En prévision du prochain budget provincial, qui sera déposé le 21 mars, la Ville de Montréal demande l’aide de Québec pour tenter de juguler les deux crises majeures auxquelles elle fait face : la crise du logement abordable et celle du financement des transports en commun.

« Plutôt que de faire une longue liste d’épicerie, on se concentre sur nos deux priorités », explique la présidente du comité exécutif de Montréal, Dominique Ollivier, en entrevue.

En tout, les demandes de la métropole totalisent plus de 400 millions de dollars.

Pour accélérer la construction de logements sociaux, l’administration de la mairesse Valérie Plante propose au ministre des Finances, Eric Girard, de lui transférer la responsabilité de développer les 1098 unités du programme AccèsLogis qui sont toujours en attente de financement, mais prêtes à être construites. Ce transfert devrait s’accompagner d’un financement additionnel de 314,5 millions, en plus du transfert de la subvention de base déjà prévue au programme, soit 69,5 millions, demande la Ville.

Montréal a besoin de 2000 nouveaux logements par année pour répondre aux besoins de la population, et 40 % de ces unités doivent être des logements sociaux ou abordables, rappelle Mme Ollivier.

Le gouvernement du Québec a annoncé dernièrement la fin du programme AccèsLogis, qui permettait la construction de logements sociaux, ce qui a suscité beaucoup de critiques.

« On ne peut pas arrêter de construire des logements sociaux », insiste la présidente du comité exécutif, qui rappelle que son administration a investi une somme record de 600 millions en habitation lors de son dernier budget.

Quand on voit l’augmentation de l’itinérance à Montréal, il nous faut absolument une solution pérenne.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de Montréal

« À l’heure actuelle, de nombreux projets n’attendent plus que le financement nécessaire pour voir le jour. Des centaines de ménages pourraient ainsi se loger sur le territoire s’il y avait des logements disponibles en phase avec leur capacité de payer. »

« L’offre doit être là »

Pour la Société de transport de Montréal, durement touchée par la pandémie, la Ville demande 90 millions sur deux ans, en soulignant que l’organisme a fait des efforts de rationalisation de 18 millions pour faire face à la baisse de ses revenus.

« Les villes et les usagers ne peuvent porter à eux seuls le fardeau du financement adéquat du transport collectif. L’offre doit être là pour qu’il puisse y avoir un transfert modal, puisque c’est l’une des façons de réduire les gaz à effet de serre », note Dominique Ollivier.

Québec a la marge de manœuvre nécessaire pour octroyer des baisses d’impôt aux contribuables, en raison de la hausse de ses revenus découlant de l’inflation, observe la présidente du comité exécutif. « Mais comme le taux de pauvreté est plus élevé à Montréal, beaucoup de gens de bénéficieront pas de ces baisses d’impôt, » ajoute-t-elle, se disant sûre que le ministre des Finances « comprend la réalité de la métropole ».