Les réfrigérateurs et autres gros autres électroménagers feront bientôt l’objet d’un programme de récupération systématique au Québec, annoncera lundi matin le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

Une nouvelle catégorie de produits, regroupant les appareils ménagers et de climatisation, sera ainsi ajoutée au Règlement sur la récupération et la valorisation de produits par les entreprises, qui couvre déjà certaines catégories comme les piles et la peinture.

En vertu du principe de responsabilité des producteurs, l’industrie devra s’organiser d’ici décembre 2020 pour assurer la reprise et la valorisation des cuisinières, laveuses, sécheuses, lave-vaisselle et frigos ayant achevé leur vie utile.

Les réfrigérateurs sont particulièrement ciblés par cette mesure visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon Recyc-Québec, les substances contenues dans ces appareils, en particulier les halocarbures inclus dans le circuit de réfrigération et la mousse isolante, peuvent libérer l’équivalent de 3,7 tonnes de CO₂, soit autant qu’une voiture roulant 17 500 kilomètres.

« C’est une très bonne nouvelle pour le Québec et pour nous », se réjouit le directeur général de PureSphera, Mathieu Filion.

Comme le rapportait La Presse en juin dernier, cette entreprise de Bécancour, qui est la seule au Québec spécialisée dans le recyclage d’appareils réfrigérants résidentiels (réfrigérateurs, celliers, climatiseurs, etc.), était fragilisée par l’absence de règlement, qui la condamnait à fonctionner à une fraction de sa capacité.

Le premier projet de règlement sur la récupération des gros électroménagers, qui avait été publié en juillet 2017, avait en effet été tabletté à cause des protestations des détaillants, qui avaient vivement dénoncé l’écofrais de 60 $ par appareil que les libéraux avaient prévu pour ce programme. Les marchands trouvaient impensable d’ajouter une telle somme à la facture des électroménagers. Le gouvernement Legault, qui estime maintenant qu’il en coûtera 70 $ par appareil, a fait disparaître cette source de mécontentement en allouant un budget de huit millions de dollars par an pour une période de 10 à 11 ans, pour un total de quelque 90 millions.

« Les consommateurs ne devraient pas avoir de frais pour les 10 prochaines années », souligne-t-on au bureau du ministre.

« C’est une très bonne nouvelle pour l’instant, mais attention, le diable est dans les détails. Éventuellement, il y aura des frais parce que l’aide est dégressive », a commenté le directeur des relations gouvernementales, Québec, du Conseil canadien du commerce de détail, Jean-François Belleau.

À terme, le système a le potentiel de s’autofinancer, puisque les gros électroménagers contiennent des matériaux qui ont de la valeur, comme le métal, fait-on valoir à Québec.

– Avec Audrey Ruel-Manseau