Ça y est. La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a confirmé mercredi soir qu’elle était parvenue à établir une proposition globale de règlement avec le gouvernement.

Cette proposition, qui porte tant sur les salaires que sur les conditions de travail, sera présentée ce jeudi aux neuf syndicats affiliés lors d’un Conseil fédératif de négociation. « Cette instance décidera si la proposition peut être qualifiée d’entente de principe », peut-on lire dans un communiqué.

Si elle est qualifiée d’entente de principe, la proposition mettra fin à la grève générale illimitée déclenchée le 23 novembre, a confirmé la FAE à La Presse. Cette entente sera ensuite recommandée aux membres de la FAE, qui seront appelés à l’entériner lors de leurs assemblées générales au retour des vacances des Fêtes.

« Nous allons laisser le soin à notre instance de déterminer s’il s’agit d’une entente de principe qui répond aux besoins criants des enseignantes et enseignants ainsi que de leurs élèves. Les 66 500 membres de la FAE viennent de passer 22 jours dans la rue, sans salaire, pour se faire entendre. Nous respecterons nos processus démocratiques avant de nous prononcer davantage », a déclaré la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, dans un communiqué.

La FAE, qui regroupe 66 500 enseignants, avait repris les négociations avec Québec mardi, après une pause de 24 heures.

Le 21 décembre, les membres de la FAE ont voté à l’unanimité la proposition d’entrer en blitz de négociation, à condition de pouvoir discuter des propositions syndicales.

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Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l’enseignement

« Les profs n’ont pas fait 22 jours de grève pour se laisser dicter les conditions d’une entente », écrivait le 22 décembre la Fédération sur le réseau social X.

Dans un communiqué, le même jour, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, affirmait que « le gouvernement refus[ait] toujours d’entendre plusieurs des propositions syndicales qui répondraient aux besoins criants des profs et de leurs élèves, jeunes et adultes ». « La partie patronale cherche à restreindre les sujets pour entrer en blitz », ajoutait-elle.

Juste avant Noël, des professeurs affiliés à la FAE ont bloqué le port de Montréal. Vendredi dernier, un rassemblement citoyen en appui aux enseignantes a également eu lieu devant les bureaux du premier ministre François Legault, rue Sherbrooke, à Montréal.

Une dernière entente pour les syndicats du Front commun

Par ailleurs, tous les syndicats liés au Front commun ont désormais une hypothèse de règlement à propos de leurs conditions de travail. Les négociations entre Québec et le Front commun se concentreront désormais sur des questions comme les salaires, car le dernier syndicat qui lui est affilié a conclu dans la nuit de mardi à mercredi une hypothèse de règlement sur ses conditions de travail.

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Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec

Le dernier syndicat de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a conclu une entente à sa table sectorielle avec le gouvernement du Québec au milieu de la nuit de mardi à mercredi.

Les négociations entre le Front commun intersyndical et Québec devaient donc se poursuivre mercredi à la table centrale. Elles se concentrent désormais sur des questions de salaire et de retraite, notamment.

Cette nouvelle hypothèse de règlement conclut le cycle de négociations des huit tables sectorielles de la FTQ, a annoncé la fédération syndicale en ligne mercredi matin.

Cela signifie que tous les syndicats affiliés à la FTQ ont une entente. C’était déjà le cas de ceux de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Ces quatre groupes forment le Front commun qui négocie conjointement avec Québec.

Cette dernière entente d’un syndicat de la FTQ a été conclue à 1 h 03 dans la nuit de mardi à mercredi. Elle portait sur les enjeux sectoriels relativement aux conditions de travail avec le Comité patronal de négociation pour les centres de services scolaires francophones.

Le Syndicat des professionnelles et professionnels de Laval–Rive-Nord (SPPLRN) représente les professionnels de l’éducation appartenant à 33 corps d’emploi (nutritionnistes, orthopédagogues, psychologues, travailleurs sociaux, conseillers d’orientation, etc.). Ils travaillent auprès de 137 000 élèves répartis dans 235 établissements scolaires des centres de services scolaires des Affluents, de Laval et des Mille-Îles.

Une série d’ententes avant Noël

Une série d’ententes aux tables sectorielles des différents syndicats du Front commun avaient été annoncées samedi et dimanche derniers à la suite de négociations intensives. Les pourparlers avaient été suspendus le 25 décembre pour permettre à toutes les parties impliquées de célébrer Noël.

Toutes ces hypothèses de règlement seront présentées aux personnes déléguées de leurs instances sous peu.

Le 23 décembre, le Front commun a tout de même rappelé que sans entente satisfaisante d’ici à la fin de l’année – notamment à la table centrale –, ses 420 000 membres pourraient déclencher une grève générale illimitée en 2024.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a aussi repris ses négociations avec Québec mardi, a confirmé le syndicat à La Presse.

La FIQ représente 80 000 membres, majoritairement des infirmières. Le 19 décembre, un conciliateur s’est joint aux négociations à la demande du syndicat, « face à la lenteur de la table et au manque total d’ouverture à des compromis de la part du gouvernement ».

Lisez l’article « Québec nomme un conciliateur pour la FIQ »

La semaine dernière, les délégués de la FIQ avaient décidé de donner une « chance à la conciliation », après une réunion du conseil fédéral extraordinaire, avait rapporté Le Devoir. Ils se disaient prêts à négocier durant tout le temps des Fêtes.

Les membres de la FIQ ont aussi voté en faveur d’une grève générale illimitée, mais aucune date n’a été déterminée pour son déclenchement.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard et de Sara Champagne, La Presse

L’histoire jusqu’ici

  • 23 septembre : Le Front commun organise une importante manifestation à Montréal pour dénoncer les offres de Québec.
  • 6 novembre : Les 450 000 membres du Front commun lancent une première journée de grève. Trois autres sont annoncées les 21, 22 et 23 novembre.
  • 23 novembre : La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente environ 40 % des professeurs du Québec, déclenche une grève générale illimitée. Les élèves touchés ont manqué 24 jours d’école jusqu’à présent.
  • 22 décembre 2023 : La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) entérine une proposition de règlement sectoriel avec Québec.
  • 23 et 24 décembre : Presque tous les syndicats affiliés au Front commun en arrivent à des hypothèses de règlement avec Québec, à la suite de négociations intensives.
  • 26 décembre : Les négociations reprennent pour le Front commun, la FAE et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
  • 27 décembre : Au milieu de la nuit, le dernier syndicat lié au Front commun en arrive à une hypothèse de règlement avec Québec. Les négociations se poursuivent à la table centrale sur la question des salaires, notamment.