Fièvre, maux de tête, douleur au bras : des milliers de Québécois ont dû composer avec divers problèmes de santé quelques jours après leur vaccination contre la COVID-19, révèle un nouveau rapport de l’Institut national de santé publique (INSPQ). Les vaccins demeurent sûrs et leurs avantages « excèdent largement » les risques, réitère toutefois l’étude.

Le gouvernement du Québec a enregistré 12 494 déclarations de manifestations cliniques inhabituelles suivant la vaccination contre la COVID-19 entre le 14 décembre 2020 et le 31 mai 2022. Pendant la même période, 18 millions de doses ont été administrées.

À noter : la majorité de ces effets étaient d’intensité légère à modérée, notamment des malaises, de la fièvre, des problèmes gastro-intestinaux et des problèmes respiratoires. Les cas graves, comme des problèmes neurologiques ou des thromboses, représentent seulement 8 % des déclarations soumises.

« Avoir plusieurs milliers de déclarations, ce n’est pas une surprise. On s’attendait à en avoir beaucoup, d’autant qu’on a vacciné à peu près toute la population », estime le DGaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’INSPQ et auteur de l’étude.

Compte tenu des grandes conséquences dues à la COVID-19, reste que le vaccin a un rapport risque-bénéfice très favorable.

Le DGaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’INSPQ

Système de surveillance

L’apparition de problèmes de santé après l’administration d’une dose de vaccin ne signifie pas nécessairement qu’ils sont causés par le vaccin. Une grande proportion de ces manifestations inhabituelles « est vraisemblablement attribuable à d’autres causes », soutient le DDe Serres.

Il faut comprendre que lorsqu’un vaccin est autorisé au Canada, une surveillance de la sécurité se fait de façon continue. « Si un professionnel voit quelqu’un qui présente un problème de santé après un vaccin, il doit le rapporter au système de surveillance », explique encore l’expert.

Ainsi, le professionnel de la santé « n’a pas besoin d’être sûr que c’est un effet secondaire », rappelle également le DDe Serres. Cette banque de déclaration permet toutefois aux spécialistes de suivre la situation de près. « Si à un certain moment on voit plusieurs fois le même problème, on va investiguer pour voir si c’est causé par le vaccin », dit-il.

Des rechutes fréquentes

La vie de Benoit Racine, un intervenant en réadaptation des dépendances, a été chamboulée le 7 juillet 2021, après qu’il a reçu sa deuxième dose de vaccin contre la COVID-19 de Pfizer.

« Dès la première journée, des symptômes sont apparus. J’ai rapidement commencé à faire des fièvres successives de plusieurs heures qui pouvaient atteindre plus de 39 °C et des sueurs nocturnes plusieurs fois par nuit », se remémore-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR BENOIT RACINE

Benoit Racine

L’homme âgé de 48 ans a été hospitalisé cinq jours pour passer des tests et tenter de faire cesser la fièvre. « Ensuite, microbiologistes, médecine interne, immunologue, hémato-oncologue se sont succédé pour essayer de découvrir la cause de mon état », dit-il.

Les professionnels de la santé ont conclu que son corps produisait des tempêtes inflammatoires à l’origine de sa fièvre. Toutefois, malgré des mois de recherches, rien ne peut expliquer la cause de ce dérèglement. Puisque ses symptômes ont un lien temporel avec le vaccin et qu’ils ne peuvent pas être attribués à d’autres causes, « la microbiologiste a fait une déclaration à la Santé publique pour les réactions graves à un vaccin », dit-il.

Encore aujourd’hui, l’homme éprouve ces symptômes périodiquement. Le seul traitement qui soulage ses symptômes est le Naproxen, un médicament anti-inflammatoire, à grandes doses. « J’ai développé une tolérance et j’ai des rechutes fréquentes malgré la prise de ce médicament. J’ai également de graves maux d’estomac », déplore-t-il.

Des effets secondaires attendus

Globalement, les manifestations cliniques indésirables diminuent au fil des doses. Les femmes en rapportent également plus que les hommes. Par ailleurs, il y a moins de déclarations avec les vaccins à ARN messager, soit ceux de Pfizer et de Moderna, qu’avec ceux à vecteur viral (AstraZeneca).

Dans l’ensemble, il y a eu plus de déclarations rapportées avec les vaccins contre la COVID-19 qu’avec les autres vaccins du programme d’immunisation québécois ou ceux contre la grippe pandémique A (H1N1).

« Les vaccins, ce n’est pas de l’eau. Ce sont des produits pharmaceutiques qui peuvent avoir des effets secondaires, dit le DDe Serres. Certains vont peut-être utiliser [ces résultats] pour dire qu’il ne faut pas du tout utiliser les vaccins, mais ne pas les utiliser implique de rester à la merci d’une maladie qui a fait des dommages très importants. »