La vague estivale de COVID-19 se fait sentir dans les hôpitaux du Québec, où on compte près de 560 patients ayant contracté le virus, une hausse de 30 % sur une semaine. Le gouvernement Legault ne s’inquiète pas outre mesure, mais suivra de près la situation, surtout la propagation du variant Eris.

Selon les données de l’Institut national de santé publique (INSPQ) qui ont été actualisées mercredi – elles ne le sont maintenant qu’une fois par semaine –, 558 patients sont actuellement hospitalisés avec la COVID-19. C’est nettement plus que le bilan de 364 patients à la fin de juillet.

Ces chiffres montrent que les infections seraient responsables de la moitié des hospitalisations depuis une semaine. Autrement dit, près de 50 % des patients ont été hospitalisés pour la COVID-19. L’autre moitié a été admise pour une autre raison, avant de recevoir un test positif à la COVID-19.

La bonne nouvelle, c’est qu’encore très peu de ces patients se retrouvent aux soins intensifs. On dénombre seulement sept patients COVID aux soins intensifs dans l’ensemble de la province. Le nombre de décès attribués à la COVID-19 demeure également faible. Environ deux personnes par jour succombent à leur infection.

Les données de l’INSPQ continuent à montrer une hausse de la propagation de la COVID-19. Depuis une semaine, 1307 cas ont été dépistés par tests PCR, une hausse de 44 % sur une semaine. Les sondages menés par l’INSPQ confirment la hausse. Environ 13 500 Québécois attraperaient chaque jour la COVID-19, en hausse depuis le début de l’été.

Cette augmentation des cas se fait surtout sentir hors du Grand Montréal pour le moment. Le taux de positivité est particulièrement élevé au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où près d’un test sur quatre effectué en ce moment se révèle positif.

Recommandations à venir

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a confirmé mercredi qu’une campagne de vaccination contre la COVID-19 aura lieu à l’automne, comme l’avait précédemment rapporté La Presse. L’exercice devrait, comme à l’habitude, s’adresser principalement aux personnes vulnérables et immunodéprimées. Il sera néanmoins possible pour toute personne qui souhaite recevoir le vaccin de l’obtenir.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé

Jamais on ne va empêcher quelqu’un d’aller se faire vacciner.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, à son arrivée au Conseil des ministres

M. Dubé attend d’ici la fin du mois les recommandations du Comité sur l’immunisation du Québec et du directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, pour déterminer la marche à suivre pour l’automne. « On va avoir des recommandations très claires », a-t-il indiqué.

Eris, « principal coupable »

Pour le virologue Benoit Barbeau, professeur du département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, l’émergence du variant Eris est « probablement le principal coupable » de la situation actuelle. « Il est bel et bien arrivé au Québec et il continue à se transmettre un peu partout. Cela dit, ce n’est pas un variant qui est plus dangereux, de ce qu’on en connaît, mais c’est certain que ça propulse les infections et, donc, les hospitalisations », rappelle-t-il.

« On sait aussi qu’il y a toute une partie de la population qui retourne au travail en ce moment, avec la fin des vacances de la construction. C’est aussi un facteur qui peut jouer dans ce qu’on voit », ajoute M. Barbeau.

Pour l’heure, le ministre Dubé soutient suivre de « très proche » l’évolution du sous-variant Eris. « On parle un peu d’augmentation dans les hospitalisations, mais pas au niveau des soins intensifs, donc, ça, c’est rassurant », a-t-il indiqué.

Le DBoileau devrait aussi revenir sur la question de la distribution des tests rapides, a précisé M. Dubé. Ces tests sont toujours offerts gratuitement dans les centres de vaccination et dans les écoles, mais ne sont plus accessibles sans frais dans les pharmacies.

Tant que les tests [rapides] ne seront pas vraiment accessibles facilement à toute la population, on va naviguer encore une fois dans un certain brouillard.

Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal

L’expert espère que la campagne vaccinale de l’automne arrivera « plutôt tôt que tard », mais surtout que le produit offert sera adapté au nouveau variant Eris. Il invite enfin Québec à accompagner cette nouvelle campagne « d’une forte incitation gouvernementale, surtout auprès des personnes plus vulnérables et âgées », qui risquent davantage d’être hospitalisées.

Néanmoins, à l’heure actuelle, la plupart des Canadiens ont acquis des anticorps contre la COVID-19 grâce à l’infection et à la vaccination, selon une étude parue lundi dans la revue scientifique Canadian Medical Association Journal. La majorité ont été infectées par le virus pour la première fois pendant l’ère Omicron, après avoir été vaccinées.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse