Les 1 % les plus riches sur la planète produisent plus de gaz à effet de serre que 66 % des plus pauvres, soit environ 5 milliards de personnes, selon un rapport d’Oxfam sur les inégalités et les changements climatiques. Un constat troublant au moment où le réchauffement mondial s’accélère, constate l’Organisation des Nations unies.

« Le rôle démesuré des plus riches »

PHOTO NELSON CHING, ARCHIVES BLOOMBERG

Jet privé dans un hangar de Pékin, en Chine

Dans son plus récent rapport intitulé Égalité climatique : une planète pour les 99 %, Oxfam rappelle qu’en 2019, les 10 % les plus riches sur la planète étaient responsables de 50 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). À l’inverse, les 50 % les plus pauvres ont produit 8 % des émissions globales. « Il faut non seulement aborder les responsabilités historiques et actuelles des nations fortement émettrices et des grandes entreprises pour leur rôle dans les émissions de carbone, mais aussi, et surtout, le rôle démesuré que les personnes les plus riches jouent dans la crise climatique par leurs émissions, leurs investissements et leur emprise sur la politique », avancent les auteurs du rapport.

Des investissements payants… et polluants

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Les investissements des super-riches dans diverses entreprises entraînent par la bande d’importantes émissions de GES.

À eux seuls, les 1 % des super-riches ont été responsables de 16 % des émissions mondiales de GES, avance Oxfam. En 2019, les émissions des plus riches étaient aussi 27 fois supérieures au niveau permettant de limiter le réchauffement à 1,5 degré. En plus de leurs propres émissions de GES, celles résultant de leurs investissements dans diverses entreprises sont encore plus importantes, rappelle Oxfam. « La part des investissements des milliardaires dans les industries polluantes était deux fois plus importante que celle de l’investisseur moyen », rappelle-t-on. Précisons que le rapport d’Oxfam a été préparé en collaboration avec le Stockholm Environment Institute, une ONG qui s’intéresse aux enjeux environnementaux et au développement durable.

Des riches qui influencent les politiques

PHOTO SAUL LOEB, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Les sénateurs américains ont un salaire qui les place dans le 1 % des émetteurs mondiaux de GES.

« Les super-riches exercent une influence démesurée sur la politique », affirme le rapport. Par exemple, rappelle Oxfam, les sénateurs américains ont un salaire qui les place dans le 1 % des émetteurs mondiaux de GES. De plus, signale-t-on, les membres du Congrès des États-Unis détiennent 93 millions de dollars en actions dans les industries des énergies fossiles. On estime par ailleurs que les émissions personnelles et celles liées aux investissements du milliardaire Carlos Slim représentent tout près de 7 millions de tonnes d’équivalent CO2 par année.

Le résultat d’un système à changer

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Circulation automobile sur une autoroute de Los Angeles, en Californie

« C’est un rapport important, parce qu’il y a un discours où l’on dit que tout le monde doit contribuer [à réduire les GES] alors qu’il y a des gens qui sont plus responsables que d’autres », avance Corinne Gendron, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’UQAM. « On a tendance à culpabiliser la classe moyenne pour son mode de vie, alors qu’il faut relativiser la responsabilité de chacun. Le rapport d’Oxfam montre que les efforts de tout un chacun ne seront pas suffisants. On voit que ceux qui doivent faire la différence ne font pas la différence », ajoute-t-elle, tout en précisant que les « ultra-riches » sont aussi le résultat d’un système qu’il faut changer.

Le réchauffement planétaire s’accélère

PHOTO TERCIO TEIXEIRA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des gens se rafraîchissent à la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, au Brésil, en pleine canicule.

Le rapport d’Oxfam a été rendu public presque au même moment où une évaluation de l’ONU indique que le réchauffement mondial s’accélère et qu’il pourrait même atteindre 2,9 degrés d’ici la fin du siècle. L’ONU signale que les probabilités de limiter le réchauffement à 1,5 degré sont maintenant de 14 %. En parallèle, le quotidien The Guardian a publié lundi des données provenant de l’Agence internationale de l’énergie montrant que les 10 % les plus riches dans plusieurs pays émettent 40 fois plus de GES que les 10 % les plus pauvres de ces mêmes nations.

Lisez le rapport d’Oxfam