(Paris) Il est très difficile d’établir un lien entre les vaccins anti-COVID-19 et la survenue de troubles menstruels majeurs, conclut jeudi l’une des plus vastes études en date sur un sujet faisant l’objet de nombreuses interrogations depuis le début des campagnes de vaccination.

Il n’y a pas de « base solide à un lien de cause à effet entre la vaccination contre le SARS CoV-2 et le fait de consulter pour un trouble ou des saignements menstruels », concluent les auteurs de cette étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ).

Ce travail s’est basé sur les données de santé de quelque trois millions de Suédoises, soit 40 % de la population féminine du pays, ce qui en fait une étude d’une ampleur rare sur un sujet qui manque encore de réponses tranchées.

Depuis le début des campagnes de vaccination anti-COVID-19, voici près de deux ans et demi, de nombreuses femmes ont fait état de perturbations dans leurs cycles menstruels.

Sur la base de ces déclarations, l’Agence européenne du médicament (EMA) a notamment fini par inclure la présence de saignements menstruels importants comme effet secondaire possible des vaccins à ARN messager, ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna.

Néanmoins, il s’agit de troubles déclarés individuellement par les patientes. Or, les troubles menstruels peuvent provenir d’une multitude de facteurs et le déroulement des règles est très variable d’une femme à l’autre.

L’étude du BMJ est donc l’une des premières études de grande ampleur qui essaient de préciser la probabilité d’un lien de cause à effet entre vaccination et troubles menstruels.

Elle ne va pas dans ce sens. Chez les femmes en âge d’avoir leurs règles, aucun lien clair n’apparaît entre le fait d’avoir été vaccinée – par Pfizer/BioNTech, Moderna ou AstraZeneca – et celui d’avoir ensuite consulté un professionnel de santé pour un trouble du cycle menstruel.

Ces résultats se basent toutefois sur le fait d’avoir sollicité une telle consultation. Ils ne peuvent donc rendre compte de troubles menstruels qui n’auraient pas donné lieu à un contact avec un soignant.

« Ce que nous montrons, c’est que s’il y a des troubles, ils ne semblent pas assez graves pour que les femmes consultent un médecin », a commenté auprès de l’AFP Rickard Ljung, l’un des principaux auteurs de l’étude.

Par ailleurs, chez les femmes ménopausées, l’étude établit une légère association entre la vaccination et le fait d’avoir consulté pour des saignements.

Toutefois, cette association est « faible et non uniforme » et, dans le détail, ne cadre pas forcément avec l’hypothèse d’un lien de cause à effet, jugent les chercheurs.