Vendredi 22 janvier, 16 h. Les membres de l’équipe de la division des enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur l’internet de la Sûreté du Québec (SQ) sont déjà partis en week-end lorsque leur téléphone sonne.

Quatre enquêteurs du bureau de Québec sont rappelés au travail. Une fillette est en danger. Il faut la trouver au plus vite.

Tout ce que les policiers savent, grâce à leurs outils informatiques, c’est que son agresseur se trouverait quelque part dans la grande région de Trois-Rivières. Ils analysent les informations transmises par la GRC et envoient des demandes en urgence auprès de deux fournisseurs internet en espérant localiser le suspect.

La réponse de Bell les dirige vers un restaurant Tim Hortons où l’homme, ou quelqu’un qui utilise le même appareil électronique que lui, s’est déjà connecté à l’internet. Avec Vidéotron, ils ne confirment que la marque du téléphone mobile : Samsung Galaxy, ce qu’ils savaient déjà.

À 19 h 36, les policiers se rabattent sur l’adresse courriel Gmail qu’a fournie la plateforme Kik et envoient une demande à Google afin d’obtenir le plus vite possible les informations sur leur abonné.

Google mettra 24 heures à répondre. En attendant, l’enquête piétine.

Les policiers retournent chaque pierre, mais rien ne leur permet de localiser celui qu’ils cherchent.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Le lieutenant Marc-Antoine Vachon, responsable de la division des enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur l’internet

Avec les infos qu’on a, on a beau creuser, ça ne donne rien.

Marc-Antoine Vachon, responsable de la division des enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur l’internet

Il demande à ses hommes d’aller chercher les caméras de surveillance chez Tim Hortons. Les policiers analysent aussi chaque image partagée sur Kik à la recherche d’indices qui pourraient les aider à avancer, ce que fait aussi, en simultané, l’équipe d’identification des victimes à Ottawa. En vain.

La réponse de Google arrive tard le samedi 23 janvier. Les enquêteurs en prennent connaissance au petit matin, le dimanche 24 janvier. Enfin, ils ont un surnom, un numéro de téléphone et, surtout, une adresse géographique d’où l’individu s’est connecté.

« On l’a », pensent les policiers.