Si la tendance se maintient, l’extraction des ressources planétaires augmentera de 60 % d’ici 2060. Une croissance démesurée qui n’est pas soutenable, selon un nouveau rapport des Nations unies. Explications.

Une utilisation non durable des ressources

L’utilisation des ressources planétaires a triplé au cours des 50 dernières années, rappellent Janez Potočnik et Izabella Teixeira, coprésidents du Groupe international d’experts sur les ressources, dans le plus récent rapport Global Resources Outlook, dévoilé le 1er mars. Le rapport de 181 pages conclut notamment que si la tendance se maintient, l’extraction des ressources augmentera de 60 % d’ici 2060 par rapport au niveau de 2020. « Nos systèmes actuels de consommation et de production, profondément non durables, auront des répercussions catastrophiques sur les systèmes terrestres et les processus écologiques qui sont à la base du bien-être humain et de la diversité de la vie sur notre planète », affirment les deux coprésidents.

De plus en plus d’impacts environnementaux

PHOTO MAURO PIMENTEL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Mine de fer de Parauapebas, au Brésil, en mai 2023

L’extraction et la transformation des ressources en 2020 étaient responsables de plus de 55 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale et de 40 % des particules émises dans l’atmosphère qui ont un effet sur la santé humaine, signale le rapport. « Tous les impacts environnementaux [liés à l’extraction des ressources] sont en augmentation », ajoute-t-on. Rappelons que le Groupe international d’experts sur les ressources, ou International Resource Panel (IRP) en anglais, est en quelque sorte l’équivalent pour les ressources du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour les questions climatiques.

100 milliards de tonnes en 2020

PHOTO DANIEL ACKER, ARCHIVES BLOOMBERG

Centrale thermique au charbon à Underwood, au Dakota du Nord

En 2020, le monde a extrait et transformé 100 milliards de tonnes de ressources diverses. Les bâtiments et les transports figurent au premier rang pour l’utilisation des ressources, suivis des systèmes alimentaires et énergétiques. Ces quatre catégories réunies représentent environ 90 % de la demande mondiale en ressources, signale le rapport. Elles sont aussi à l’origine de 70 % des impacts des changements climatiques et de 80 % des pertes de biodiversité dans le monde. « À l’heure actuelle, les ressources sont extraites, transformées, consommées et jetées d’une manière qui alimente la triple crise planétaire », note Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement. « Nous devons commencer à utiliser les ressources naturelles de manière durable et responsable », ajoute-t-elle en introduction au rapport.

Les pays riches sont les plus gros consommateurs

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Usine d’assemblage de Ford, au Michigan

« L’augmentation du niveau de vie a entraîné une hausse rapide de l’extraction des ressources matérielles (biomasse, combustibles fossiles, métaux et minéraux non métalliques) », souligne le rapport. Les minéraux non métalliques, comme le sable ou l’argile, représentent aujourd’hui près de la moitié de la demande mondiale en ressources, suivis dans l’ordre de la biomasse, des combustibles fossiles et des métaux. Si les métaux ne constituent que 10 % des ressources extraites, leur extraction a néanmoins triplé depuis 1970. Une tendance qui risque de s’accélérer, notamment avec la course à l’électrification des transports. Signalons par ailleurs que les pays riches utilisent six fois plus de ressources par habitant que les pays pauvres.

Un urgent besoin de revoir notre modèle

PHOTO YUKI IWAMURA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Passants faisant leurs emplettes des Fêtes sur la 5e Avenue à New York, en décembre dernier

« En réduisant le besoin de mobilité et en favorisant la mobilité par le biais de transports partagés et actifs, il est possible de réduire les besoins en stocks de matériaux (-50 %), la demande d’énergie (-50 %) et les émissions de gaz à effet de serre (-60 %) d’ici à 2060 par rapport aux tendances actuelles », précise-t-on. Or, l’extraction et la transformation des ressources augmentent en moyenne de 2,3 % par année. « La science est claire. La question clé n’est plus de savoir si une transformation vers une consommation et une production durables des ressources au niveau mondial est nécessaire, mais comment y parvenir dès maintenant », écrivent les auteurs du Global Resources Outlook 2024.

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Dépôt de tramways à Essen, en Allemagne, en février dernier

Consultez le rapport Global Resources Outlook 2024 (en anglais)