Cinq jours après l’annonce d’une vaste réorganisation du CISSS de la Côte-Nord pour pallier le départ d’employés d’agences privées de placement, la situation demeure « très fragile partout », selon sa PDG Manon Asselin, qui demeure cependant optimiste.

Les unités de débordement à Baie-Comeau et à Sept-Îles ont été fermées dans la dernière semaine et le demeurent toujours. Dans ces deux mêmes villes, on constate aussi une fermeture de salles d’opération.

« Je n’ai aucune capacité pour aller au-delà de mes 10 civières pour chacune de mes urgences », dit-elle.

Une réduction de services de 50 % dans les interventions chirurgicales non urgentes persiste également. Enfin, on effectue aussi du délestage pour prioriser les ressources ; la prestation de services de santé courante en est donc affectée.

Même si aucun Nord-Côtier ne sera transféré en dehors de la région, comme cela avait été évoqué lundi, le CISSS indique, par voie de communiqué, que « les transferts médicaux vers les hôpitaux receveurs habituels (Baie-Comeau et Sept-Îles) pourraient être perturbés si leur capacité d’accueil est limitée ».

Mme Asselin dit que son organisation continue de faire des requêtes pour tenter de remplir « le plus de quarts de travail possible et revenir à une normalité ». « Tous les jours, on va confirmer de nouvelles ressources. » La situation générale sera réévaluée la semaine prochaine.

Malgré ces bouleversements qui persistent, la PDG du CISSS déclare que « ça va beaucoup mieux que lundi », l’arrivée de renforts ayant permis d’éviter encore plus de réductions de services.

La situation change aux heures et on a vu une bonne différence avec l’arrivée de ressources prévues pour le 19 mai. On a pu sécuriser nos transferts et les hospitalisations.

Manon Asselin, PDG du CISSS de la Côte-Nord

La PDG se réjouit d’ailleurs du maintien des hospitalisations à Sept-Îles et à Baie-Comeau. « On a assez de personnes pour garder nos lits ouverts. » Des réductions de services le soir et la nuit ont également pu être évitées aux urgences de Forestville et des Escoumins, en Haute-Côte-Nord.

Québec a aussi annoncé jeudi la création d’une équipe volante publique, « constituée d’infirmières et de préposées aux bénéficiaires ». Un « outil dans la boîte à outils » du CISSS, qui en faisait la demande depuis 2022, selon sa PDG.

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« Attirer, retenir, fidéliser »

Le CISSS de la Côte-Nord emploie entre 600 et 700 employés d’agences au quotidien. Dans certains secteurs, la main-d’œuvre indépendante peut occuper jusqu’à 60 % des postes, selon les médecins. Moins de 2 % d’entre eux habitent la région administrative.

Manon Asselin souhaite ainsi trouver d’autres manières d’« attirer, retenir et fidéliser » la main-d’œuvre.

« Lorsque vous venez dans une région, vous avez besoin d’un filet alentour de votre famille, dit-elle. Si vous n’avez pas de garderie, pas d’hébergement, il est difficile pour n’importe quel employeur d’attirer de la main-d’œuvre et de la retenir. »

Elle a d’ailleurs rencontré les préfets de la Côte-Nord, vendredi après-midi. « Ce n’est pas seulement un problème de santé, c’est un problème nord-côtier. »