une mère de famille venue acheter « le minimum » au Maxi de la rue Jean-Talon, dans Parc-Extension, un quartier dont bon nombre de résidences étaient toujours plongées dans le noir samedi.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Dina Karampatsou, cliente chez Maxi, a perdu presque tout le contenu de son réfrigérateur en raison d’une panne d’électricité.

« Mon mari va pouvoir aller chez Costco demain, pour acheter la viande, ce qu’il nous manque encore », se réjouit-elle, à côté de sa demi-douzaine de gros sacs d’épicerie pleins à ras bord qui iront remplir son réfrigérateur, dont elle a dû jeter presque tout le contenu.

Cette mesure annoncée samedi par le gouvernement du Québec s’applique à six régions particulièrement affectées par les pannes de courant ces derniers jours, soit : Montréal, l’Outaouais, Laval, Lanaudière, les Laurentides et la Montérégie.

Sécurité alimentaire

Seuls les établissements d’alimentation de grande surface (ceux de plus de 375 m⁠2 de surface de vente), qui doivent normalement fermer leurs portes en ce dimanche de Pâques, sont visés. Les plus petites épiceries et les pharmacies peuvent choisir de rester ouvertes.

« On vient offrir aux sinistrés qui auront retrouvé l’électricité tard samedi ou ce dimanche la possibilité d’acheter des denrées alimentaires, et ce, après quelques jours sans électricité. Ainsi, on assure la sécurité alimentaire des personnes durement touchées », a souligné le ministre responsable de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, par voie de communiqué.

Cette décision s’est prise en collaboration entre les épiciers et le gouvernement, précise le vice-président aux affaires publiques de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, Stéphane Lacasse.

On était prêts à aider, donc on a demandé à nos membres d’ouvrir au besoin.

Stéphane Lacasse, vice-président aux affaires publiques de l’Association des détaillants en alimentation du Québec

Il est important de bien vérifier toutefois quelles épiceries seront ouvertes puisque certaines pourraient toujours être privées d’électricité. C’est le cas du marché IGA de la rue Jarry, comme a pu le constater La Presse.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’épicerie IGA sur la rue Jarry était toujours privé de courant, samedi.

D’autres épiceries qui ont été contraintes de se débarrasser de leurs aliments périssables pourraient aussi rester fermées. Le Supermarché PA, qui a perdu le courant plusieurs jours, présentait des rayons dégarnis et des congélateurs vides, samedi.

« Consciente des inconvénients causés par la tempête de verglas de jeudi dernier et de nombreuses pannes d’électricité, METRO inc. répond une fois de plus présente à l’appel du gouvernement pour assurer la sécurité alimentaire de la population dans des circonstances exceptionnelles », a indiqué pour sa part l’entreprise qui a tenu à remercier « les employés qui ont accepté de venir travailler sur une base volontaire à l’occasion d’un jour férié ».

Des enjeux de main-d’œuvre

En effet, pour beaucoup, ce n’est pas si simple de s’ajuster ainsi à la dernière minute, indique le président du Conseil canadien du commerce de détail, Michel Rochette. « Ce n’est pas simple parce que les employés ont parfois été eux-mêmes touchés, mais tout le monde va faire ce qu’il peut », dit-il.

Ce dernier dit ne pas se souvenir de la dernière fois où les épiceries étaient ouvertes au Québec pour le dimanche de Pâques. « Durant la COVID, on était plutôt obligés de fermer le dimanche », se remémore-t-il.

En plus du défi de la main-d’œuvre, de nombreuses épiceries devront également faire face à celui de l’approvisionnement. « Tous les jours, les étagères sont remplies, les gens viennent acheter. C’est un écosystème extrêmement complexe », résume Michel Rochette.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le directeur du Maxi de la rue Jean-Talon, Alexandre Brissette

Au Maxi de la rue Jean-Talon, on ne s’en fait toutefois pas trop avec la disponibilité des employés. « Ça n’a pas été trop compliqué. C’était sur une base volontaire et comme ils vont être payés en heures supplémentaires, ils l’apprécient », indique le directeur, Alexandre Brissette.

Outre pour les repas préparés, l’endroit a été très populaire ces derniers jours pour ses micro-ondes et ses prises de courant, ajoute-t-il, alors que derrière lui, une dizaine de clients rechargent leurs cellulaires en discutant.