La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, ouvre la porte à un éventuel prolongement du REM de l’Est vers le centre-ville, exclu du projet depuis le retrait de CDPQ Infra. Mais il se ferait dans une deuxième phase de travaux, soutient-elle, en rappelant qu’il faudra se pencher à nouveau sur le mode d’insertion et le tracé.

« Quoi qu’il advienne, la connexion avec le centre-ville ne sera jamais impossible dans un deuxième temps, s’il y a lieu », a admis Mme Guilbault lundi, alors qu’elle faisait une allocution devant la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM).

Elle répondait ainsi aux propos du PDG de la Chambre, Jean-Denis Charest, qui soutenait au micro un peu plus tôt que « l’incertitude » entourant le lien avec le centre-ville du futur REM de l’Est suscite certaines craintes et préoccupations dans le milieu des affaires, qui souhaite voir ce tronçon se concrétiser.

Appelée à préciser sa pensée en mêlée de presse, la ministre est demeurée prudente, assurant à plusieurs reprises qu’elle n’a encore rien à annoncer.

« Cela dit, ce n’est pas un système fermé. Les projets de transport collectif, parfois, on le fait en phases. Ce sont des choses qui, après, peuvent se prolonger, peuvent s’interconnecter », a-t-elle néanmoins concédé, en ajoutant qu’il en va de même pour le tramway à Québec.

Pour que la liaison avec le centre-ville devienne « acceptable », il faudra revoir plusieurs paramètres, croit Mme Guilbault. « Le mode d’insertion et aussi bien sûr le tracé deviennent des sujets déterminants en termes d’acceptabilité sociale. Ce sera une question à se poser avec toutes les parties prenantes », a-t-elle poursuivi.

La ligne verte « capable » pour l’instant

Fin janvier, La Presse rapportait que la ligne verte du métro de Montréal devrait accueillir au moins 10 % d’achalandage en plus et voir ses stations de correspondance exploser en nombre d’usagers1, si le REM de l’Est n’obtient pas de connexion avec le centre-ville.

Selon le rapport préliminaire du comité, un REM de l’Est sans connexion au centre-ville contribuerait à une surcharge quotidienne d’au moins 4000 passagers en heure de pointe, soit 10 % de surplus par rapport à l’affluence normale de la ligne verte, dont l’achalandage a déjà augmenté depuis les travaux dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. À la station Assomption, la hausse serait plus marquée : le nombre de passages en pointe y bondirait de 2500 à 18 000, une augmentation de 620 %. Dans l’antenne est, dans l’axe de la rue Sherbrooke Est, 60 % des usagers emprunteraient la ligne verte à un moment ou à un autre.

Lundi, la ministre Guilbault a réitéré que « la ligne verte est capable d’absorber l’achalandage qui va venir » du REM de l’Est. Elle citait ainsi une récente étude de la Société de transport de Montréal (STM)2, qui affirme que « la ligne verte du métro dispose encore d’une capacité résiduelle significative qui devrait suffire pour au moins une dizaine d’années ».

Dans l’étude, on précise toutefois que le REM rendra « nécessaire d’accélérer le déploiement de nouveaux moyens pour augmenter la capacité ». Le prolongement de la ligne bleue, pour lequel la STM vient justement d’annoncer, en vertu d’un partenariat avec Ivanhoé Cambridge, qu’une station se situera bel et bien aux Galeries d’Anjou, pourra aussi décharger le REM depuis la station Lacordaire, a affirmé la ministre.

« On veut faire les choses correctement. Moi, je suis de celles qui pensent que, tant qu’à faire un projet, aussi bien le faire de la façon la plus optimale possible », a persisté Mme Guilbault, en disant vouloir éviter « les économies de bout de chandelle ». « On veut un budget qui se tient et qui est réaliste », a-t-elle maintenu.

« Accélérer les chantiers »

Pendant son allocution, la ministre des Transports a aussi évoqué que Québec doit « trouver une façon d’accélérer les chantiers », en particulier dans le centre-ville, où un tiers des cônes orange seraient « inutiles », selon un récent rapport de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a donné une conférence devant la Chambre de commerce de l'Est de Montréal (CCEM), lundi.

« On a beaucoup de chantiers d’infrastructures à faire et on est certain qu’il y a moyen que ça soit moins long, et donc que ça soit moins cher […] pour que ça mette moins de pression sur les finances publiques », a-t-elle fait valoir.

Plus largement, Québec dit plancher en priorité sur « ce qui ne coûte rien » pour réduire le nombre de cylindres orange dans les rues de la métropole. « On réfléchit avec la mairesse [Valérie Plante] à savoir si on peut jouer sur des réglementations, des façons de faire. Si on peut, faisons-le, et ça va améliorer la qualité de vie des gens », a soutenu Mme Guilbault à ce sujet, disant toutefois avoir besoin de l’appui des syndicats et du milieu de la construction en premier lieu.

1. Lisez « Sans connexion au centre-ville, la ligne verte en voie d’être surchargée » Lisez « Un prolongement vers Rivière-des-Prairies augmenterait l’achalandage de 20 % »