(Québec) De nouveaux variants en circulation, un vaccin revu et amélioré, et une population vulnérable particulièrement ciblée : la campagne automnale de vaccination contre la COVID-19 battra son plein en octobre au Québec, a annoncé mercredi la Santé publique.

La date exacte du lancement de la campagne dépend du moment où Santé Canada approuvera de nouvelles versions des vaccins mieux adaptées aux variants, et du moment où les sociétés pharmaceutiques pourront livrer les doses commandées. « On a bon espoir que début octobre, on devrait avoir tout en main pour que le Québec, comme les autres provinces, puisse procéder à la vaccination contre la COVID, et aussi contre l’influenza en même temps », explique en entrevue le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau.

En juillet, Santé Canada a reçu des demandes d’autorisation de Pfizer-BioNTech et de Moderna pour leurs formules de nouveaux vaccins modifiés contre la COVID-19. Aux États-Unis, l’approbation de ces mêmes vaccins est attendue d’ici la fin d’août, avant de pouvoir en commencer la distribution à la fin de septembre.

Ces nouveaux vaccins remplaceront les vaccins dits « bivalents », offerts au Québec depuis l’automne 2022, qui s’attaquent à la fois à la souche Omicron et à la souche originale du virus.

Les nouvelles versions visent une cible précise, le sous-variant d’Omicron XBB.1.5 (aussi appelé « variant Kraken »), qui a fait son apparition au début de 2023.

Les principaux variants qui circulent depuis l’émergence de Kraken sont des descendants de cette lignée, y compris le variant Eris (EG.5), de plus en plus présent au Québec en cette fin d’été. Moderna a d’ailleurs annoncé, le 17 août, que son nouveau vaccin pouvait protéger efficacement contre les deux sous-variants actuellement dominants aux États-Unis, EG.5 et FL.1.5.1 (Fornax).

La montée d’Eris tenue à l’œil

Dans la province, selon les plus récentes données de l’Institut national de santé publique du Québec, les infections au sous-variant Eris pour la semaine du 31 juillet comptaient pour près du tiers des cas. Un mois plus tôt, à la fin de juin, seuls 5 % des infections au virus de la COVID-19 étaient causées par ce sous-variant.

La campagne d’octobre risque-t-elle d’arriver un peu tard dans la course contre Eris ? Pour la majorité de la population, une protection supplémentaire contre XBB.1.5 n’est pas un enjeu crucial, dit le DBoileau.

La grande, grande majorité de la population du Québec a déjà été vaccinée, et bénéficie même d’une immunité hybride puisque les gens ont eu la COVID au moins une fois. On a donc une population assez bien protégée.

Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique

« Là où nous sommes plus préoccupés, c’est pour les personnes plus âgées, celles qui ont des maladies chroniques ou qui sont immunosupprimées », dit le médecin.

La protection offerte par les vaccins déjà disponibles s’atténue après six mois. Devant la remontée des cas et un nouveau vaccin qui ne sera offert qu’en octobre, les personnes vulnérables devraient-elles retourner dès maintenant se faire vacciner avec le « vieux » vaccin bivalent ? Non, dit le DBoileau. « Nous en avons parlé avec nos experts du Comité sur l’immunisation du Québec. Nous estimons qu’il est préférable de recommander aux Québécois d’attendre le nouveau vaccin plutôt que d’utiliser celui qui est actuellement disponible. »

D’ici là, les experts recommandent aux personnes vulnérables, particulièrement celles qui n’ont jamais attrapé la COVID-19, d’être plus prudentes face à la remontée récente des cas.

Le port du masque est « tout à fait correct » pour les personnes à risque, mais il est tout aussi important pour les personnes qui sont infectées par le virus afin de briser la chaîne de transmission, rappelle le DBoileau.

Par ailleurs, il n’y a pas d’indications selon lesquelles le sous-variant Eris engendrerait des symptômes plus graves que les autres variants en circulation, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au début du mois d’août.

Les autorités surveillent également l’émergence dans certains pays d’un autre sous-variant, BA.2.86, dont la présence n’a pas encore été signalée au Canada. Le 18 août, l’OMS a annoncé avoir placé le nouveau variant dans la catégorie des variants sous surveillance en raison du très grand nombre (supérieur à 30) de mutations du gène Spike [de spicule] qu’il porte.

Priorité aux personnes vulnérables

La campagne de vaccination d’octobre s’adressera particulièrement aux personnes considérées comme « vulnérables » ou « à risque » de développer des complications à la suite d’une infection au virus de la COVID-19.

Mais même si le vaccin sera offert « en priorité aux personnes vulnérables », Québec assure qu’il sera disponible pour toutes les personnes qui souhaitent le recevoir, que ce soit dans un centre de vaccination ou en pharmacie.

« On le recommande pour les groupes à risque, on va l’offrir à toute la population pour les gens qui préfèrent être mieux protégés, dit le DBoileau. Mais, non, on ne courra pas après tout le monde pour dire que c’est très, très important de le recevoir. »

Si les pharmacies ont cessé de distribuer gratuitement des boîtes de tests rapides de dépistage à la population en général, des autotests demeurent accessibles dans les établissements scolaires et les services de garde éducatifs à l’enfance. Des boîtes sont toujours distribuées gratuitement dans les centres de vaccination et les cliniques de dépistage.

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Personnes considérées comme vulnérables ou à risque par la Santé publique du Québec

  • Personnes résidant en centre d’hébergement et de soins de longue durée ou en résidence privée pour aînés ou vivant dans d’autres milieux collectifs comportant une proportion élevée de personnes aînées et vulnérables ;
  • Personnes âgées de 60 ans et plus ;
  • Personnes immunodéprimées, dialysées ou vivant avec une maladie chronique ;
  • Femmes enceintes ;
  • Travailleuses et travailleurs de la santé ;
  • Adultes vivant en région éloignée ou isolée