Philippe Couillard exauce Gertrude Bourdon : elle serait ministre de la Santé si les libéraux sont reportés au pouvoir, a-t-il annoncé vendredi, lui qui n'avait jamais garanti publiquement à un candidat un poste au conseil des ministres auparavant. Gaétan Barrette cède sa place et obtient en retour ce qu'il convoite depuis un bon moment déjà. Il deviendrait président du Conseil du trésor, celui qui tient les cordons de la bourse et négocie avec les employés de l'État.

L'ex-PDG du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) confirme avoir été « sollicitée constamment par des élus », mais elle rejette l'étiquette d'opportuniste. « Je vais vous donner une petite image : moi, j'aime magasiner. Quand je magasine, je me rends au magasin. Quand le magasin vient cogner à ma porte, j'appelle ça être sollicitée. Et moi, j'ai été sollicitée », a affirmé en conférence de presse la candidate dans Jean-Lesage, à Québec.

Le Parti québécois l'a courtisée, mais il n'y a pas eu beaucoup de rencontres selon elle. « Ce n'est pas mes valeurs », a-t-elle dit. « Je suis fédéraliste et j'ai voté non aux deux référendums. » Elle nie « absolument » avoir dit en privé que son parti était le PQ comme le prétend Agnès Maltais.

Quant à la Coalition avenir Québec, « j'avais besoin de comprendre. On a eu plein d'échanges privés sur plein de choses. Ils m'ont toujours relancée. Et la question vient sur les valeurs quand on vient tout près de faire le saut. (...) Et la CAQ, ce n'est pas mes valeurs et elle a un mauvais programme, c'est tout. » En bout de course, « il y avait un seul parti qui répondait à mes valeurs et avec qui je voulais aller », le Parti libéral, a-t-elle expliqué.

Questionnée pour savoir si elle avait bel et bien demandé une hausse de 8 % du budget de la Santé, elle a répondu que des discussions privées devaient le demeurer. Elle a ajouté plus tard : « je n'étais pas en négociation, j'étais en échange et en discussion ». Elle nie également avoir dit ce printemps à un proche de François Legault qu'elle ne voulait pas faire le saut au Parti libéral.

« Déchirer » l'entente de rémunération avec les médecins n'était pas une option pour elle. « Je n'aime pas ça la chicane », a-t-elle dit. Elle s'est présentée comme une partisane de la réforme Barrette. « Les quatre dernières années et demie ont eu des effets positifs sur les patients », a-t-elle dit. Elle veut « continuer le travail », « travailler dans la paix et la continuité ».

Après des médecins au cours des 15 dernières années à la tête de la Santé, il est temps de « passer à une autre époque », selon Philippe Couillard, qui a vanté les compétences de Mme Bourdon, infirmière de formation.

Il est « naturel » que Mme Bourdon ait suscité l'intérêt de plusieurs partis selon lui. Il ne faut pas lui reprocher « d'avoir voulu connaître les intentions » des partis en matière de santé. « Quand vient le temps d'une élection, on analyse, on compare et on choisit. Elle a analysé, elle a comparé, elle a choisi le Parti libéral du Québec », a-t-il affirmé.

Gaétan Barrette se dit heureux de « passer le témoin » à Gertrude Bourdon, à qui il a fait une cour assidue dans les derniers mois pour l'inciter à se présenter pour le PLQ. Selon lui, elle a « une grande compétence » et la capacité de « prendre des décisions tranchées à la bonne place ».

« Le Trésor, c'est un lieu d'arbitrage, et je pense que vous m'avez écouté suffisamment longtemps pour avoir constaté que des arbitrages, j'en ai fait », a-t-il affirmé. Le Trésor est aussi « un lieu de négociation, et j'en ai fait des deux côtés de la table. »

Pour Pierre Arcand, actuel titulaire du Trésor, « ce n'est pas une démotion », et il jouerait toujours un rôle important, selon Philippe Couillard. Il a ajouté qu'aucune autre annonce ne sera faite au cours de la campagne au sujet de la composition d'un prochain conseil des ministres libéral.