La grève générale illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) est désormais terminée. La fédération a annoncé jeudi soir avoir une entente de principe, suscitant soulagement et inquiétude chez des enseignants et des parents.

Les représentants des syndicats affiliés à la FAE s’étaient rassemblés depuis jeudi matin pour se pencher sur la proposition globale de règlement intervenue la veille avec le gouvernement. Ils ont déterminé, en soirée, que la proposition globale de règlement constitue une entente de principe.

C’est ce qui met un terme aux moyens de pression entrepris par la FAE depuis le début des négociations, dont la grève générale illimitée déclenchée le 23 novembre dernier.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Mélanie Hubert

La Fédération a franchi une nouvelle étape aujourd’hui en qualifiant d’entente de principe cette proposition et en mettant fin à une grève qui aura duré 22 jours. Toutefois, l’étape ultime consiste à la présenter aux 66 500 membres de la FAE, qui ont fait preuve d’un courage et d’une détermination exemplaires au cours des dernières semaines. Ce sont aux enseignantes et enseignants de répondre au gouvernement de François Legault et de dire s’ils estiment avoir été entendus.

Mélanie Hubert, présidente de la FAE

Cette entente sera ensuite recommandée aux membres de la FAE, qui seront appelés à l’entériner lors de leurs assemblées générales au retour des vacances des Fêtes. Sur les réseaux sociaux, plusieurs enseignants ont fait part de leur désir de consulter l’entente avant l’assemblée générale en janvier. Ce ne sera pas le cas. La FAE a confirmé à La Presse qu’ils ne l’auront qu’au moment de l’assemblée.

Le Front commun, qui inclut la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), est également parvenu jeudi à une entente avec le gouvernement sur le plan des salaires. Les détails de l’entente ne sont pas encore connus, mais une « clause remorque » est en vigueur, ce qui permet à un syndicat de bénéficier automatiquement des augmentations de salaire plus généreuses qui seraient négociées par un autre syndicat. « Si jamais la [CSQ] va chercher un ou deux éléments supplémentaires, ça va s’appliquer aussi aux enseignantes et aux enseignants de la [FAE] », résume l’ex-chef syndical de la CSN Jacques Létourneau.

La FAE avait repris les négociations avec Québec mardi, après une pause de 24 heures. Le 21 décembre, les membres de la FAE ont voté à l’unanimité la proposition d’entrer en blitz de négociation, à condition de pouvoir discuter des propositions syndicales.

Soulagement et inquiétude

« Je suis soulagée, car cela a été difficile sur tous les plans. Cependant, je dois avouer que mon soulagement est mêlé d’inquiétude, car les modalités de l’entente sont inconnues. J’espère que nous avons obtenu de belles avancées pour les élèves, pour l’école publique et pour nous », a déclaré à La Presse Maude, une maman et enseignante au secondaire au Centre de services scolaire de Montréal, qui fait partie de la FAE.

Marie-Hélène Boileau, mère de trois enfants, est « très heureuse » qu’il y ait une entente et que les jeunes puissent retourner à l’école. « Néanmoins, j’espère que toute cette mobilisation ouvrira la voie à un dialogue continu sur l’importance fondamentale d’une école publique en santé », a-t-elle déclaré.

Valérie Cartier, également mère de trois enfants, se réjouit de la fin de la grève pour sa fille en 4e secondaire. « Mais comme je suis aussi éducatrice en CPE, je comprends très bien leur bataille. J’espère de tout cœur que ses enseignants auront eu une bonne entente, mais je doute que les gouvernements aient vraiment à cœur la base d’une saine société, l’éducation et la santé, au cœur de leurs priorités. »

Pour l’enseignante Marie-Soleil D’Astous-Masse, il est encore trop tôt pour se réjouir. « Les profs mènent une grève historique. On est dans la rue, sans salaire, depuis 25 jours et des poussières. On a été là, au front, on a sacrifié énormément. D’apprendre ce soir que le CFN [Conseil fédératif de négociation] de la FAE, après un seul jour de consultation, met fin à la grève en acceptant cette entente dont on ne sait rien, on ne peut pas se réjouir trop vite. On a peur d’avoir fait ça pour rien. On a tout misé. Et surtout, rien n’est fait. Oui, on a confiance en notre CFN, mais on est prudent. »

Les quelque 368 000 élèves des écoles affiliées à la FAE ont manqué 24 jours d’école, incluant deux jours de grève du Front commun seul, soit plus de 10 % de l’année scolaire. Plus tôt en décembre, des intervenants qui luttent contre le décrochage scolaire se sont dits inquiets des répercussions d’une grève aussi longue pour les élèves les plus vulnérables.