Les négociations ont repris mardi entre Québec et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), après une pause de 24 heures. Pour Sylvain Mallette, ex-président de la FAE de 2008 à 2022, la fédération doit faire preuve de « calme » et de « courage », sans signer une entente « à rabais ».

Le comité de négociations de la FAE « est au travail depuis ce matin », a confirmé à La Presse fédération syndicale. Les porte-parole syndicaux et patronaux devaient se fixer un rendez-vous mardi.

Les négociations ont repris, a-t-on confirmé, mais sans discuter des avancées.

Ce redémarrage suit une pause de 24 heures permettant aux différentes parties de profiter de Noël. Même si de nombreux syndicats ont annoncé avoir conclu certaines ententes de principe avec Québec au sujet de leurs conditions de travail, il reste de nombreux enjeux à la table centrale. Notamment au sujet des salaires et des retraites.

Le 21 décembre, les membres de la FAE ont voté à l’unanimité la proposition d’entrer en blitz de négociation, mais à condition de pouvoir discuter des propositions syndicales.

« Les profs n’ont pas fait 22 jours de grève pour se laisser dicter les conditions d’une entente », a transmis comme message la Fédération, le 22 décembre, sur le réseau social X.

La FAE regroupe neuf syndicats représentant plus de 66 500 enseignants, notamment du préscolaire, du primaire et du secondaire. Ils sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre. On peut les reconnaître facilement à leurs tuques rouges sur les piquets de grève.

Par l’entremise d’un communiqué, le 22 décembre, la présidente de la centrale, Mélanie Hubert, a indiqué que « le gouvernement refuse toujours d’entendre plusieurs des propositions syndicales qui répondraient aux besoins criants des profs et de leurs élèves, jeunes et adultes. La partie patronale cherche à restreindre les sujets pour entrer en blitz. »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation de la FAE au port de Montréal, le 21 décembre

Juste avant Noël, des professeurs affiliés à la FAE ont bloqué le port de Montréal. Vendredi dernier, un rassemblement citoyen en appui aux enseignantes a également eu lieu devant les bureaux du premier ministre François Legault, rue Sherbrooke, à Montréal.

Pour Sylvain Mallette, il faut que, dans ces négociations, la FAE soit « plus rusée que le renard ».

« François Legault ne veut pas que 2024 soit à l’image de 2023. Il veut tourner la page, en disant : j’aurai maté les profs, notamment les femmes. Donc, pourquoi lui donnerait-on ce qu’il veut, considérant que lui ne veut pas nous donner ce dont on a besoin pour faire notre travail correctement ? », questionne le syndicaliste, désormais redevenu enseignant.

La grève générale illimitée, pas le seul moyen de pression

Au moment de la pause dans les négociations, des propositions de règlement sectorielles étaient intervenues avec neuf tables sectorielles de la CSQ, ainsi qu’avec les huit tables sectorielles de la CSN.

Mais encore faudra-t-il que les membres syndiqués votent en faveur des ententes.

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), qui représente 95 000 enseignants dans la province, fait partie des fédérations ayant entériné une telle entente le 22 décembre dernier.

Sylvain Mallette affirme que la FSE n’a pas recommandé pas à ses membres de voter en faveur de cette proposition, ce qui prouve que celle-ci est « décevante ». « Je mets au défi la présidente de la FSE qu’elle recommande aux membres de voter pour le projet de règlement sectoriel », renchérit-il en entrevue.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvain Mallette

​​Cette entente-là a eu pour effet de tirer la FAE vers le bas. ​​Étant donné que la FSE a décidé de négocier au rabais, c’est sûr que la FAE se retrouve à porter un poids plus lourd.

Sylvain Mallette, ex-président de la FAE de 2008 à 2022

Cette entente remet aussi en question l’utilisation de la grève générale illimitée comme moyen de pression, selon lui.

« La grève générale illimitée est une forme de mobilisation extrême, avec de lourdes conséquences », rappelle-t-il. Elle a, à son sens, permis d’atteindre des objectifs dont ses membres peuvent être fiers, notamment de « démasquer François Legault et Bernard Drainville ».

« Mais à partir du moment où une autre organisation signe au rabais, est-ce que cette forme de mobilisation est toujours la bonne ? Il faut se poser la question », analyse l’ex-président.

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) et le Conseil des collèges du Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ, sont aussi parvenus à des hypothèses d’entente de principe à la table de négociation sectorielle. Il s’agit d’ententes concernant surtout la flexibilité des horaires, selon les différents ténors des associations.

Avec La Presse Canadienne

Les ententes déjà négociées

En éducation :

  • FPSES-CSQ (Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur) – 4300 membres
  • FEC-CSQ (Fédération de l’enseignement collégial) – 3000 membres
  • FPPE-CSQ (Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation) – 10 000 membres
  • FPPC-CSQ (Fédération du personnel professionnel des collèges) – 2000 membres
  • FSE-CSQ (Fédération des syndicats de l’enseignement) – 95 000 membres
  • FPSS-CSQ (Fédération du personnel de soutien scolaire) – 40 000 membres
  • FNEEQ-CSN (Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec) – 35 000 membres
  • FEESP-CSN (Fédération des employées et employés de services publics) – 35 000 membres
  • SEPB-FTQ (Syndicat des employées professionnelles et employés professionnels et de bureau) – 15 000 membres
  • UES-800-FTQ (Union des employés et employées de service) – 20 000 membres
  • CPC-SCFP (Conseil des collèges, affilié au SCFP et à la FTQ) – 12 000 membres
  • CPSS-SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique, affilié au SCFP et à la FTQ) – 7500 membres

En santé :

  • APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux) – 65 000 membres
  • FSSS-CSN (Fédération de la santé et des services sociaux) – 120 000 membres dans le secteur public
  • FP-CSN (Fédération des professionnels) – 8000 membres spécialisés en santé et en éducation
  • FSQ-CSQ (Fédération de la santé du Québec) – 5000 membres
  • SQEES-298-FTQ (Syndicat québécois des employées et employés de service, section locale 298) – 25 000 membres
  • CPAS-SCFP (Conseil provincial des affaires sociales, affilié au SCFP et à la FTQ) – 30 000 membres

Dans une version précédente de ce texte, nous indiquions que des propositions étaient intervenues dans les neuf fédérations de la CSQ et les huit de la CSN. Ce sont plutôt aux tables sectorielles de ces syndicats que les hypothèses de règlement sont survenues. Nos excuses.