Le chef libéral Justin Trudeau et l'ex-vice-président Al Gore ont tenu des propos radicalement opposés au sujet du projet de pipeline Keystone XL, qui attend toujours l'approbation du président Obama. Les deux hommes étaient invités jeudi à un colloque que le Center for American Progress, un groupe de réflexion de gauche, organisait à Washington pour son 10e anniversaire.

«En fait, j'appuie le pipeline Keystone parce que c'est un élément d'infrastructure énergétique extrêmement important pour nos deux pays», a dit M. Trudeau, selon ce qu'ont rapporté plusieurs médias. 

De son côté, M. Gore a qualifié le projet de «ridicule». Il a exhorté le président Obama à le rejeter. «Il devrait mettre son veto. C'est une atrocité, une menace pour notre avenir.» Il a comparé la conjoncture énergétique actuelle, où les sources d'énergie extrêmes comme les sables bitumineux sont de plus en plus exploitées, à celle d'un accro aux drogues dures. «Les junkies trouvent des veines dans leurs orteils quand leurs bras et leurs jambes lâchent», a-t-il dit. 

M. Trudeau était à l'horaire le matin et M. Gore l'après-midi, jeudi. Il n'a pas été possible de savoir s'ils avaient entendu leurs commentaires respectifs. 

Les avis varient

Le projet Keystone XL permettrait d'acheminer le pétrole lourd canadien jusqu'aux raffineries sur la côte du golfe du Mexique. La plupart des experts s'entendent pour soutenir qu'il donnerait au pétrole albertain un accès aux marchés internationaux et qu'il serait profitable pour ces raffineries, qui s'approvisionnent actuellement au Mexique et au Venezuela. 

Les avis sur l'impact environnemental du projet varient. Certains affirment qu'il est essentiel pour l'expansion de l'exploitation des sables bitumineux et que ces derniers menacent le climat mondial. D'autres estiment que les sables bitumineux vont continuer à se développer, bien qu'ils ne représenteront jamais qu'une petite partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

Comme le pipeline traverse une frontière, le projet est soumis à l'approbation du département d'État. Mais en définitive, c'est le président Obama qui va trancher. 

Toujours au même colloque, selon ce que rapporte le site web Politico, l'ancienne conseillère principale d'Obama en matière de climat a affirmé qu'elle s'attendait à ce que le président refuse le projet. Plus tôt cette année, le président a affirmé quel'effet net de l'impact du pipeline sur notre climat sera absolument critique pour déterminer si le projet va de l'avant». 

Selon Peter Julian, député du NPD et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, le chef libéral a mis les pieds dans le plat à Washington. «À mon avis, c'est du mauvais jugement, dit-il. C'est un projet très controversé et l'administration Obama a affirmé très clairement que le gouvernement Harper devait prendre des mesures énergiques sur les changements climatiques. Et là, au contraire, on voit M. Trudeau qui semble appuyer M. Harper sur toute la ligne.»