(Mirabel) Ses plants de framboises ne sont pas encore en terre, mais ils se font déjà dorloter en prévision des beaux jours d’été. Le producteur Pierre-Yves Éthier est sur le point de retourner dans ses champs pour la nouvelle saison. En attendant, il veille sur ses futures éclosions de fruits et légumes dans les serres de sa ferme aménagées spécialement pour contrer la météo incertaine et les changements climatiques.

Au pays des petits fruits est une ferme à mission locale d’une vingtaine d’hectares de Mirabel, en activité depuis 1991. Même si le volume est au rendez-vous, ses récoltes ne sont pas vendues dans les épiceries à cause des contraintes des géants de l’alimentation et des lois du marché, explique le producteur agricole.

« Nous préférons interagir directement avec nos consommateurs, avec nos clients. On a un kiosque. Ma raison de vivre, c’est le contact avec les gens, c’est ma motivation à tenir dans les champs », raconte M. Éthier.

Bons joueurs, le producteur, sa conjointe, Chantal Demers, et leur fils Gabriel se sont portés volontaires pour que leur terre devienne une ferme pilote du projet Agriclimat. L’organisme a recruté 38 fermes de tout genre pour poser un diagnostic de lutte contre les changements climatiques. Le défi de carboneutralité est énorme. Les pluies abondantes, les canicules, le gel ou les nuées d’insectes nuisibles menacent constamment les cultures, explique M. Éthier, qui possède une formation en agroéconomie.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Pierre-Yves Éthier

Le virage vert ne se réalise pas d’un coup de baguette. Ce n’est pas évident de tracer un bilan carbone et un bilan du phosphore, c’est même très difficile.

Pierre-Yves Éthier, de la ferme Au pays des petits fruits

« Par exemple, on aimerait bien réduire l’utilisation des pesticides. Mais la quantité d’insectes a grimpé en flèche ces dernières années. Il y a des limites à ce qu’on peut faire, et aux coûts associés à certaines mesures », explique-t-il.

Une dizaine de variétés de fraises, d’été et d’automne, des framboises en pot et en champ, en plus des bleuets en corymbe sont cultivés par l’entreprise familiale. Au total, 100 000 kg de fraises sont produits chaque année, 35 000 de framboises et 15 000 de bleuets. Près de quatre hectares sont réservés aux légumes ; des concombres, de l’ail, des courges et citrouilles.

Afin de lutter contre le ravage des pluies sur les petits fruits, l’entreprise familiale a investi dans l’aménagement de serres. Des abris ont été construits pour protéger les plants. Des arbres et des plantes ont été intégrés partout sur sa terre pour capter le carbone, pour briser le vent. La ferme cherche même à réduire son empreinte en révisant le kilométrage de ses tracteurs. Sur le marché, il existe de la machinerie agricole électrique, hybride, mais elle a un coût.

« Si la population veut continuer à manger local, il va nous falloir du soutien financier. Les prix ont augmenté dans tout. De l’engrais vert, ça existe, mais toutes les mesures ont un coût. »

Consultez le site d’Au pays des petits fruits

Bon à savoir

François Quesnel est agronome chez Profit-au-sol, organisme ayant pour mission d’accompagner les producteurs agricoles des Basses-Laurentides dans leurs démarches vertes. Il connaît bien Pierre-Yves Éthier. « Il travaille fort pour réduire son empreinte carbone », affirme-t-il. L’agronome explique qu’il existe des données pour d’autres cultures, entre autres la culture de maïs, de soja. Par contre, les connaissances en matière de petits fruits en sont à « leurs balbutiements », ajoute-t-il.

Consultez le site de Profit-au-sol