Professeur de philosophie au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu et coauteur d’un essai sur la place du numérique en éducation, Éric Martin estime que la multiplication des cours à distance est une « très mauvaise nouvelle pour les étudiants et les professeurs », sur le plan de la qualité de l’enseignement, mais aussi pour la santé mentale.

« Durant la pandémie, on en a vu des effets. C’est des gens qui étaient dans l’isolement. Ça a causé des problèmes de santé mentale, de dépression, d’anxiété, des idées suicidaires », dit M. Martin.

Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes à l’Université Laval, souligne néanmoins que de manière générale, « les préférences des étudiants ne sont pas uniformes » quant à l’enseignement en présentiel ou à distance.

De fait, comme avant la pandémie, un certain nombre d’étudiants – notamment ceux qui travaillent à temps plein ou qui ont une famille – ont davantage besoin de gagner du temps et d’éviter les voyagements que d’interactions sociales ou de vie de campus.

Myriam Poulin, qui fait un baccalauréat par cumul de certificats, en a terminé un à l’Université de Québec à Rimouski et étudie maintenant à l’Université de Montréal. Tout cela, en ne bougeant pas de Saint-Georges, en Beauce, et en faisant ses travaux d’équipe en ligne.

« J’avais envie de rester proche de mon monde, je n’avais pas le goût d’aller en ville et puis, un appartement à Saint-Georges, c’est beaucoup moins cher qu’à Québec ou Montréal », fait-elle observer, ajoutant avoir 27 ans et ne plus être en quête d’une vie de campus.

Son enseignement à distance consiste presque toujours en des cours magistraux. Pour son certificat en gérontologie, elle est aussi inscrite à un « cours autoportant ». « Ce sont des lectures à faire par nous-mêmes. Si on a des questions, on peut les poser au chargé de cours », explique l’étudiante.

En bonne et due forme

Catherine Bibeau-Lorrain, présidente de l’Union étudiante du Québec, qui représente 91 000 universitaires, ne rejette pas l’enseignement à distance, à condition qu’il ne se résume pas « à quelques diapos envoyées aux étudiants ».

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Catherine Bibeau-Lorrain, présidente de l’Union étudiante du Québec

Elle rappelle que les étudiants paient de bonnes sommes en droits de scolarité, en plus de louer souvent des appartements à proximité des campus.

« Avant l’inscription, il faut que le format du cours soit clairement divulgué, ce qui n’est pas le cas actuellement. »

Et la TELUQ, dans tout cela ?

L’université TELUQ, qui se consacre à 100 % à l’enseignement à distance, craint-elle de perdre du terrain ? « Même si plusieurs universités ont connu des hausses d’admission en formation à distance depuis la pandémie, notre modèle d’enseignement unique, adapté à la réalité des adultes sur le marché de l’emploi, demeure une référence en la matière », répond Lucie Laflamme, directrice générale de l’Université TELUQ.