(Montréal) Le ministre du Travail, Jean Boulet, vient d’annoncer la nomination d’un conciliateur, à la demande de la FIQ, pour tenter de rapprocher la grande organisation syndicale des infirmières et le gouvernement du Québec.

La FIQ affirme en être venue à demander l’intervention d’un conciliateur « face à la lenteur de la table et le manque total d’ouverture à des compromis de la part du gouvernement ».

Elle précise qu’après 75 séances de négociation, des « différends très importants » persistent sur des questions-clés comme la gestion des heures supplémentaires, les ratios infirmière/patients et la compensation pour divers inconvénients du travail.

Le premier ministre François Legault lui-même avait mentionné, la semaine dernière, que les négociations dans la santé étaient difficiles, au point où il n’envisageait pas de règlement possible avant le mois de janvier.

Le front commun avait déjà demandé l’intervention d’un tel conciliateur et, selon lui, cela avait créé un « momentum » dans les discussions avec Québec.

Les quatre instances

Jusqu’ici, le front commun a tenu une journée de grève, puis trois consécutives, puis sept. Il avait déjà prévenu que la dernière séquence de sept jours, du 8 au 14 décembre, serait la dernière avant l’exercice de la grève illimitée.

On ignore cependant si ces organisations syndicales, qui représentent ensemble 420 000 travailleurs dans les réseaux de l’éducation et de la santé, décideront dès maintenant de la date du déclenchement de cette grève illimitée. Elles pourraient bien reporter leur décision à janvier, puisque les négociations se poursuivent avec le Conseil du trésor, de manière assez intensive, selon les deux parties.

Les quatre du front commun ont fait savoir que tout dépendra du degré d’avancement des négociations pour le renouvellement des conventions collectives, et ce, non seulement au palier intersectoriel – salaires, régime de retraite, disparités régionales – mais aussi au palier sectoriel – aménagement du temps de travail, fardeau de tâches, composition des classes, par exemple.

D’ailleurs, les quatre instances qui se sont réunies toute la journée, mardi, discutaient des progrès – ou du peu de progrès – dans les négociations sectorielles et intersectorielles.

On a beaucoup parlé des questions sectorielles en éducation : aides à la classe, composition de la classe, soutien aux élèves en difficulté, mais moins des questions sectorielles en santé.

Or, les demandes gouvernementales de « flexibilité » des travailleurs dans la santé irritent la FIQ, par exemple, qui craint que Québec veuille ainsi déplacer les infirmières d’unité de soins, d’établissement de santé, voire de quart de travail, selon les besoins des employeurs. Bien que Québec ait dit publiquement que ce serait un choix de l’infirmière, la FIQ craint que si Québec ne trouve pas suffisamment de « volontaires » pour combler ces besoins, il imposera ses volontés.

D’autres professionnels de la santé — physiothérapeutes, nutritionnistes, par exemple – revendiquent également le remboursement des cotisations à leur ordre professionnel.

Les quatre organisations du front commun doivent faire connaître publiquement leurs intentions mercredi matin, lors d’une conférence de presse.

Par ailleurs, le Syndicat de professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), un syndicat indépendant des centrales et du front commun, a révélé mardi avoir déposé une contre-proposition salariale au Conseil du trésor.

La dernière offre de Québec, destinée à l’ensemble des employés de l’État, maintenant de 12,7 % sur cinq ans, lui paraît insuffisante pour satisfaire les « attentes de rattrapage salarial et de protection du pouvoir d’achat » qu’ont ses membres, a-t-il indiqué.