Le premier des 400 lieux de retour nouveau genre qui verront le jour dans le cadre de la réforme du système québécois de consigne des contenants de boissons a ouvert ses portes jeudi, à Granby, avec un retard de quelques mois qui inquiète Québec, qui exhorte les embouteilleurs à « accélérer la cadence » de déploiement du système.

Le tintement des bouteilles vides et le froissement des canettes se faisaient entendre dans le stationnement du tout nouveau lieu de retour de Granby, situé en face du Zoo de Granby, témoignant d’un achalandage constant, même si l’ouverture n’avait pas été annoncée.

À l’intérieur, des équipements dernier cri gobent les contenants rapportés, peu importe qu’ils soient en plastique, en aluminium ou même en verre.

Les gens rapportant de grandes quantités de contenants peuvent les déverser sur un appareil automatisé muni d’un convoyeur qui trie le tout automatiquement et rapidement.

« C’est super, on n’attend plus », s’est exclamée une dame croisée par La Presse.

Le Québec devrait compter 200 lieux de retour du genre le 1er mars 2025, quand la consigne sera élargie à tous les contenants de boissons de 100 millilitres à 2 litres qui ne sont pas encore consignés, comme les bouteilles de vin en verre ou les contenants de carton multicouche pour le lait et les jus, et 400 d’ici 2026.

Ces établissements consacrés uniquement au retour des contenants consignés sont mis en place par l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB), l’organisme créé par les acteurs de l’industrie des boissons pour gérer l’élargissement de la consigne adoptée par le gouvernement Legault, en vertu du principe de responsabilité élargie des producteurs (REP).

Un volume supplémentaire de contenants à traiter

Mais la création de ce nouveau réseau devant absorber le volume supplémentaire de contenants consignés, qui passera de quelque 2,5 milliards à 5 milliards de contenants par année lorsque la réforme sera achevée, l’an prochain, connaît des difficultés, rapportait La Presse en mars.

Lisez le dossier « La consigne piétine »

L’AQRCB a notamment demandé une garantie de prêt au gouvernement, faisant face à des difficultés d’emprunt pour financer l’ouverture de son réseau, qu’elle estime à 200 millions de dollars, à raison de 500 000 à 600 000 $ par lieu de retour.

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Machine servant à trier les contenant consignés

Québec a demandé « des précisions » à l’AQRCB avant de répondre à sa demande, a déclaré le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

« On a reçu les réponses [mercredi], en fin de journée, c’est en analyse ; on ne ferme pas la porte, mais on veut s’assurer de certaines choses, [notamment] sur la vitesse de déploiement de ces lieux de retour », a-t-il indiqué à La Presse, jeudi.

On demande à l’AQRCB d’augmenter la cadence, de s’assurer de respecter les délais.

Benoit Charette

L’élargissement de la consigne devait initialement entrer en vigueur en une seule phase, le 1er novembre dernier, mais Québec a accepté de procéder en deux temps à la demande des embouteilleurs, qui plaidaient que l’augmentation du volume de contenants et l’ajout des contenants en verre comme les bouteilles de vin requéraient plus de temps de préparation.

« Pour nous, il n’y a pas d’autres délais envisageables », a catégoriquement affirmé M. Charette, jeudi.

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Cette machine dernier cri trie tous les contenants consignés, peu importe leur matériau de fabrication.

« Il n’y a officiellement pas eu de demandes, mais on a entendu différentes entrevues [du président-directeur général de l’AQRCB] laissant entendre que ça pourrait être une option, a détaillé le ministre. Ce n’est pas une option que l’on considère. »

Peu de baux signés à ce jour

L’ouverture de 200 lieux de retour d’ici le 1er mars 2025 représente plus d’une ouverture par jour ouvrable, mais l’AQRCB a signé peu de baux à ce jour pour ouvrir de tels établissements et encore moins de locaux ont commencé à être aménagés.

Les premiers lieux de retour devaient initialement ouvrir à la fin de 2023, avait annoncé l’AQRCB, et le lieu de retour de Granby, qui a ouvert jeudi, était déjà un lieu de retour mis sur pied par l’épicier voisin dans le cadre d’un projet pilote, qui n’a donc pas nécessité de travaux majeurs de rénovation.

Son ouverture réjouit néanmoins le ministre Benoit Charette, qui espère que les difficultés rencontrées pour son ouverture aideront à « aller plus vite pour les prochains ».

L’AQRCB a de nouveau refusé d’accorder une entrevue à La Presse, jeudi, mais son PDG, Normand Bisson, a indiqué dans une déclaration transmise par une firme de communications que l’ouverture du lieu de retour de Granby « donne un avant-goût de ce qui s’en vient pour la phase 2 de la modernisation du système de consigne ».

Un centre de tri destiné à la consigne

Un centre de tri destiné spécifiquement aux contenants de boisson consignés en aluminium, en plastique et en carton multicouche sera construit à Sorel-Tracy. « Les contenants de boisson récupérés, provenant de partout au Québec, seront pris en charge par un système de tri complet et automatisé allant jusqu’à la mise en ballots avant de prendre le chemin de l’usine de recyclage ou de la fonderie, dans le cas de l’aluminium », ont annoncé l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB) et l’équipementier québécois Machinex, à la fin de mars. L’usine, qui sera construite sur un terrain de la zone industrialo-portuaire de Sorel-Tracy que Machinex est en train d’acheter de la Ville, sera prête d’ici le 1er mars 2025, date de la deuxième phase de l’élargissement de la consigne, assure le communiqué. « Nous avons les autorisations municipales nécessaires pour commencer les travaux », a indiqué à La Presse Anne-Marie Paré, porte-parole de Machinex. Le communiqué ne mentionne pas ce qu’il adviendra du verre qui sera récupéré ; l’AQRCB a refusé d’accorder une entrevue à La Presse.

L’histoire jusqu’ici

La réforme du système québécois de la consigne sur les contenants de boissons du gouvernement Legault a élargi le 1er novembre dernier la consigne à tous les contenants d’aluminium de 100 millilitres à 2 litres, comme ceux de jus et d’eau pétillante.

La consigne sera à nouveau élargie le 1er mars 2025, cette fois aux contenants de plastique, de carton multicouches et de verre de 100 millilitres à 2 litres, comme ceux de lait, de jus et de vin.

Le nombre de contenants consignés récupérés devrait passer ainsi de 2,5 milliards à 5 milliards par année au Québec.

En savoir plus
  • 10 cents
    Consigne uniformisée pour les contenants de boisson depuis le 1er novembre, sauf pour les contenants de verre de 500 ml à 2 L, dont la consigne est de 25 cents
    Source : Recyc-Québec