(Montréal) Des progrès ont été réalisés lors des derniers jours à la COP15 à Montréal et la collaboration entre le Canada et la Chine dans l’organisation de l’évènement est positive, selon la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Lors d’un point de presse avec les médias en fin de journée lundi, la secrétaire exécutive de la CDB, l’organe onusien en charge de la COP15, s’est dite plus optimiste que la semaine dernière.

« Nous avons l’espoir qu’il y aura un accord avant minuit le 19 décembre, nous n’avons pas planifié d’aller au-delà de cette date », mais « il y a des obstacles sur la route », a indiqué Elizabeth Maruma Mrema.

Parmi les obstacles, elle a expliqué que « toutes les valeurs numériques des objectifs » de l’ébauche de la déclaration « sont toujours entre des crochets ».

Les crochets, ou les parenthèses, indiquent les éléments du texte où il n’y a pas de consensus.

« Est-ce qu’on planifie de réduire de 15 % le niveau d’extinction des espèces ? Est-ce qu’on veut réduire de 15 % l’utilisation des pesticides ? » a mentionné Elizabeth Maruma Mrema, lorsque La Presse Canadienne lui a demandé de citer des exemples « d’obstacles ».

PHOTO ANDREJ IVANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

La secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, Elizabeth Maruma Mrema

Les réponses à ces questions devront venir dans les prochaines heures, car l’ébauche de la déclaration doit être présentée aux ministres des différents pays jeudi, alors que débutera ce qu’on appelle le « segment de haut niveau » où les représentants politiques travailleront à mettre la touche finale à l’accord.

Selon Elizabeth Maruma Mrema, 135 ministres de différents pays seront présents dans les prochains jours.

Les 196 pays réunis à Montréal doivent s’entendre d’ici le 19 décembre pour mettre en place le cadre mondial qui permettra de freiner le déclin de la biodiversité.

Une collaboration positive entre la Chine et Canada

La Chine est la présidente de la réunion sur la biodiversité de cette année, mais le Canada en est l’hôte.

Malgré des relations de plus en plus tendues entre les deux pays, la secrétaire exécutive de la CDB a déclaré que les représentants des deux nations réussissaient à bien collaborer. « Ce qu’on voit, c’est que la Chine et le Canada jouent le rôle qu’ils doivent jouer » et « qu’ils font preuve de leadership », en précisant que les ministres des deux pays se rencontrent régulièrement.

La Chine devait être l’hôte de la réunion, mais les règles sanitaires et le confinement à répétition de grandes villes chinoises ont forcé les Nations unies à se tourner vers le Canada.

De l’espoir et un « esprit constructif »

En matinée, la directrice générale de l’environnement à l’Union européenne, Florika Fink-Hooijer, a déclaré qu’elle avait « beaucoup d’espoir » en raison de « l’esprit constructif » des délégués réunis à la COP15.

« Ça avance, si vous regardez il y a pas mal de texte finalisé, et ça nous donne de l’espoir », a indiqué la représentante européenne en ajoutant « qu’avant que les ministres arrivent jeudi », il reste du temps « pour faire le travail technique ».

D’ici là, les délégués doivent donc s’entendre sur un maximum d’objectifs et rendre l’ébauche du texte le plus clair possible.

Notre souhaitons avoir un « texte clair à environ 80 % » mercredi, a mentionné un responsable canadien à La Presse Canadienne.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré à La Presse Canadienne lors d’une entrevue lundi que lors des négociations officielles de samedi, le texte était devenu environ 35 % plus clair, avec moins de mots entre crochets parmi les 22 cibles.

Le financement au cœur des négociations

Lors d’une conférence de presse, une porte-parole du Fonds mondial pour la nature (WWF) a souligné qu’il y avait des conversations positives autour de certains objectifs, notamment la proposition phare qui vise à protéger 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030.

Mais Lucia Ruiz Bustos, coordinatrice de la biodiversité et des finances du WWF au Mexique, a affirmé que les négociations semblent stagner sur la manière dont le monde financera ses objectifs et ses cibles. Guido Broekhoven, responsable de la recherche et du développement au sein du WWF, a précisé qu’il y a beaucoup de discussion sur la façon de trouver 700 milliards US d’ici 2030.

C’est le montant qui serait nécessaire, selon plusieurs pays, pour financer le plan qui permettra d’inverser le déclin de la biodiversité, mais les gouvernements ne pourront pas à eux seuls financer cet effort.

« Le montant réel qui sera nécessaire pour la mise en œuvre du cadre mondial pour la décennie 2020-2030 dépendra de l’ambition » des pays, a souligné Guido Broekhoven.

« Plus l’ambition est élevée, plus il faudra de ressources », a-t-il ajouté.

Les différentes délégations présentes à Montréal comptent sur les contributions philanthropiques, mais aussi sur l’appui du secteur privé afin de trouver les moyens de mettre en œuvre un plan à la hauteur des attentes.

Le responsable de la recherche et du développement au sein du WWF a tenu à souligner la quantité importante d’entreprises privées présentes à la conférence de Montréal et l’importance de leur éventuelle contribution.

« Nous n’avons jamais vu autant d’entreprises participer à une convention sur la diversité biologique » et plusieurs d’entre elles « veulent comprendre comment contribuer à résoudre les problèmes de la biodiversité ».