Dès l’âge de 8 ans, son chemin était déjà tracé. Il serait biologiste et vivrait en Amazonie avec sa famille pour protéger la planète. Discussion avec Nicolas Mainville, qui revient d’un séjour de sept ans en Équateur où il a aidé les communautés autochtones à défendre la forêt tropicale.

De retour au Québec depuis quelques mois seulement, le biologiste Nicolas Mainville admet que le fait de se retrouver à Montréal lui fait voir différemment la société québécoise. « On est très bons au Québec pour parler, mais pour agir, c’est différent. C’est un constat qui me frappe encore plus maintenant que je reviens d’Amazonie. »

« Ici, j’ai un peu l’impression qu’on est vraiment dans une ouate, dans un confort particulièrement agréable. On est lents à réagir, même si on sait qu’il y a des problèmes, qu’il y a des enjeux importants, criants. On parle, on parle, mais on agit très peu. »

C’est d’ailleurs l’une des leçons qu’il tire de son expérience en Équateur. « C’est l’inconfort qui porte à l’action. Quand ça devient nécessaire, quand ça devient criant et urgent, c’est là que les gens réagissent. Mais ici, on est vraiment dans une société de ouate et ça fait en sorte qu’on n’est pas trop pressés, surtout nos gouvernements. Il va falloir qu’on frappe des crises par-dessus des crises pour que les choses bougent. »

Les incendies de forêt survenus au Québec et au Canada l’an dernier illustrent bien ce phénomène, selon lui.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Nicolas Mainville, biologiste

Je reviens de la consultation sur la forêt [organisée par le gouvernement du Québec]. On a changé complètement le dialogue par rapport à la forêt québécoise avec une seule saison de feux catastrophiques. Pourtant, on savait que ça allait arriver et on savait ce qu’il fallait faire pour éviter des impacts aussi importants.

Nicolas Mainville, biologiste

De retour au Québec depuis septembre dernier, Nicolas Mainville a accepté en janvier un poste de directeur, conservation et climat, à la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec). Il s’occupera entre autres du dossier des forêts où il mettra à profit son expérience des 20 dernières années.

Réaliser son rêve

Il s’est fait connaître du grand public alors qu’il était directeur de Greenpeace Québec, entre 2012 et 2015. Une période plutôt tendue entre l’industrie forestière et l’organisation écologiste, réputée pour ses coups d’éclat. « Ça n’a pas été facile, mais en même temps, ç’a été une période très enrichissante », dit-il.

Il quitte le Québec en 2016 avec sa conjointe et ses trois enfants pour aller travailler pour Amazon Frontlines, une ONG spécialisée dans la défense des droits des Autochtones. Il réalise alors le rêve qu’il a entrevu alors qu’il avait 8 ans. « J’avais vu un documentaire qui m’a marqué. J’allais devenir biologiste et vivre en Amazonie. J’avais d’ailleurs écrit une lettre que j’avais soumise à ma professeure ! »

Maintenant de retour au Québec, il constate qu’il y a eu énormément de changements en sept ans. « C’est fascinant de voir à quel point les crises ont forgé les prises de position. Il y a eu un éveil sur les enjeux de climat et de biodiversité. »

Malgré tout, il persiste et signe. « Je suis revenu avec un regard critique sur notre société. Comme si on attendait que ça pète pour agir. » Il nous voit un peu comme les élèves qui attendent toujours à la dernière minute pour se préparer à un examen...

« Le clash va être plus fort ici quand on va commencer à perdre du confort. Fais juste imaginer une société où le café est rendu inaccessible, ça va aller mal ! Et ça s’en vient... »