Depuis le début de la grève, certains élèves ont été privés de trois semaines d’école, d’autres, de quelques jours seulement, et d’autres… de rien du tout. À l’approche d’examens ministériels, des parents s’inquiètent que tous ne soient pas égaux à la ligne de départ.

Le Regroupement des comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ) cherche depuis quelques semaines à savoir ce qu’il adviendra des examens du ministère de l’Éducation prévus en janvier prochain.

Au primaire, par exemple, des examens de français et de mathématiques sont au programme pour les élèves de 6année. Quant aux élèves de 4e et 5e secondaire, ils ont au calendrier des épreuves de français et de mathématiques, mais aussi d’histoire, de sciences et d’anglais.

Or, en ce moment, « on a vraiment trois vitesses » dans le système d’éducation, dit Sylvain Martel, porte-parole du RCPAQ.

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Le porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ), Sylvain Martel

Jusqu’ici, les élèves dont les enseignants sont affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont manqué 14 jours d’école, ceux dont les profs sont membres du Front commun en ont manqué 4. Les élèves des écoles privées n’en ont manqué aucune (à l’exception d’une école de Montréal, où les profs ont tenu quelques jours de grève).

Dans ces circonstances, « va-t-on vraiment donner un examen à tous les élèves du Québec en même temps sur la même matière ? », demande Sylvain Martel.

« On regarde nos options » : c’est la réponse donnée par le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à cette question.

Un clivage « flagrant »

La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) s’inquiète aussi de cette iniquité entre les élèves. La différence entre ceux du réseau privé et ceux du réseau public, c’est le clivage « le plus flagrant » entre les élèves en ce moment, dit sa présidente.

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La présidente de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Mélanie Laviolette

Ce sont des examens qui comptent plus que des examens maison et ils permettent de mettre à niveau l’ensemble de la population étudiante à travers le Québec. Ça a une valeur pour la statistique, on voit ce que les enfants ont comme acquis dans leurs apprentissages.

Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec

Pour certains élèves, « c’est la poursuite de la scolarité qui est mise à mal, parce que ça peut fermer la porte sur certains programmes d’études », ajoute Mme Laviolette.

« Pour le cégep, souvent, les notes de secondaire 4 comptent. C’est important et je pense que chez certains, ça pourrait jouer sur la persévérance, si le programme dans lequel ils voulaient étudier n’est pas accessible », dit la présidente de la FCPQ.

Les élèves du privé réussissent systématiquement mieux que ceux du public aux examens du ministère de l’Éducation. En juin 2023, par exemple, l’examen de français écrit de 5secondaire a été réussi par près de 87 % des élèves du réseau privé, comparativement à 71 % de taux de réussite chez les élèves du public.

Certaines de ces épreuves obligatoires comptent pour 50 % de la note finale.

Le protecteur national de l’élève « limité » dans ce contexte

Le protecteur national de l’élève, Jean-François Bernier, a-t-il eu des plaintes de parents qui jugent que la situation actuelle est inéquitable pour leur enfant ?

Son porte-parole, Pier-Olivier Fortin, indique que « le protecteur national de l’élève se trouve limité devant les actions envisageables dans ce contexte ».

« En effet, le protecteur national et les protecteurs régionaux de l’élève n’ont pas pour mandat d’intervenir en matière de relations de travail », poursuit-il. Le protecteur ne dévoile pas la nature des plaintes qu’il reçoit.

Toutes les écoles publiques de la province sont fermées, ce lundi. Le Front commun est en grève depuis vendredi et jusqu’au 14 décembre inclusivement. Quant aux enseignants de la FAE, leur grève générale illimitée entamée le 23 novembre se poursuit.