(Québec) L’explosion de plus de 45 % de la facture pour reconstruire le pont de l’Île-aux-Tourtes se confirme. Le contrat dépasse les deux milliards de dollars, selon le soumissionnaire gagnant. Des travaux préparatoires débuteront lundi.

La Presse a appris que le Groupe Nouveau pont Île-aux-Tourtes a remporté l’appel d’offres pour remplacer le pont de l’autoroute 40 qui franchit le lac des Deux Montagnes, dans l’ouest de la métropole.

Ce consortium est formé de Roxboro Excavation, Construction Demathieu & Bard et Dragados Canada – filiale du géant espagnol de la construction ACS qui a participé au projet du nouveau pont Samuel-De Champlain, entre autres.

Selon une communication interne de Roxboro Excavation que La Presse a obtenue, « le Groupe Nouveau pont Île-aux-Tourtes a été déclaré soumissionnaire ayant présenté le plus bas prix ajusté pour cet appel d’offres ». L’entreprise n’a pas voulu commenter ce document daté du 7 février.

« Nous avons terminé les négociations avec le gouvernement. Nous avons reçu l’avis officiel de sélection et le contrat sera conclu sous peu », peut-on lire.

Surtout, on confirme la valeur des travaux : « Le contrat est évalué à plus de deux milliards de dollars. »

La Presse révélait mercredi que la facture avoisinerait cette somme. La ministre des Transports Geneviève Guilbault refusait d’infirmer ou de confirmer l’information.

Comme le veut la procédure, Québec n’a pas divulgué le coût estimé du projet à ce jour. Il avait autorisé l’an dernier une dépense d’un maximum de 1,4 milliard, selon nos informations. Le coût du projet gonfle ainsi de plus de 45 %.

« Il y a surchauffe dans les coûts [de] tous les projets majeurs », dont le nouveau pont de l’Île-aux-Tourtes et le troisième lien, affirmait mercredi le ministre des Infrastructures, Joanatan Julien. Il laissait ainsi planer une hausse de la facture du projet de tunnel Québec-Lévis. Le premier ministre François Legault disait en campagne électorale que les 6,5 milliards prévus étaient un « maximum ».

Geneviève Guilbault n’a pas voulu accorder d’entrevue vendredi. Elle a annoncé par voie de communiqué le début des travaux préparatoires en vue de la construction du nouveau pont.

Travaux préparatoires

À compter du 27 février, des équipes feront du déboisement « ciblé », des forages géotechniques et des travaux liés au déplacement des équipements de services publics.

Et toujours dès lundi, « les covoitureurs (deux personnes à bord et plus) et les taxis pourront emprunter les voies réservées qui ont été aménagées temporairement aux approches du pont actuel dans le cadre des travaux de réparation en cours ». Rappelons qu’en raison des travaux d’entretien, une voie sur trois est fermée dans chaque direction sur le pont.

Dans son communiqué, la ministre indique également que la signature du contrat avec le soumissionnaire retenu pour construire le nouveau pont est prévue ce printemps. « C’est d’ailleurs à ce moment que l’échéancier des travaux et le coût du projet pourront être précisés », ajoute-t-elle.

Le nouveau pont sera construit au nord de l’infrastructure actuelle, qui sera ensuite démantelée. Dans chaque direction, il y aura trois voies de circulation pour les automobiles et les camions de même qu’un accotement de quatre mètres pouvant être utilisé par des autobus. Une « piste polyvalente » de même largeur sera aménagée pour les vélos et les piétons. Le nouveau pont sera plus large que l’actuel, d’une dizaine de mètres environ.

La construction du nouveau pont débuterait en 2024. La mise en service serait « progressive », débutant en septembre 2026 et se terminant en novembre 2029, selon le ministère des Transports.

« D’ici la mise en service, le pont actuel demeure sécuritaire et l’infrastructure fait l’objet d’un programme de maintien qui comprend des inspections et des travaux de réparation », soutient Geneviève Guilbault. Depuis 2016, Québec a dépensé 142 millions de dollars pour réparer des poutres et des dalles, entre autres. Il a réservé des sommes supplémentaires de 41 millions cette année et de 193 millions pour les suivantes afin de réaliser des travaux de renforcement.