Même si le gouvernement dit qu’il réfléchit encore à la question, il est peu probable qu’il choisisse d’abolir la semaine de relâche ou de prolonger l’année scolaire pour reprendre les jours d’école perdus, jugent des directions d’école et des parents d’élèves.

« L’option la plus probable, c’est que le calendrier scolaire ne soit pas modifié. On a déjà eu des grèves et le calendrier scolaire ne l’avait pas été », dit d’emblée Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

« Il y aurait trop de complications à le faire », observe-t-elle en outre.

Les jours d’école manqués depuis le début du conflit se comptent maintenant en semaines : voilà plus de deux semaines que les jeunes dont les enseignants sont affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement ont quitté l’école, le 20 novembre. C’est à cette date que les écoles ont été fermées « pour une durée indéterminée » pour environ 40 % des élèves de la province.

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, on a indiqué mercredi qu’on est « toujours en train de regarder toutes les options » quant à ce qu’il adviendra des nombreux jours d’école manqués. Le calendrier scolaire prévoit 180 jours d’école et 20 journées pédagogiques.

Bien que le ministre ait évoqué la possibilité de prolonger l’année scolaire au-delà de la fête nationale, ce que la loi lui permet de faire jusqu’au 30 juin, ce serait « peu probable », juge-t-on à l’Association québécoise du personnel de direction d’école (AQPDE).

« C’est une question aussi de calendrier national : les dates d’examens ministériels sont déjà déterminées. Est-ce que ça prendra un décret pour déplacer ça ? On ne peut pas faire les examens au début de juin et dire aux élèves qu’on termine la première semaine de juillet. Techniquement, c’est compliqué », dit son président, Carl Ouellet.

Les écoles vétustes ne se prêtent pas très bien à une prolongation de l’année scolaire l’été, rappelle aussi la présidente de l’AMDES.

« À partir du mois de mai, il fait tellement chaud dans nos écoles non climatisées qu’on ne voit pas comment une semaine de plus à la fin de l’année serait utile », explique Kathleen Legault.

Et la relâche ?

Annuler la relâche du mois de mars, alors ? Bien des parents ont déjà prévu des vacances à ces dates, rappelle Mme Legault. « À quoi ça nous sert d’avoir des demi-classes à l’école ? », demande-t-elle.

Porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec, Sylvain Martel rappelle qu’en janvier 2021, en pleine pandémie de COVID-19, il a été question d’annuler cette semaine de vacances.

« Ça ne s’est jamais fait, dit-il. La semaine de relâche est conventionnée, à certains endroits. Va-t-on vraiment conclure une entente au niveau national et aller jouer dans les ententes locales une semaine après ? », demande M. Martel. « Bon courage ! », ajoute-t-il en riant.

Qui plus est, dit M. Martel, « des parents choisissent leurs vacances un an d’avance » et les retombées économiques de cette semaine sont importantes.

Carl Ouellet, lui, n’est pas si certain que la relâche du mois de mars sera épargnée, même si, « techniquement », ce serait complexe.

« Il va falloir trouver des solutions de rattrapage parce que ça touche davantage nos jeunes en difficulté, et il va falloir regarder où ils sont rendus et comment on peut pallier le manque de temps d’enseignement », dit-il.

Mais « le plus simple », dit-il, c’est de supprimer des journées dites de force majeure (des tempêtes de neige, principalement) ou des journées pédagogiques.

Pour l’instant, il voudrait simplement pouvoir en parler avec le ministère de l’Éducation.

« On attend des directives [de Québec] idéalement avant les Fêtes et même cette semaine, si ça se règle dans les prochains jours. Mais on n’est pas consultés, malheureusement pour nous », dit Carl Ouellet.

Des leçons de la pandémie… et du verglas !

Les écoles ont été fermées pendant de longues périodes en raison de la pandémie de COVID-19, et ces journées n’ont jamais été reprises. Le ministère de l’Éducation a plutôt allégé les programmes et transmis aux enseignants une liste d’« apprentissages prioritaires » à suivre, un régime qui a pris fin pour la présente année scolaire.

Pendant la crise du verglas de 1998, des écoles ont été fermées plusieurs semaines et ces journées n’ont jamais été reprises, se souvient la présidente de l’AMDES, Kathleen Legault. Un document du ministère de l’Éducation relate les questionnements de l’époque et précise que c’est exactement 23 jours d’école qui ont été manqués. On y lit que « les autorités scolaires locales, de concert avec les syndicats d’enseignants et les partenaires sociaux, ont cherché les moyens de compenser le temps perdu sans pour autant empiéter sur les vacances de printemps ; en effet, de nombreuses familles avaient déjà planifié leurs vacances et, de l’avis de tous, cette pause était bénéfique pour les élèves » ; « […] ajouter une heure de classe au moment du déjeuner ou en fin de journée, supprimer les sorties ou les manifestations, et alléger le programme dans certaines disciplines » sont d’autres avenues qui avaient été évoqués.