Le prolongement de la ligne orange tardera-t-il autant que celui de la ligne bleue ? Les maires concernés s’impatientent devant le délai de création d’un bureau de projet, neuf mois après l’annonce de sa mise sur pied, a appris La Presse.

Ce serait la première étape d’une démarche qui devrait aboutir à une nouvelle offre en transports en commun au nord de la station Côte-Vertu (terminus actuel de la ligne orange) jusqu’au nord de Laval. Montréal espère un prolongement pur et simple du métro, mais le gouvernement dit vouloir envisager toutes les options.

« C’est sûr qu’on aurait souhaité que ça aille plus vite, c’est vraiment le message qu’on porte », a affirmé Sophie Mauzerolle, la responsable des transports au comité exécutif de Valérie Plante, en entrevue vendredi. « Il faut que ça aille plus vite. »

L’élue était accompagnée de la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, dont l’arrondissement serait traversé par ce prolongement. « Ça fait longtemps que les gens attendent ce projet-là », a dit cette dernière. « Ça va donner du transport collectif structurant aux gens de Cartierville, qui n’en ont pas vraiment. »

SOURCE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC / INFOGRAPHIE LA PRESSE

Même son de cloche du côté de Laval : « Nous attendons impatiemment la création des bureaux de projet », a fait valoir le cabinet du maire Stéphane Boyer, qui s’est aussi vu promettre des services rapides par bus (SRB) sur d’autres artères. « Ces projets ont le potentiel de transformer la façon dont nos citoyens se déplacent au quotidien. »

À la source de leurs espoirs : une annonce de « mise sur pied d’un bureau de projet » pour le prolongement de l’axe de la ligne orange faite le 27 mai 2022 par François Bonnardel, alors ministre des Transports.

« La nouvelle priorité pour le réseau de métro, c’est la ligne orange », avait-il même affirmé au journal local, le Courrier Laval.

Depuis, c’est la vice-première ministre qui a repris le portefeuille des Transports. « Nous sommes à mettre en place le bureau de projet du prolongement de la ligne orange, tel qu’annoncé par le ministre Bonnardel au printemps 2022 », a déclaré son attaché de presse, Louis-Julien Dufresne. « Nous serons en mesure de communiquer davantage de détails en temps et lieu. »

« C’est le temps de passer aux actes »

Les maires de Laval et d’Ahuntsic-Cartierville ne sont pas les seuls à s’inquiéter des retards au démarrage pour ce projet.

Dans une lettre à Québec, que La Presse a obtenue, le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, exprime lui aussi son impatience. « Aucune autre annonce n’a été faite depuis [le 27 mai]. Qui plus est, nous apprenons que les agences concernées n’ont reçu aucun mandat officiel en ce sens ni les crédits nécessaires pour la création de ce bureau de projet », écrit-il dans sa missive datée d’octobre dernier, après les élections provinciales. « Je sollicite ainsi votre appui pour poursuivre le travail entamé. »

Le maire Alan DeSousa est particulièrement préoccupé par le tronçon qui touche son territoire et qui devrait relier la station de métro Côte-Vertu à la future station Bois-Franc du REM. Cette dernière doit ouvrir l’an prochain.

« Quand un ministre du gouvernement prend un engagement en disant que […] la nouvelle priorité pour le métro, c’est la ligne orange, je prends les mots du ministre comme du cash », a dit l’élu, en entrevue téléphonique. « Je reste convaincu que les ministres [de la Métropole Pierre] Fitzgibbon et [Geneviève] Guilbault vont donner suite le plus rapidement possible. Le temps file. S’ils sont sérieux, c’est le temps de passer aux actes. »

Projets en parallèle

Les élues montréalaises insistent elles aussi sur l’importance de cette éventuelle connexion entre le REM et le métro, ainsi que sur l’impact d’un nouveau service de transport sur la circulation dans cette partie de l’île.

« En ce moment, nos rues dans Cartierville dans l’axe Laval–Bois-Franc servent de voie de transit aux autos et aux autobus pour les Lavallois et les Lavalloises. Et les gens de Cartierville en ont un peu gros sur le cœur », a déploré Mme Thuillier. « Ça aide tout le monde. »

Le prolongement de la ligne orange est surtout l’occasion pour le gouvernement du Québec de démontrer qu’il peut mener de front plus d’un combat en matière de transports en commun dans la métropole, a ajouté Sophie Mauzerolle.

« On veut que les projets aillent plus vite, qu’on les fasse en parallèle. Qu’on arrête d’attendre qu’un projet voie le jour avant d’en entamer un autre, a dit Mme Mauzerolle. Il y a des besoins, tant pour les Montréalais et les Montréalaises localement que pour […] une communauté beaucoup plus large. »