Québec doit adopter des mesures immédiates de protection du caribou forestier, exigent deux communautés innues de la Côte-Nord à la veille de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15).

Les Premières Nations d’Essipit et de Pessamit participeront à ce grand sommet mondial qui se tiendra à partir du 7 décembre à Montréal pour y « mettre à l’ordre du jour les préjudices irréversibles » que le déclin de la biodiversité engendre pour elles.

« La première chose qu’on demande, c’est une restauration de l’habitat du caribou avec un engagement à long terme du gouvernement du Québec », a expliqué à La Presse Michael Ross, directeur, développement et territoire, du Conseil de la Première Nation des Innus d’Essipit.

Une façon d’y parvenir serait de concrétiser le projet de la communauté de Pessamit de créer une aire protégée dans le secteur du réservoir Pipmuacan, à cheval sur le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord, pour y protéger la harde de caribous du même nom, menacée de disparition.

Lisez l’article « Caribous du Pipmuacan : Les prochains à disparaître ? »

« Une inscription immédiate de notre projet [au Registre des aires protégées du Québec] serait un bon pas en avant », a déclaré à La Presse Jérôme Bacon-Saint-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit.

Il pourrait s’agir d’un appel de la dernière chance de la part des Innus de Pessamit, qui ont expédié en août une mise en demeure à Québec, comme à Ottawa, leur intimant de protéger le caribou.

Lisez l’article « Les Innus de Pessamit mettent en demeure Ottawa et Québec »

« La requête [judiciaire] n’est pas encore déposée, mais la rédaction est en cours », a précisé M. Bacon-Saint-Onge.

Les Innus d’Essipit ont quant à eux lancé en février dernier un recours judiciaire avec la Première Nation innue de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, accusant Québec d’avoir manqué à ses obligations de les consulter pour la protection du caribou forestier et de son habitat.

Les deux nations autochtones espèrent que Québec prêchera par l’exemple à l’occasion de la COP15, qui doit définir un cadre mondial pour la restauration de la nature d’ici 2030.

Lisez l’article « COP15 : Le défi de créer un “moment Montréal” »

« C’est clair que c’est un bel endroit, un bon moment pour faire des annonces », suggère Michael Ross.

Poursuite des coupes

Essipit et Pessamit déplorent que Québec continue d’autoriser des coupes forestières sur leur territoire pendant qu’il prépare sa stratégie pour le rétablissement du caribou, attendue d’ici le mois de juin après avoir été repoussée.

Lisez l’article « Protection du caribou forestier : Québec accepte d’en faire plus »

« La réponse qu’on reçoit du gouvernement du Québec, c’est : ‟vu qu’il n’y a pas encore de stratégie, on va autoriser les coupes », déplore M. Ross. Pour nous, c’est une aberration totale. »

Chaque nouvelle coupe forestière dans un habitat déjà très dégradé rendra sa restauration encore plus difficile, préviennent Essipit et Pessamit.

« On y voit une stratégie de retarder, retarder et retarder le plus possible pour exploiter le territoire le plus possible et ensuite dire que l’habitat est trop dégradé pour être restauré », accuse Michael Ross.

En savoir plus
  • 225
    Nombre estimé de caribous composant la harde du Pipmuacan
    source : ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec