La mise en place d’une première cible mondiale de réduction des pesticides – proposition débattue au Sommet mondial sur la biodiversité à Montréal – doit s’assurer d’être « réaliste », estime le ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne.

« Avant de courir, il faut marcher », a-t-il souligné en marge de son passage, lundi, à la COP15, où il a prononcé une allocution sur l’agriculture durable.

« C’est important que […] ce soit raccroché à la réalité, a-t-il ajouté. Il faut que ça tienne la route parce que sinon, les premiers qui vont décrocher, c’est ceux dont le travail, c’est de nous nourrir. »

L’agriculture est au cœur des négociations en vue de l’adoption du prochain cadre mondial sur la biodiversité. La cible 7 du texte, qui aborde la question de la réduction de la pollution, propose de diminuer au moins de moitié ou des deux tiers l’usage des pesticides d’ici 2030.

Au delà d’un « pourcentage », la cible doit être en phase avec la réalité quotidienne des agriculteurs, a dit le ministre Lamontagne, lors d'une entrevue avec La Presse à la suite de son discours.

« Les gens qui décident tout ça sont à cent deux mille pieds dans les airs. Une fois de temps en temps, il faudrait qu’ils plongent et qu’ils aillent au ras des pâquerettes pour s’assurer que ce dont ils sont en train de discuter, ça tient la route sur le terrain », a-t-il remarqué.

Le plan québécois

Au Québec, le Plan d’agriculture durable, adopté en 2020 lors du premier mandat de M. Lamontagne, vise à faire chuter de 15 % le volume de pesticides vendus à l’échelle de la province d’ici 2030.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne, lors d’un panel soulignant l’importance des administrations locales, véritables ambassadeurs du nouveau cadre mondial sur la diversité biologique.

« Avant de réduire, il faut arrêter l’augmentation. Juste de stabiliser l’utilisation dans un contexte où l’intensité augmente, déjà c’est beaucoup », précise-t-il.

Juste nous autres, le contrat qu’on s’est donné de réduction de 15 %, ça peut sembler comme pas beaucoup. Mais si on regarde la courbe [d’utilisation des pesticides], de la stabiliser et de la réduire […], c’est un grand défi.

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

Le ministre André Lamontagne a profité de son passage à la COP15, lundi, pour annoncer qu’il bonifierait de 15 millions son programme de rétribution financière pour les producteurs qui adoptent de meilleures pratiques environnementales à la ferme.

L’approche consistant à récompenser financièrement les bons élèves est la pierre d’assise du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030, qui disposera d’une enveloppe de 135 millions pour rétribuer les producteurs qui adoptent des pratiques agroenvironnementales favorables à la biodiversité.

« Alors avant de dire 70 %, voyons si le système qu’on met en place, il nous fait pointer vers où on cherche à aller. Après cela, si tu t’aperçois que ce que tu es en train de mettre en place, ça a l’air de marcher, par la suite, si tu veux accélérer, si tu veux aller un peu plus fort, tu peux ensuite chercher les façons de le faire. »